
Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie).
Pendant un quart de siècle, l’Allemagne a incarné la stabilité économique et politique de l’Europe. Aujourd’hui, à la veille des élections du 23 février, le tableau est bien moins rassurant. Le pays apparaît alourdi par des déséquilibres internes, une économie en ralentissement et un système politique de plus en plus fragmenté. Un scénario déjà vu au début des années 2000, lorsque l’Allemagne était qualifiée de “malade de l’Europe”.
Est et Ouest, un fossé persistant
Trente-cinq ans après la réunification, l’écart économique entre l’ancienne Allemagne de l’Ouest et l’ex-RDA reste profond. Malgré 2 000 milliards d’euros de transferts de l’État, le PIB par habitant des citoyens de l’Est demeure inférieur de 30 % à celui de l’Ouest. Ce déséquilibre a alimenté des tensions sociales et politiques, favorisant la montée d’Alternative für Deutschland (AfD), qui aux européennes de 2024 a recueilli 30 % des voix dans les Länder orientaux, contre 13 % à l’Ouest.
Une politique en miettes
Le paysage politique allemand est de plus en plus fragmenté. Si la CDU/CSU est destinée à rester le premier parti, l’AfD vise à devenir la deuxième force politique, tandis que le SPD se dirige vers son pire résultat depuis la Seconde Guerre mondiale. Le système des coalitions stables vacille : l’actuel gouvernement, né de l’alliance entre sociaux-démocrates, écologistes et libéraux, peine à se maintenir, avec une popularité en chute libre.
Une industrie en crise, Berlin perd du terrain
La production industrielle allemande a chuté de 12 % depuis 2019 et peine à se redresser. Les causes ? Le ralentissement de la demande chinoise et les tensions avec la Russie. Pendant des années, l’Allemagne a prospéré grâce à ses exportations vers la Chine, mais aujourd’hui, Pékin produit de plus en plus en autonomie. Le modèle allemand, basé sur une industrie manufacturière forte et compétitive, risque d’être dépassé.
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Énergie : L’erreur du nucléaire et le poids du gaz
La crise énergétique a aggravé les difficultés économiques. L’invasion de l’Ukraine a fait exploser le coût de l’énergie, privant l’Allemagne du gaz russe à bas prix sur lequel elle avait construit sa puissance industrielle. De plus, Berlin a décidé d’arrêter ses centrales nucléaires en pleine crise, augmentant ainsi sa dépendance à des sources plus coûteuses et incertaines. Résultat ? Des prix de l’énergie plus que doublés et un secteur industriel sous pression.
Défense et budget : Le dilemme allemand
L’Allemagne a augmenté ses dépenses de défense de 30 milliards d’euros par rapport à 2019, mais pour respecter les exigences de l’OTAN, elle devrait investir au moins 40 milliards de plus, portant son budget militaire à 3 % du PIB. Une décision difficile pour un pays historiquement réticent aux dépenses militaires et déjà confronté à un budget sous tension.
Le poids de la dette et l’obsession de la rigueur
Ces dernières années, Berlin a renoncé à 150 milliards d’euros de déficit qui auraient pu stimuler l’économie. La règle du Schwarze Null (“zéro rouge”), introduite en 2009, impose une rigueur budgétaire qui semble aujourd’hui freiner la croissance. Même la CDU, favorite pour le prochain gouvernement, envisage de revoir le modèle économique allemand, mais sans rompre totalement avec le passé.
Un avenir incertain
L’économie ralentit, l’énergie coûte cher, la politique se fragmente et l’Allemagne peine de plus en plus à faire face à la concurrence mondiale. Le résultat du vote de dimanche ne résoudra pas tous ces problèmes, mais il pourrait indiquer la direction d’un changement devenu nécessaire. Berlin a devant elle un défi crucial : se réinventer sans perdre son rôle de pilier de l’Europe.
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Giuseppe Gagliano a fondé en 2011 le réseau international Cestudec (Centre d’études stratégiques Carlo de Cristoforis), basé à Côme (Italie), dans le but d’étudier, dans une perspective réaliste, les dynamiques conflictuelles des relations internationales. Ce réseau met l’accent sur la dimension de l’intelligence et de la géopolitique, en s’inspirant des réflexions de Christian Harbulot, fondateur et directeur de l’École de Guerre Économique (EGE)
Il collabore avec le Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) (Lien),https://cf2r.org/le-cf2r/gouvernance-du-cf2r/
avec l’Université de Calabre dans le cadre du Master en Intelligence, et avec l’Iassp de Milan (Lien).https://www.iassp.org/team_master/giuseppe-gagliano/
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