TRIBUNE – « Nous nous devons d’agir pour faire libérerBoualem Sansal et prouver au monde que nous avons encore une influence diplomatique »

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Boualem Sansal otage en Algérie
RéalisationLe Lab Le Diplo

Par Valérie Boyer

Depuis plus de 100 jours maintenant, Boualem Sansal, notre compatriote de 75 ans, écrivain franco-algérien gravement malade, est retenu en otage en Algérie. Otage d’un régime qui bafoue la liberté d’expression, « le bien le plus précieux de l’homme » aux termes de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

Les motifs de son arrestation à l’aéroport d’Alger ne relèvent d’aucun droit, si ce n’est de la force brutale d’un régime autoritaire qui ne dit pas son nom. Mais cette sinistre affaire doit nous conduire à nous interroger sur les causes de cette séquestration qui s’apparente davantage à une forme de prise d’otage, qu’à une arrestation légale.

Une fois encore, la liberté de la plume doit affronter la barbarie d’une dictature, comme en leur temps Václav Havel ou encore Soljenitsyne. En effet, l’Algérie qui cherche à construire et à défendre son propre « roman national » l’accuserait d’avoir « blessé le sentiment national algérien ». Je rappelle qu’un roman national ne peut reposer sur une forme de totalitarisme qui emprisonnerait les
esprits libres pour tenter d’imposer une réécriture de l’Histoire avec des mensonges d’État. Par cet acte, il semblerait qu’Alger cherche de nouveau à nuire à notre pays.

Est-ce à cause de la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par le président Macron et sa visite d’État menée au Maroc ? Car face à l’expression de cette haine, que représente Boualem Sansal, si ce n’est le bouc émissaire des tensions entre nos deux pays ?

Aujourd’hui l’Algérie s’accommode de son histoire, sans cacher son mépris envers les Juifs, les Harkis et plus largement les Européens notamment les Français. Le régime du Président d’Abdelmadjid Tebboune affiche son antisémitisme en demandant à Boualem Sansal de récuser son avocat parce que juif. Que dire de ses traitements discriminants et cruels envers les femmes, les Berbères et les Kabyles ?

Sans oublier les campagnes racistes perpétrés par les médias d’État contre les migrants, notamment africains, qui les décrivent comme « dangereux, porteurs de maladies, violeurs et s’adonnant à tous les crimes ». Ou même d’un « plan sionisto-français pour envahir l’Algérie par six millions de réfugiés subsahariens ».

Pire encore, n’oublions pas la volonté de ce régime de laisser en France des Algériens qui se disent « influenceurs » mais qui nous menacent directement avec des propos qui laissent peu de place à l’ambiguïté : « nous allons tous vous violer », « ce qui savent manier les armes vont vous achever »… Si la France a encore quelque chose à montrer au monde, c’est dans la défense de la liberté et de
l’universalisme. Pourtant, même sur cette question nous ne sommes malheureusement pas unanimes.

Une grande partie de la Gauche, qui a toujours voulu s’approprier les traditions des Lumières est totalement muette sur le sort de notre compatriote. Je regrette d’ailleurs que, le Maire de Marseille, Benoît Payan, qui prétend soutenir Boualem Sansal, refuse toujours de déployer un message de soutien sur la façade de l’Hôtel de Ville. Lui qui pourtant, a reçu comme un héros, Paul Watson,
figure de proue de la lutte contre la chasse à la baleine, qui fait pourtant l’objet d’une notice rouge d’Interpol depuis 2012 et d’un mandat d’arrêt international. Lui qui avait souhaité marquer un soutien unanime et légitime à l’ex-otage, le journaliste Olivier Dubois qui était retenu au Sahel. Lui qui refuse toujours de condamner un cadre de la gauche marseillaise qui a prétendu dans une tribune que Boualem Sansal est « proche de l’extrême droite française et qu’il a offert au pouvoir algérien des motifs d’arrestation ».

Malheureusement, devant une telle tragédie d’État, ne rien dire c’est consentir. Plus grave encore, utiliser les mêmes arguments que les autorités algériennes c’est exercer une force de complicité avec l’État algérien qui piétine toutes les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité qui animent chaque jour notre engagement public.

Pire encore, les dérives victimaires de l’Algérie ne trouvent plus seulement un écho complice parmi certains responsables politiques ou des milliers d’Algériens qui vivent sur notre sol et qui soutiennent ardemment la politique d’Abdelmadjid Tebboune. Elles sont désormais relayées par certains médias du service public, notamment France 5, où certains invités d’une émission, laissaient entendre, il y a
quelques semaines, que Boualem Sansal n’était pas exempt de tout reproche. Il aurait par exemple « blessé le sentiment national algérien », selon les propos de l’historien Benjamin Stora, à qui Emmanuel Macron avait d’ailleurs confié une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie ». Ou plus récemment, l’éditorialiste Jean-Michel Apathie qui a prétendu le 25
février dernier, sur RTL, que la France avait fait en Algérie « des centaines d’Oradour-sur-Glane (village dont la population a été massacrée par les nazis sous l’occupation) ».

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Nous ne pouvons accepter de tels propos qui desservent la mémoire de nos soldats, des Harkis ou des Pieds-Noirs. Disons-le clairement et unanimement, Boualem Sansal est un otage français de l’Algérie, lui qui a toujours risqué sa vie contre l’oppression, l’injustice et le totalitarisme islamiste.

Cet homme qui veut offrir un autre avenir à l’Algérie et qui refuse la repentance perpétuelle de la France. Il est un combattant de la liberté contre la dictature. Aussi, nous nous devons d’agir pour le faire libérer et prouver au monde que nous avons encore une
influence diplomatique. Que la France doit se faire respecter. Que le pays des Lumières puisse continuer de briller à travers le monde.

Mais au-delà de sa libération, qui doit être une priorité nationale, nous devons revoir nos accords avec l’Algérie, notamment ceux de 1968, qui offrent à l’Algérie un statut exceptionnel en octroyant à ses ressortissants un statut dérogatoire, notamment en matière migratoire.

C’est pourquoi, sur ce sujet, le Président de la République doit cesser de contredire, le Premier Ministre et le Ministre de l’Intérieur, car il offre au Président Tebboune de quoi se jouer de nos divisions. Il doit également cesser, cette repentance perpétuelle, car nous ne récoltons que mensonges historiques et humiliations, aux dépends de la France, surtout lorsqu’il parle de « crime contre l’humanité ».

Lorsque nous nous engageons sur ce chemin avec l’Algérie, il n’y a ni limite, ni fin. Il esttemps de se débarrasser des procès en culpabilisation et de la rente mémorielle. La France se doit bien sûr de lutter contre ceux qui portent la haine de notre pays, mais il ne faut pasoublier la main qui nourrit cette haine.

Comme le dit justement Jean Sévillia : « Nous pourrons regarder en face l’histoire de la présence française en Algérie le jour où l’opprobre ne sera plus jeté sur les Européens d’Algérie et les harkis, et leurs descendants. ».

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