L’Entretien du Diplomate avec Stéphane Simon sur son livre : Les derniers jours de Samuel Paty, enquête sur une tragédie qui aurait dû être évitée (Plon)

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Assassinat de Samuel Paty

Un an jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty, entretien avec le journaliste et producteur Stéphane Simon, auteur de l’ouvrage remarqué Les derniers jours de Samuel Paty, enquête sur une tragédie qui aurait dû être évitée

A l’occasion de la commémoration de la mort de Samuel Paty, le professeur égorgé par un jeune islamiste tchétchène à la suite d’une vaste campagne de calomnies et de procès en islamophobie orchestrée par des jeunes radicalisés, des parents d’élèves et des réseaux de propagandistes et imams Frères musulmans ou salafistes, dans un contexte de démission de l’État incapable de faire régner la sécurité et la loi dans l’école, le géopolitologue Alexandre del Valle a réalisé un entretien exclusif pour Le Diplomate avec le journaliste et producteur Stéphane Simon, à la tête de la  société audiovisuelle, Téléparis, connue pour ses émissions culturelles et politiques telles que « Salut les Terriens » avec Thierry Ardisson, « Face aux Français » (France 2), Rive droite Rive gauche (Paris Première) ou encore « 93 fbg Saint-Honoré » (Paris Première). Stéphane Simon est  également producteur de documentaires et fictions à travers Outside Films et édite depuis cinq ans plusieurs chaines web d’opinions dont MichelOnfray.com avec Michel Onfray. Il a fait paraître aux éditions Plon : Les derniers jours de Samuel Paty, enquête sur une tragédie qui aurait dû être évitée, et  il vient de produire un documentaire très remarqué sur cette affaire : « Les derniers jours de Samuel Paty,  le combat de sa sœur pour la vérité », qui sera diffusé le 16 octobre sur C8, c’est-à-dire quatre ans jour pour jour après sa mort.

Propos recueillis par Alexandre Del Valle

Le Diplomate : Stéphane Simon, vous êtes très sollicité dans les médias en général mais en particulier  depuis la parution  de votre ouvrage sur les derniers jours de Samuel Paty? Sa mort remonte à 2020, votre ouvrage est paru chez Plon en 2023, il a fait l’objet de rééditions et a eu beaucoup d’échos, pouvez-vous nous dire ce qui a changé depuis 2020 et où en est l’affaire ?

Stéphane Simon : Tout d’abord, judiciairement les mineurs inculpés dans le meurtre de l’enseignant ont été jugé à huis-clos; ce sont  les collégiens qui ont montré du doigt à Samuel Paty à son assassin et la fille de Brahim Chnina qui a menti sur le cours de Samuel Paty pour l’accuser d’islamophobie. L’affaire a été jugée il y a six mois et les  peines prouvées ont été pour la plupart symboliques. La famille a regretté tant de clémence compte-tenu de l’âge des collégiens.

À partir du 7 novembre, va se tenir aux assises de Paris la suite du procès des complices présumés de l’assassin de Samuel Paty. C’est là que la famille espère qu’une grande partie de la lumière sera faite… pas toutes les lumières, car il faudra encore attendre que soit jugé la plainte devant le tribunal administratif de défaut de protection pour que soient connues les responsabilité de l’État, les éventuelles défaillances du ministère de l’intérieur et de l’Éducation nationale dans le devoir de protection qu’ils devaient à ce professeur comme à tous les agents de la fonction publique !

Côté Ecole, il semble qu’aujourd’hui le ministère de l’éducation nationale et les proviseurs soient mieux sensibilisés au problème de l’intrusion de l’islamisme à l’école, ils réagissent en effet plus rapidement désormais. Cependant, il faut bien noter que depuis la parution de mon livre en avril 2023, il y a eu ensuite l’assassinat de Dominique Bernard, à Arras, puis également les problèmes au lycée Maurice Ravel à Paris, et encore récemment une agression d’une professeur à Tourcoing. Toujours au mois d’octobre, comme s’il s’agissait de marquer les esprits, à chaque approche de l’anniversaire de la mort de Samuel Paty, le 16 octobre 2020.

Assistera-t-on à un plein hommage sans entrave ? la République est-elle au rendez-vous, ou existent-ils des obstacles et des oppositions face à l’hommage en provenance des amis de l’islamisme ou de ses alliés rouges et tiers-mondistes ou pro palestiniens de plus en plus radicalisés et pro-jihadistes depuis le pogrom anti-juif du 7 octobre commis par le Hamas et justifié y compris dans nos démocraties par certaines forces radicales alliées?

D’une manière générale, les remontées d’information ne sont pas catastrophiques. Les cérémonies d’hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard se sont globalement bien passées. Pour autant, la drôle d’absence de consigne passée par le ministère de l’éducation nationale, en particulier la ministre Anne Genetet, laisse un peu songeur: c’était à chaque professeur « d’évaluer » la façon la plus appropriée de faire cette minute silencieuse en hommage aux professeurs assassinés, ceci sans cadre global, sans consigne précise.  On se doute bien que dans certains lycées ou collèges, la minute silencieuse a été une formalité rapidement menée… mais je pose une question: à votre avis, qui serait tenu responsable si une de ces manifestations hommage s’était mal passée? Évidemment, les professeurs qui, encore une fois, doivent porter les  messages de la République… C’est un peu facile que le haut niveau ministériel  se défausse ainsi sur le dernier maillon de la chaîne….

Avez-vous mis l’affaire Paty en parallèle avec celle du professeur Bernard ? 

A bien des égards, les deux affaires se ressemblent. C’est l’histoire de deux professeurs exemplaires, soucieux de faire bien leur travail, serviteurs de la République, qui se retrouvent confrontés à la détermination de terroristes islamistes. Mais dans le cas de Samuel Paty, je dirais que l’assassinat est aggravé par les 10 jours qui ont précédés celui-ci. Durant cette période, c’est à un véritable abandon que l’on a assisté. Personne n’a trouvé utile de rappeler que toute cette déferlante  de haine était due aux mensonges d’une élève… Certains collègues de Samuel Paty l’ont accusé d’avoir « merdé », le ministère de l’intérieur a failli en mettant trop de temps à lui accorder une protection, mais également en ne permettant pas l’éloignement temporaire de son travail. En fait, on sait aujourd’hui qu’un simple coup de fil demandant au professeur de rester chez lui quelques jours aurait suffi à sauver Samuel Paty. Le professeur d’histoire géographie se savait menacé et il l’écrira cinq jours avant son assassinat perpétré par les islamistes… et rien ne fut fait!

Qu’avez-vous découvert dans votre enquête ?

Notre enquête a permis de raconter dans le détail les 11 jours qui séparent le cours de Samuel Paty de son assassinat. Une chronologie minutieuse permet d’établir les failles dans les système d’alerte en cas de manquement à la laïcité . Cette façon d’empiler les formulaires pour déclencher des alertes qui n’arrivent jamais à des gestes simples, cette absence globale de solidarité entre professionnels et professeurs, et puis également les manquements du ministère de l’intérieur qui n’a pas su protéger le professeur, ni même l’établissement.

Votre livre a t’il été bien reçu par les médias mainstream ou a-t-il subi des réticences ? 

Le livre a été globalement bien reçu. Seuls quelques médias l’ont ignoré comme France Inter ou Libération, ou auront préféré donner la parole à des professeurs syndiqués plutôt que de se pencher sur la teneur de l’enquête… Cela n’a pas empêché que la parution de ce livre, son sérieux et les déclarations de Mickaelle Paty, sa sœur, ont entraîné l’ouverture d’une commission d’enquête sénatoriale à l’initiative du sénateur Henry Leroy et de Bruno Retailleau, alors président du groupe majoritaire au Sénat. 

Ce livre n’aura donc pas été écrit pour rien…

Craigniez-vous une multiplication des cas similaires dans l’avenir à la lumière de la montée en puissance de la banalisation du jihadisme en France au motif de la lutte contre les soi-disant « islamophobes » et de la cause antisioniste et propalestinienne, qui peaufine souvent à la défense du Hezbollah et du Hamas terroristes ?

Je crois que les progrès sont malheureusement lents et que la fermeté manifestée par intermittence du ministère de l’Education Nationale n’apporteront pas une réponse à long terme au problème de l’entrisme de l’islamisme politique à l’école. 

Nous avons besoin d’une politique volontariste pour améliorer les choses à l’école. Des années de constance politique sont indispensables face à la détermination des islamistes à changer notre école. Sans cela, on repartira à zéro à la prochaine agression.


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