TECHNOLOGIE – Armée de l’Air et de l’Espace : Le rapport de l’IFRI qui bouscule la confiance française face aux superpuissances

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Combat aérien entre un Rafale et un F35
Combat aérien entre un Rafale et un F35 Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie).

Un rapport récent de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI) remet en question la capacité réelle de l’Armée de l’Air et de l’Espace à affronter un conflit de haute intensité contre un adversaire technologiquement avancé comme la Russie ou la Chine.

Rédigé par le lieutenant-colonel Adrien Gorremans et Jean-Christophe Noël, ancien officier de l’armée de l’air française et aujourd’hui chercheur au Security Studies Center de l’IFRI, ce document met en lumière les limites structurelles et opérationnelles des forces aériennes françaises, dressant un constat préoccupant.

Un écart technologique face à Moscou et Pékin

Selon le rapport, les récents progrès de la défense aérienne russe et chinoise réduisent rapidement l’avantage technologique dont jouissait l’Occident dans le domaine aérien. Drones avancés, missiles hypersoniques et systèmes de guerre électronique sophistiqués transforment le champ de bataille et rendent de plus en plus difficile le maintien de la supériorité aérienne occidentale. Une domination qui semblait acquise depuis 1945 jusqu’à la Première Guerre du Golfe pourrait aujourd’hui toucher à sa fin.

Dans les conflits des prochaines décennies, la survie des chasseurs ne sera plus garantie par la seule furtivité radar. Il sera indispensable de maîtriser les opérations SEAD (Suppression of Enemy Air Defenses), c’est-à-dire la suppression des défenses aériennes ennemies, un domaine dans lequel la France accuse un retard préoccupant. Le modèle de force français, historiquement axé sur la dissuasion nucléaire et la protection du territoire métropolitain, risque d’être inadapté à un affrontement de grande ampleur.

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Des stocks de munitions largement insuffisants

L’un des points les plus critiques du rapport concerne le stock de munitions, un facteur qui s’avère être la véritable faiblesse de l’Armée de l’Air. Les missiles air-air et air-sol disponibles sont nettement insuffisants, mettant en péril la capacité de la France à soutenir un conflit prolongé.

D’après les auteurs du dossier, en cas de guerre, les forces aériennes françaises ne pourraient combattre à pleine capacité que pendant trois jours, faute de missiles. Pour certaines munitions spécifiques, comme le Meteor, ce délai serait réduit à un seul jour d’opérations intensives. La situation a été aggravée par la livraison d’armes à l’Ukraine, qui a puisé dans les stocks de missiles SCALP et ASTER 30, laissant des réserves à un niveau critique, sans programme de reconstitution clair.

Depuis la ratification de la Convention d’Oslo sur les armes à sous-munitions en 2010, la France a perdu un atout stratégique majeur pour frapper des cibles réparties sur de vastes territoires. Aujourd’hui, la seule solution pour détruire des infrastructures clés, comme des pistes d’aéroports ennemies, est d’utiliser un grand nombre de missiles stand-off, une approche qui nécessite des stocks bien plus conséquents que ceux actuellement disponibles.

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Un retard technologique sur les chasseurs de cinquième génération

Outre la question des munitions, le rapport met également en évidence un autre problème fondamental : l’absence d’un chasseur de cinquième génération. La France a été prise de court par l’apparition des avions furtifs américains dans les années 1990 et a misé exclusivement sur le Rafale, un appareil performant, mais qui reste une plateforme intermédiaire entre la quatrième et la cinquième génération.

Ce retard a un impact direct sur les performances opérationnelles : les pilotes français peinent à rivaliser lorsqu’ils s’entraînent face à des alliés équipés de chasseurs de cinquième génération comme le F-35.

Le rapport souligne que si la furtivité ne garantit pas à elle seule la supériorité aérienne, elle représente néanmoins un avantage déterminant dans certains scénarios de combat. Sans avion de cinquième génération et avec un manque criant de missiles stand-off, les forces aériennes françaises risquent d’être reléguées à un rôle de soutien dans une coalition, laissant aux avions furtifs alliés le soin d’accomplir les missions les plus décisives.

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Un avenir préoccupant pour l’Armée de l’Air

Le diagnostic de l’IFRI est sans appel : l’Armée de l’Air et de l’Espace est loin d’être prête pour un affrontement de haute intensité. Des stocks de munitions insuffisants, une absence de missiles stand-off en nombre adéquat, un retard technologique et une doctrine militaire inadaptée mettent l’aviation française en position de faiblesse face aux défis futurs.

En comparaison, la situation de l’Italie illustre une approche différente. Sa participation au programme F-35, malgré les critiques initiales, s’est avérée un choix stratégique gagnant. Grâce à cette acquisition, l’Aeronautica Militare et la Marina Militare disposent désormais d’un chasseur de nouvelle génération, leur permettant de maintenir un rôle de premier plan sur le champ de bataille et d’assurer une meilleure interopérabilité avec leurs alliés.

Si la France ne parvient pas à combler ses lacunes technologiques et logistiques, elle risque de perdre en influence dans les futures coalitions occidentales, se retrouvant contrainte de jouer un rôle secondaire dans un monde où la suprématie aérienne n’est plus un acquis, mais un défi à reconquérir jour après jour.

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