ANALYSE – Quelle contre-stratégie sous l’ère Trump ?

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Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Jean-François Geneste

Les réseaux sociaux, en cette mi-février 2025, bruissent des discours des ténors du gouvernement américain : Trump, bien sûr, mais aussi James David Vance et Elon Musk. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’un vent nouveau souffle, notamment sur l’Europe, ce continent qui nous intéresse ici plus particulièrement. Ce qui est le plus « émouvant », c’est de voir le résultat d’une vassalité toujours davantage mise en œuvre de cette vieille civilisation dépassée et si l’on se demande quelle image serait la meilleure pour se la représenter, aujourd’hui, paradoxalement, il faut remonter dans sa jeunesse, au moyen-âge, et se rappeler la parodie de cette époque dans le célèbre film intitulé « les visiteurs ». Une image vaut mieux que mille discours, alors, commençons par elle.

Il s’agit de cette fameuse scène dite du dîner où Jacquouille, initialement, étant un gueux, n’est pas admis à table. Nous voyons dans cet extrait une caricature de toute la servilité de l’Europe et de certains pays, plus particulièrement le nôtre, hélas, depuis qu’il a été gouverné par des laquais de l’Empire au cours maintenant de plusieurs décennies.

Le contexte est celui de la guerre en Ukraine dans laquelle l’Occident a été défait militairement et politiquement. Et il y a quelques points de détail que les peuples ont oublié alors que s’ils connaissaient l’histoire, peut-être seraient-ils moins étonnés. En effet, dans le passé, il a quasiment toujours été de tradition de laisser piller et voler les territoires conquis par les troupes. Dès lors, comment s’éberluer que les États-Unis réclament 500 milliards de dollars de compensations sous forme de matériaux pour l’aide qu’ils ont fournie ? Qui, en Ukraine, de raisonnable, pouvait penser qu’avec les sommes en jeu, même en gagnant la guerre, cela ne finirait pas par mettre la population en esclavage total ? Décidément, dans ce monde dit civilisé, non seulement on n’est pas pragmatique, mais on se demande bien ce que les élèves peuvent apprendre à l’école.

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Nous sommes donc dans le trou, comme on dit vulgairement, et il nous faudrait nous en sortir. Mais cela va être extrêmement difficile au vu de l’ambiance générale, y compris ceux qui étaient déjà en partie déviant du système. Ainsi, cet entretien de Régis Le Sommier sur Europe 1. Ce grand reporter ne cesse, avec son interlocutrice, de réclamer une défense européenne. Aucun d’eux ne semble s’interroger de savoir si nous sommes menacés par la Russie. Or, comme écrit de nombreuses fois avant, répétons-nous en expliquant qu’une des grandes lois de la physique, jamais mise en défaut à ce jour, c’est que ce n’est jamais le vide qui remplit le plein, mais le contraire. La Russie ayant 17 millions de km² et 150 millions d’habitants contre 450 millions en UE pour 4,5 millions de km², nous ne sommes absolument pas menacés ! Rappelons que la tentative d’une communauté européenne de la défense (CED) a échoué dans les années cinquante du siècle dernier et que les intérêts géographiques, historiques et culturels sont tellement divergents que cela n’a pas de sens. Si l’on ajoute à cela que chaque fois que l’UE a touché à un sujet, cela s’est soldé par un échec, comme la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) ou la métallurgie, de grâce, laissons la défense de côté !

Nous vous proposons donc, dans cet article, d’étudier les points essentiels que devrait mettre en œuvre un programme de redressement national. Exit l’Europe qui n’a été qu’un vecteur de vassalité, de perte d’identité et, au final, un affaiblissement constant de certains des peuples qui la constituent. Après 68 ans, il est temps que l’UERSS tombe enfin, et ce d’autant, comme le dit Vance, que la dérive dictatoriale y est de plus en plus prégnante.

La France dans le monde

Notre pays a une épopée positive de par ses réalisations, notamment culturelles, artistiques et scientifiques. Par ailleurs, nous avons à la fois la première façade maritime du monde et une langue parmi les plus parlées. Nous ne manquons pas d’atouts, à nous tous seuls (!), si nous voulons nous en sortir et devenir1 une grande puissance.

En outre, au-delà de l’histoire ancienne, le général de Gaulle nous a mis sur une trajectoire diplomatique assez avantageuse de reconnaissance de la Chine, par exemple, en faisant de notre nation une puissance de paix. Notre première proposition sera donc ici de renouer avec ce passé en décidant et inscrivant dans la constitution que nous nous abstiendrons désormais de toute immixtion dans les affaires intérieures de quelque pays que ce soit. Nous en profiterons pour envoyer un message fort au reste du monde en stipulant officiellement que la France d’après le Général jusqu’à aujourd’hui, à l’instar de celle de Pétain et, comme le disait Mitterrand, « ce n’était pas la France ».

On se gardera en particulier des discours moralisateurs éculés et nous regarderons la poutre qui est dans notre œil plutôt que la paille qui est dans celle du voisin.

Puisque nous l’avons évoqué plus haut, notre priorité sera d’exploiter notre espace maritime de façon à y puiser les ressources qui nous sont nécessaires. Il nous faudra aussi le défendre des prédateurs qui ne manquent pas et cela nous fait grand défaut aujourd’hui.

Rien que ces deux mesures devraient avoir des effets bénéfiques à court terme sur notre positionnement mondial.

La compétence

On ne compte plus les articles de journaux qui vantent les compétences françaises. Pourtant, nous sommes en déclin très rapide et nous avons touché une forme de fond. L’Éducation nationale produit bientôt plus d’illettrés que de lettrés, nous sommes derniers dans les classements de type PISA, nous dégringolons dans les palmarès pour les dépôts de brevet, etc.

Pour redresser cela, il va falloir du temps et… Du courage ! La première chose à faire est de revoir les programmes scolaires de fond en comble et dans toutes les disciplines. Mais cela ne servirait à rien si l’on n’y ajoutait pas un relèvement sévère des exigences. Comme aux États-Unis, l’État devrait se désengager de l’organisation du système. Un chèque éducation2 devrait être donné à chaque famille, laquelle choisirait l’établissement, nécessairement privé, de son choix. Le suivi du programme n’est pas obligatoire pour ce dernier, mais un examen indéclinable est concocté chaque année par le ministère pour contrôler, pour chaque type de classe, le niveau moyen de l’institution. S’il n’atteint pas le score minimum requis, il n’est plus habilité à recevoir les chèques éducation. L’évaluation se fait, disons, sur une statistique comportant 3 années successives.

Pour les diplômes, ils sont validés par l’État qui, encore une fois, organise les examens et juge les copies grâce à un système que nous ne décrirons pas ici, mais qui préviendra le scandale actuel d’attribution de notes indues aux élèves, cachant, bien évidemment, la réalité du déclin intellectuel de la France et de ses jeunes en particulier.

Dans les établissements, on mettra en place une vraie discipline et ceux qui ne s’y plieront pas, seront simplement renvoyés avec une deuxième chance seulement de se rattraper. Après quoi, l’école gratuite leur sera interdite pour 1 an, et définitivement en cas de récidive. On instaurera des classes de niveau pour tirer le meilleur parti de chacun, avec la volonté de former une élite.

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Ladite élite ne devra pas avoir la tête que bien pleine, mais aussi bien faite. Les examens devront donc comporter des épreuves qui valident des capacités d’autonomie, de maîtrise et d’innovation des élèves, en sciences en particulier. Le but n’est pas d’apprendre à seulement reproduire un schéma comme cela a toujours été le cas jusqu’à maintenant. Et cela devra être valable à tous les niveaux.

Il faudra alors former des professeurs chevronnés, ce qui n’est absolument pas le cas actuellement en général. Notamment en sciences où l’on essaiera, dès le départ, de faire un pont avec l’industrie, domaine complètement étranger au corps enseignant qui devra en conséquence subir des stages intensifs en ce domaine3.

L’industrie

Nous venons de l’évoquer et il nous faut détailler ce que nous souhaitons mettre en place. Comme expliqué dans certains ouvrages4, l’activité de défense vise la suprématie quand celle, civile, ne pourchasse que le prix optimum. Si nous voulons redresser le pays et sa compétence, nous sommes dans l’obligation de poursuivre avant tout la prééminence et donc nous concentrer, dans un premier temps, sur l’industrie de défense. On lira avec intérêt le livre5 qui enseigne comment, avec 3 % du PIB pour la France seule, dont 66 % seraient consacrés à la recherche & développement (R&D), cela conduirait notre nation à faire jeu au moins égal avec les États-Unis sur tous les sujets.

Bien entendu, cela doit se faire en visant la plus absolue indépendance. La première des autonomies est celle concernant l’énergie et cela impliquera donc un tournant fort et rapide vers le nucléaire de surgénération, puisque notre pays a des réserves pour 4500 ans de consommation à 10 % de croissance par an.

Pour ce qui intéresse les matières premières, soit ce sont des éléments courants, comme le fer et ses dérivés, etc., et il est possible de les acheter sur les marchés mondiaux, soit ce sont des produits plus rares. Là, soit on utilisera du recyclage, soit on ouvrira des mines dans l’espace, par exemple sur des astéroïdes. Bien entendu, il faudra auparavant développer une réelle industrie spatiale digne de ce nom et jouer au cow-boy, qui annexe quelques unités bien ciblées. Il suffira pour cela de se doter d’une loi de la même manière que les États-Unis, voire le Luxembourg, pour se donner la capacité de le faire. Il ne faudra, évidemment, pas rester dans la velléité, mais bien se situer dans l’action.

Laissons de côté les dinosaures du secteur de la défense, qui n’ont pas vocation à perdurer indéfiniment, pour évoquer comment on créera un écosystème de startups qui remonteront le pays. Tout d’abord, il y aura suppression de tous les crédits de R&D6. Se mettra en place au niveau de l’État, une sorte de bureau de l’opportunisme, uniquement composé de spécialistes techniques et non politiques, qui évaluera les propositions7 selon des critères normés : faisabilité, taux de disruptivité, durée du développement, utilité pour la nation, etc. Si le projet est sélectionné, il est financé à 100 % par l’État8 pendant 5 ans pour 49 % du capital. Entre 5 ans et 10 ans, la startup en question devra avoir 50 % de ses activités dans le civil et l’État cédera ses titres sur le marché avec un droit de préemption pour les créateurs. Si les 50 % d’activités civiles ne sont pas atteints, il y aura une pénalité pour les fondateurs privés sous forme d’une préemption supplémentaire de leur capital par l’État, qui ensuite pourra revendre le cas échéant.

Avec un tel processus, nous nous attendons à avoir un parc industriel conséquent en quelques décennies et de niveau mondial.

On évitera au maximum les coopérations. Ce ne sont que des jeux commerciaux qui n’amènent pas la compétence, mais, au contraire, la diluent. Ce sont aussi des sources de surcoûts importants qui finissent par grever la compétitivité. Si cela se traduit par des marchés trop étroits, la pression sera mise sur les équipes de conception et de production pour l’augmenter. Sur le long terme, il n’y a que cela qui paye : le rapport qualité/prix.

Enfin, et bien entendu, il faudra avoir une action agressive dans le domaine de la propriété intellectuelle, rôle régalien de l’État qui n’est aujourd’hui pas joué correctement.

La stratégie industrielle

Au-delà de la défense dont nous venons de parler, nous abordons ici le volet civil. Le 12 février 2025, Emmanuel Macron organisait son sommet mondial sur l’IA dans lequel il annonçait un investissement (étranger !) de 109 milliards d’euros en France pour que ce pays devienne un leader du secteur. Le contexte dans lequel cela s’est passé est assez cocasse. Tout d’abord, Donald Trump a fait état de son projet Stargate à 500 milliards de dollars quelques jours auparavant, nouvelle concomitante de celle de Deepseek en Chine, qui a réalisé le même travail que Open AI pour moins de 100 fois moins cher ! Et tout le monde veut faire de l’IA et espère être le premier.

Soyons pragmatiques et regardons la progression de la Chine entre 1971, date de sa reconnaissance par Richard Nixon, et aujourd’hui où elle bloque l’exportation de graphite aux les États-Unis en en maîtrisant l’essentiel de la production globale avec un impact de l’ordre de 15 % d’inactivité de l’industrie américaine. Qu’a-t-elle fait ? Simplement ce que les autres ne voulaient pas.

Faisons un parallèle avec le jeu du loto qui consiste à parier sur la sortie de 6 nombres compris en 1 et 49. Il n’y a pas de martingale pour gagner, mais, si nous connaissions les paris des autres, une façon de maximiser notre bénéfice serait de cocher une combinaison que personne n’a proposée.

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Il en est de même pour l’industrie. Il faut viser certains créneaux, éventuellement délaissés par autrui alors qu’ils sont majeurs dans la chaîne de valeur. Ainsi en va-t-il des terres rares, par exemple. À nous de trouver de tels sujets qui, contrairement aux apparences, ne manquent pas ! Rappelons, à toutes fins utiles, que ceux qui sont éboueurs et ne sont pas considérés comme faisant partie du haut du panier dans les classes sociales sont indispensables au bon fonctionnement de nos sociétés et qu’ils ont les moyens, via la grève, de faire plier n’importe quelle municipalité à leurs revendications.

Alors, quid de l’IA ? Ce qui est important pour nous en la matière, c’est de pouvoir s’en servir si on en a besoin et qu’elle soit fiable, ce qui n’est absolument pas sûr. L’intelligence naturelle nous paraît ici un bien meilleur pari avec des gens bien formés, comme nous l’avons expliqué auparavant. Par ailleurs, nous n’avons pas vocation à fournir nos données à qui que ce soit et, donc, en matière d’indépendance, elles devraient être stockées en tout et pour tout sur des serveurs français et n’être accessibles par aucun organisme ayant quelque lien que ce soit avec l’étranger, et cela pour tous les domaines. Cela ferait de la France un acteur imprévisible, et c’est, justement, l’un de nos buts ici.

La Défense

Comme expliqué en introduction, elle ne saurait être partagée avec qui que ce soit et sûrement pas avec l’UE. Par ailleurs, si nous ne nous préoccupons pas des affaires intérieures des autres pays, nous ne devrions viser que l’éventuelle attaque de nos propres intérêts, qui ne pourraient alors être que sur notre seul territoire ou presque. Il s’agit donc de vraie défense et non de guerre, comme c’est aujourd’hui le cas, malgré un vocable qui cache la réalité.

Pour la dimensionner et la déterminer, il faut avoir une évaluation correcte des menaces. Or, fort est de constater qu’il n’en est rien. Prenons un exemple qui date, mais qui illustre parfaitement notre propos. Dans le livre blanc de 2008, la première menace identifiée était le terrorisme. À l’époque, cela créait au maximum et en moyenne 4 morts par an et, grâce à Elon Musk, on a depuis appris que les terroristes étaient financés, entre autres, par l’USAID et probablement avec l’accord, sinon la complicité du gouvernement français. Rappelons-nous d’ailleurs l’épisode Holcim Lafarge en Syrie !

Par ailleurs, la défense concerne beaucoup de domaines : énergie, accès indépendant aux ressources naturelles, à l’espace, surveillance des frontières, relations diplomatiques avec les pays tiers, impression monétaire, etc. Rien ne saurait être négligé et ce qui est du ressort de la défense doit être identifié comme tel, ce qui n’est actuellement pas le cas.

Au-delà d’une représentation des conflits dans lesquels notre nation pourrait être impliquée, nous citerons un secteur qui devient de plus en plus sensible et qui devrait avoir une forme de priorité : l’espace. En effet, nous ne savons pas si l’IA permettra de gagner la prochaine guerre, mais nous la perdrons sûrement si nous ne sommes pas au niveau en matière spatiale. Là encore, insistons, cela ne se partage pas !

Le nucléaire, bien entendu, est primordial, mais il y a un domaine qui ne doit pas non plus être oublié, qui est celui des télécommunications. Aujourd’hui, compte tenu de leur importance, nous nous devons d’en maîtriser toute la chaîne. Et cela implique une compétence très particulière en électronique ; pas seulement théorique, mais pratique et en termes de capacités de fabrication. Là encore, nous n’y sommes pas.

Alors, nous entendons les européistes clamer que nous n’avons pas les moyens de nous payer tout cela. Que dites-vous là ? La Russie n’a que 150 millions d’habitants, il y a peu, on se gaussait en Europe qu’elle n’eût que le PIB de l’Espagne. Or elle a tenu tête, sur tous les sujets, aux 1 milliard qui peuplent l’Occident, y compris les États-Unis et sur tous les thèmes de défense, sans compter les fameux missiles hypersoniques sur lesquels elle a 20 ans d’avance au moins. Il n’y a donc pas de fatalité et ceux qui plaident sans arrêt pour partager le fardeau avec les pays européens sont, en réalité, s’ils osent se regarder dans une glace, des traîtres !

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Occupons-nous de ces derniers, notamment les politiciens et autres hauts fonctionnaires (de plus en plus nombreux !), pour soutenir une réforme constitutionnelle renouant avec le crime de haute trahison (supprimé par Sarkozy) et en délimitant strictement les pouvoirs des uns et des autres quant à distribuer quoi que ce soit de français, en particulier en matière de défense, à quelque État que ce soit, UE incluse, car, encore une fois, nos intérêts historiques sont bien contradictoires. Par ailleurs, si nous nous sommes bien débrouillés avec les propositions décrites auparavant, il n’y a pas de raison pour que la France ne devienne pas une grande puissance à nouveau.

L’harmonie sociale

La crise du Covid a montré qui est essentiel et qui ne l’est pas. Or, nous pouvons clairement constater que ce sont au sein des moins payés de la société que résidaient parmi les plus utiles. L’industrie, elle, sur du plus long terme, est un élément primordial à la survie du pays et à son indépendance, donc à sa liberté et à celle de ses citoyens. Il est donc important de substantiellement relever les fonctions productives au détriment, le cas échéant, des activités tertiaires et à l’intérieur de l’entreprise d’y sous-valoriser, en proportion, les emplois administratifs ou commerciaux. C’est le contraire de ce qui s’est fait les dernières décennies. Ainsi, les jeunes seront incités à se tourner en priorité vers les tâches manufacturières ou de réalisation intellectuelle et non celles intermédiaires, ce qui sera un gage de survie à long terme de notre communauté.

Pour ce qui concerne l’échelle des salaires, elle sera dans une fourchette de 1 à 20 dans le secteur privé, ce qui est déjà considérable. Pour ce qui touche la fonction publique, la garantie d’emploi doit se concrétiser par un émolument moyen inférieur de 20 à 30 % par rapport au privé à l’exception des professions qui risquent leur vie (militaires, etc.). Les entreprises nationalisées seront de droit privé et donc sans assurance de l’emploi. Le personnel politique sera rémunéré au salaire moyen français d’un cadre et les ministres à la moyenne des salaires des PDG français. Enfin, dans la revalorisation des salaires d’une année sur l’autre, dans toute entité, la tête ne pourra pas avoir des augmentations supérieures aux niveaux inférieurs9.

On remarquera bien qu’il s’agit de salaires et non de rémunération. Cela veut dire que ceux qui auront des revenus du capital auront bien davantage le cas échéant. En sus, il sera interdit à toute personne politique d’avoir quelque revenu du capital que ce soit. Si tel était le cas, ces revenus seraient mis sur un compte séquestre le temps du mandat. On élargira cette disposition à une notion assez large de sa famille pour éviter des dérives jamais dénoncées aujourd’hui, mais bien existantes.

Stratégie

Passons à une stratégie plus financière et une réforme profonde de l’État pour redresser la barre de manière efficace.

Contrairement à la tendance actuelle de faire de notre pays une entité quasi communiste champion du monde des taxes, nous proposons ici d’en faire un paradis fiscal. Rappelons que, si l’on mettait un prélèvement sur toutes les transactions financières de 0,2 %, cela rapporterait autant que tous les impôts réunis. Une description d’installation d’une telle disposition est dépeinte dans un ouvrage de 200910. Dès lors, un ajout de 0,4 % permettrait de supprimer les charges sociales autorisant le financement de la Sécurité sociale et les retraites en abolissant les charges employeur et rendant le coût du travail compétitif.

La justification d’un tel système est la suivante : l’État éradique officiellement toute taxe et, puisqu’il organise la sécurité des transactions financières, il les fait payer. Dans ce cas, c’est 0,6 % au total. Bien entendu, cela implique des échanges uniquement électroniques dont on assurera l’anonymat et à la fois la traçabilité11.

Cette disposition permettra une transparence totale sur les paiements qui n’engagent pas la sécurité de l’État pour les citoyens qui pourront donc les consulter. La Sécurité sociale en est un exemple. Les subventions et les dépenses budgétaires étatiques seront ainsi contrôlées par le peuple qui pourra, le cas échéant, déclencher une procédure en annulation qui sera tranchée par référendum et vote électronique certifié12.

Relations internationales

Au vu de ce qui précède, le lecteur pourrait penser que les relations internationales de notre pays seraient le parent pauvre. Bien au contraire. S’il est hors de question de fournir des secrets d’État ou de partager notre défense ou compromettre notre indépendance, notre action géopolitique, en respectant les affaires intérieures des tiers et en ne les jugeant pas, nous permettra un bien meilleur positionnement. Notre non-alignement sur qui que ce soit nous donnera une voix qui sera donc entendue pour peu qu’elle soit prononcée par des sages.

Pour ce qui concerne les relations industrielles, le point est de ne pas se retrouver sous une quelconque tutelle. À l’inverse d’aujourd’hui, on ne visera pas à construire de gigantesques groupes internationaux qui n’auraient de français que le nom comme, par exemple, Airbus ou Renault. Ainsi que le dit l’adage, il vaut mieux un petit chez soi qu’un grand chez les autres. Néanmoins, cela n’interdit pas les coopérations ponctuelles, par projet, à l’instar, en son temps, du Concorde qui, quoi que l’on en pense, fut un important succès. Mais le capital industriel français doit être protégé et, de la même manière que l’on a décrit comment le bâtir de manière efficace, il faudra mettre de sérieux garde-fous pour éviter cette tendance qui a pris place ces dernières décennies, soit son évaporation en direction, notamment, des États-Unis.

On doit aussi rendre nos universités attractives en y diffusant les progrès qui auront été accomplis grâce, en particulier, aux programmes industriels dont les fondements sont présentés plus haut. La recherche fondamentale devra également y tenir une position importante et nous allons maintenant faire une incursion dans ce domaine si particulier, sans avoir encore précisé toutefois que l’enseignement devra se faire exclusivement en Français.

La recherche fondamentale

Tout d’abord, elle relève nécessairement de l’État, car le système privé et capitalistique ne sait pas investir sur des durées de l’ordre de 30 à 40 ans. Nous allons proposer une réforme essentielle en ce domaine comme suit.

Actuellement, les produits de la recherche fondamentale sont gratuits et libres de droits. Nous suggérons ici une véritable révolution. Les résultats resteraient gratuits et libres de droits pour la recherche, mais créeraient des droits d’auteur, à rémunération à hauteur de 1 % du chiffre d’affaires réalisé sur une période de 70 ans. Par exemple, Einstein aurait pu toucher des royalties sur l’effet photoélectrique. Cela aurait pour vertu principale de rendre attractive cette activité en la valorisant. Idem pour les équilibres de Nash en finance.

Concernant la publication, elle devrait être avant tout en Français, obligatoire, et on devrait sortir des comités de lecture traditionnels. Un article ne devrait être refusé que s’il est faux ou s’il interprète des données de manière « orientée ». Mais pour ce qui touche les choses novatrices, elles ne devraient pas être interdites, ce qui est malheureusement le cas actuellement. Prenons un exemple concret pour nous faire mieux comprendre.

En 1989 naissait le concept de fusion froide dû à Pons et Fleishmann aux États-Unis. Trouvant, dans leur expérience, plus d’énergie en sortie qu’en entrée, ce qui violait, de fait, le premier principe de la thermodynamique, ils proposèrent l’explication selon laquelle il pourrait se produire une fusion nucléaire à basse température. Bien que Fleishmann pût, avant ces événements, prétendre au prix Nobel de chimie, sa carrière fut ruinée par le système en 9 mois. Son expérience fut considérée comme non reproductible, même si, depuis, bien des physiciens ont clamé l’avoir fait, mais eux aussi de façon en général peu ou pas reproduisible.

Mais peu importe ! Cet exemple est là juste pour insister sur un point. Si un chercheur pense qu’il peut violer le premier principe de la thermodynamique, pourquoi pas ? À moins qu’il ne puisse exhiber une expérience, il peut tout à fait proposer une alternative à la physique orthodoxe, pourvu qu’il présente cela comme une hypothèse. Nous ne faisons ici que reprendre les demandes explicites concoctées par les jésuites de l’époque à Galilée qui, après les avoir acceptées, ne tint jamais sa parole.

Nous venons donc, en quelques lignes, de soumettre un système à la fois de liberté et d’évaluation de la recherche fondamentale, ce qui nous fait actuellement grand défaut. On évitera, comme pour l’IA, de se concentrer sur les modes ou les compétitions qui sont des sortes de pièges à convergence vers le traitement de toujours les mêmes questions et on laissera toute latitude aux chercheurs. On incitera toutefois ces derniers, au bout d’une vingtaine d’années le cas échéant en cas de résultats peu ou pas probants, à changer de carrière et à aller exercer leurs talents, s’ils en ont, dans l’industrie.

Cette recherche fondamentale devrait donc être un vecteur de la propagation de la culture et de l’excellence françaises et devrait favoriser un important élargissement de la francophonie.

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* * *

Pour être exhaustif, il nous faudrait non pas un texte, mais un livre. Il n’aura néanmoins pas échappé au lecteur que ce que nous proposons est un programme systémique et révolutionnaire qui consiste à nous recentrer sur nos forces, les récupérer et recommencer à rayonner dans le monde une fois que nous en aurons retrouvé la capacité. Nous aurons besoin d’une bonne trentaine d’années pour reconstituer ce qui a été dilapidé par deux à trois générations corrompues de dirigeants qui auront été une véritable catastrophe pour notre pays.


  1.  Ce que nous ne sommes plus, hélas !
    ↩︎
  2.  Son montant dépend du niveau scolaire, il ne peut être dépensé que pour de l’éducation et aucun établissement ne peut demander de paiements de frais supplémentaires.
    ↩︎
  3.  Imposer un stage de 6 mois à un an, en continu, semble une bonne option avec une piqûre de rappel tous les 10 ans.
    ↩︎
  4.  « Ainsi Marchait L’Humanité », Bénévent, 2009. 
    ↩︎
  5.  « Logique de défense : 30 idées en 200 pages », Bénévent, 2008.
    ↩︎
  6.  Y compris et surtout au niveau de l’UE !
    ↩︎
  7.  Pour éviter toute dérive, les propositions initiales seront anonymisées.
    ↩︎
  8.  Dans ce cadre, au niveau budgétaire national, il n’y a pas de limite et on ne saurait invoquer un dépassement de ce qui a déjà été budgété pour l’année en cours. En revanche, une fois établi le plan de développement, on se tiendra strictement au budget décidé.
    ↩︎
  9.  On a vu ces dernières décennies une divergence plus qu’importante en la matière et qui a amené à une situation intolérable.
    ↩︎
  10. « Ainsi Marchait L’Humanité », Bénévent, 2009. ↩︎
  11.  Idem. ↩︎
  12.  Là encore, on peut faire en sorte que l’État ne triche pas.
    ↩︎


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