
Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie)
Vers une nouvelle architecture régionale autour de la Palestine
C’est un tournant diplomatique majeur, que nul n’aurait osé prédire il y a quelques mois à peine. Dix-sept pays arabes, parmi lesquels l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte, ont signé à New York une déclaration appelant sans ambiguïté au désarmement du Hamas et à la remise de son arsenal à l’Autorité palestinienne. Préparée par la France et Riyad, cette initiative, inédite tant dans le fond que dans la forme, marque une inflexion historique dans la position du monde arabe vis-à-vis de la question palestinienne, tout en esquissant les contours d’une future normalisation des relations avec Israël.
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Le Hamas mis à l’écart : Un signal politique fort
Ce n’est pas seulement une condamnation, c’est une mise à l’écart diplomatique. Pour la première fois, des États arabes majeurs désignent clairement le Hamas non plus comme un acteur légitime de la résistance, mais comme un obstacle à la paix. La déclaration le somme de « mettre fin à son contrôle de Gaza » et de transférer ses compétences et ses armes à l’Autorité palestinienne. Ce glissement rhétorique et stratégique est d’autant plus significatif que des pays traditionnellement protecteurs du Hamas, comme le Qatar, y ont apposé leur signature.
Une manœuvre saoudienne à double détente
À travers cette initiative, Riyad cherche à occuper un double espace : repositionner son leadership régional tout en poursuivant son rapprochement pragmatique avec Washington et Tel-Aviv. La volonté de promouvoir une « mission internationale de stabilisation temporaire » à Gaza, ainsi qu’un soutien explicite à la « surveillance d’un futur cessez-le-feu », s’inscrivent dans cette logique : créer une nouvelle architecture régionale dans laquelle l’Arabie saoudite joue un rôle de garant d’équilibre entre Israël et une Palestine démilitarisée. Une ambition qui sert à la fois ses intérêts sécuritaires et économiques, dans un contexte de recomposition accélérée des alliances.
La France comme facilitateur diplomatique ?
Paris, coorganisateur de la conférence, n’a pas obtenu tout ce qu’il espérait – notamment une reconnaissance immédiate et conjointe de l’État palestinien et d’Israël – mais elle a réussi un coup diplomatique en catalysant ce consensus arabe. La promesse française d’une reconnaissance officielle de la Palestine à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, désormais appuyée par Londres, le Canada et d’autres pays européens, donne un nouvel élan à la solution à deux États. Elle replace également la diplomatie française au centre du jeu moyen-oriental, là où elle semblait marginalisée.
Le dilemme stratégique d’Israël
Face à cette nouvelle donne, Israël est confronté à un paradoxe : il voit pour la première fois les pays arabes appeler au désarmement d’un mouvement armé qui le combat, mais cela implique en contrepartie une relance sérieuse du processus politique autour d’un État palestinien. En d’autres termes, Jérusalem est incité à choisir entre la perpétuation d’un statu quo militaire ou une normalisation qui passe par des concessions territoriales et politiques. L’heure des décisions approche, d’autant plus que la pression internationale, amplifiée par les crises humanitaires à Gaza, ne cesse de croître.
Une transition géopolitique encore fragile
Si la déclaration de New York est inédite, elle ne constitue pas pour autant une garantie de succès. Le Hamas reste enraciné dans la bande de Gaza, tant par ses réseaux sociaux que par ses capacités militaires résiduelles. L’Autorité palestinienne, de son côté, est affaiblie, minée par des accusations de corruption, et son autorité est contestée. Quant aux garanties de sécurité évoquées pour Israël comme pour la Palestine, elles reposent encore sur des engagements flous. Il manque à cette architecture une clé de voûte : la confiance des populations concernées.
Une refonte régionale aux implications économiques
Ce virage diplomatique prépare aussi le terrain à une intégration économique inédite. La perspective d’une organisation régionale englobant Israël et un futur État palestinien ouvre la voie à des corridors d’investissement, à des coopérations en matière d’énergie, de technologie et d’infrastructures. C’est un levier non négligeable pour des pays du Golfe en quête de diversification économique, mais aussi pour l’Europe, désireuse de stabiliser son flanc sud via des partenariats structurants.
En définitive, cette déclaration marque peut-être le début de la fin d’une époque : celle où les positions arabes sur la Palestine étaient figées par des réflexes idéologiques hérités de la Guerre froide. Une nouvelle ère semble s’ouvrir, faite d’alliances pragmatiques, de rapports de force remodelés, et d’un réalisme géopolitique qui, pour la première fois, fait passer la stabilité régionale avant les postures symboliques.
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