
L’Édito de Roland Lombardi, Directeur de la rédaction – Le Diplomate Média
Il y a des figures politiques qui portent une malédiction : quoi qu’elles fassent, elles finissent par incarner le mal absolu de leur époque. Richard Milhous Nixon fait partie de celles-là. Né en 1913, élu président en 1968, réélu en 1972 et contraint à la démission en août 1974 après l’affaire du Watergate, il reste encore aujourd’hui, pour beaucoup d’Américains et d’Européens, l’archétype du politicien retors, cynique, manipulateur et menteur. Bref, le coupable idéal.
Pourtant, même si ces qualificatifs sont tout à fait vrais et si l’on s’extrait des jugements idéologiques et moralisateurs – surtout ceux de la bien-pensance de l’époque, du Washington Post aux campus contestataires, mais encore ceux d’aujourd’hui –, force est de reconnaître que Nixon fut sans doute l’un des plus grands présidents américains de l’après-guerre. Il fut aussi, et surtout, un véritable homme d’État.
Car, au fond, Nixon a payé très cher ce que les Français appellent un « délit de sale gueule ». Sa raideur, sa méfiance maladive, son côté sombre et paranoïaque, sa « tête de traître pour film de série B », en ont fait une cible facile. Mais si l’on met de côté la façade et les humeurs, il reste un bilan diplomatique et stratégique qui, plus de cinquante ans après, impressionne toujours.
C’est certain, les historiens du futur, si l’idéologie a enfin été chassée des universités, établiront un jour leur panthéon présidentiel comme les spécialistes de la Rome antique classent les Césars. Et Richard Nixon, quoi qu’en disent ses détracteurs, figurera parmi les grands Césars américains du XXe et XXIe siècles, loin devant les coqueluches – et pourtant piètres présidents – de, encore une fois, la bien-pensance d’aujourd’hui et que furent Clinton ou Obama…
Sans parler bien sûr de Kennedy, que j’avais traité dans un précédent édito. Car face à Kennedy, l’éternel rival auréolé d’un sourire photogénique et d’une légende en carton-pâte, Nixon tenait toujours le mauvais rôle : celui du « méchant ». L’un incarnait le glamour artificiel du « Bien », pour les magazines, l’autre, plus terne mais infiniment plus solide, le « Mal » pour les éditorialistes. Or, comme souvent en politique, ce fut le mal qui comprit le monde, et le bien qui se contenta de plaire et d’aligner les conquêtes féminines…
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L’Amérique avant Nixon : un Empire qui vacille…
Issu d’un milieu modeste en Californie, c’est à force de volonté, de travail, de persévérance et d’ambition, que cet anticommuniste viscéral va se hisser, en dépit d’innombrables obstacles et échecs, au sommet.
Et en effet, Nixon suivit un véritable cursus honorum républicain. Il reçut une bourse pour intégrer l’université Harvard mais la maladie de son frère Harold accaparait leur mère et Richard dut participer à la gestion de l’épicerie familiale. Il resta donc en Californie et entra à l’université de Whittier.
Une fois diplômé, il devint un brillant avocat, officier de la Marine durant la Seconde guerre mondiale, élu représentant puis sénateur de Californie, avant de devenir le vice-président d’Eisenhower (un autre grand président !) pendant huit ans.
Il incarna ainsi l’ascension méritocratique américaine dans ce qu’elle a de plus exemplaire.
Quand Nixon entre à la Maison Blanche en janvier 1969, l’Amérique est en lambeaux. L’intervention au Vietnam saigne le pays, les étudiants manifestent, les émeutes raciales éclatent, la confiance dans les institutions s’effrite. À l’international, l’URSS caracole dans la course aux armements, la Chine est un dragon isolé mais redoutable, et le tiers-monde est traversé de guérillas et de révolutions rouges.
Face à ce chaos, Nixon choisit la Realpolitik. Une Realpolitik assumée, parfois brutale, toujours pragmatique. Il ne s’agit pas de plaire, mais de défendre l’intérêt national… et celui de l’Empire. Il ne s’agit pas de faire de beaux discours moralisateurs – ce rôle, les présidents américains l’ont toujours préféré quand ils ne savent plus quoi faire. Nixon, lui, faisait.
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Kissinger, son complice génial
On ne peut pas parler de Nixon sans parler d’Henry Kissinger. La rencontre improbable entre ce fils d’immigré juif allemand, éminent universitaire à l’accent épais et conseiller de l’ombre (qui deviendra son célèbre Secrétaire d’État), et ce Californien républicain, froid, taciturne et ambitieux, produisit l’un des tandems les plus efficaces de l’histoire contemporaine.
Ensemble, ils réinventent la diplomatie américaine. Ils négocient avec Moscou les premiers accords de limitation des armements stratégiques (SALT I), tout en maintenant une pression implacable sur les régimes communistes satellites. Ils mènent une guerre secrète au Cambodge, soutiennent et encadrent le coup d’État de Pinochet au Chili en 1973 – tout cela au nom d’une lutte anticommuniste – nous sommes toujours en pleine Guerre froide – qui ne s’embarrassait certes pas de bons sentiments…
Les belles âmes crièrent au scandale, dénonçant le règne du « cynisme » et de « l’amoralisme ». Mais Nixon et Kissinger n’étaient pas là pour sauver les âmes, encore moins pour prêcher un nouvel évangile démocratique. Ils n’étaient pas des missionnaires. Ils étaient des réalistes. Point.
Le coup de maître : La Chine
S’il ne fallait retenir qu’un seul moment, ce serait évidemment l’ouverture à la Chine. Le voyage de Nixon à Pékin en février 1972, accueilli par Mao Zedong et Zhou Enlai, reste un tournant géopolitique majeur. En rétablissant des relations diplomatiques après vingt ans de rupture, Nixon modifia durablement l’équilibre mondial. Jusqu’à nos jours…
Ce geste audacieux – préparé dans le plus grand secret par Kissinger – permit aux États-Unis de jouer la carte chinoise contre Moscou, s’appuyant sur leur rivalité historique, et également de mettre fin à la guerre du Vietnam (Pékin étant le principal soutien du Viêt-Cong). C’était du billard à trois bandes, et Nixon, vieux joueur de poker, savait aussi manier la queue comme personne. L’Amérique, affaiblie par le Vietnam, et enfin extirpée de ce bourbier, reprenait dès lors l’initiative stratégique.
Au passage, soulignons que comme le rappellent de nombreux observateurs sérieux, si Nixon était resté à la Maison Blanche, jamais les Nord-Vietnamiens n’auraient osé envahir le Sud, et Saïgon ne serait sans doute pas tombée en 1975…
Cette ouverture à Pékin a structuré la politique américaine envers la Chine jusqu’à Trump, en bien et au final, en mal…
Car Nixon et Kissinger, avec ce coup de maître géopolitique, avaient en fait ouvert une boîte de Pandore. En stratèges réalistes, ils avaient certes mis fin à la grande alliance communiste (déjà vacillante après les affrontements frontaliers sino-soviétiques de 1969) en affaiblissant l’URSS et espéraient aussi que l’Empire du Milieu, en s’ouvrant, finirait par se démocratiser (grosse erreur ici d’appréciation) et deviendrait surtout un partenaire commercial, un immense marché à conquérir. Or, les riches marchands occidentaux, grisés par la mondialisation et ne voyant que leurs profits immédiats, délocalisèrent massivement leurs entreprises et transformèrent la Chine non pas en partenaire mais en gigantesque atelier à bas coût (« l’usine du monde »). Ils jouèrent ainsi contre leur propre camp, ruinant leurs classes moyennes et créant des cohortes de chômeurs, ces « laissés-pour-compte » de la mondialisation malheureuse que nous voyons aujourd’hui en révolte partout en Occident. Depuis, la Chine a su exploiter ce matérialisme effréné et la cupidité aveugle des «élites » occidentales pour prendre sa revanche sur l’Occident qui l’avait humiliée au XIXe siècle lors des “traités inégaux” : désormais, c’est elle qui est en train de conquérir le monde, tout en observant avec délectation, les Américains, les Européens et les Russes s’épuiser, se ruiner et s’étriper autour de l’Ukraine…
Enfin, on l’oublie souvent également, mais c’est la « politique des petits pas » de Kissinger au Moyen-Orient qui est à l’origine de la paix entre l’Égypte et Israël en 1978, un autre bouleversement géopolitique notable.
Des réserves indiennes à la Lune : le Nixon domestique
Par ailleurs, on réduit trop souvent Nixon à sa seule politique étrangère, oubliant qu’il laissa aussi une empreinte importante sur le plan intérieur.
Dans sa brillante et monumentale biographie de “N le maudit”, Antoine Coppolani nous rappelle qu’en politique intérieure aussi son oeuvre doit être réévaluée, Nixon incarnant un type de républicain résolument progressiste dans le domaine social (Richard Nixon, Antoine Coppolani, Fayard, 2013).
En effet, contrairement à l’image d’un conservateur obtus, c’est pourtant lui qui créa l’Agence de protection de l’environnement (EPA). Il engagea une politique de santé publique ambitieuse et, surtout, améliora considérablement le statut des Amérindiens. En mettant fin à la politique d’assimilation forcée, il reconnut leur souveraineté tribale et encouragea l’autonomie économique des communautés. Un geste passé presque inaperçu, mais qui fit plus pour les Indiens d’Amérique que des décennies de beaux discours humanistes.
De même, Nixon fut également le premier à déclarer une guerre frontale contre la drogue (cf. la French Connection), perçue comme une menace existentielle pour la société américaine. Ce combat, lancé dès 1971, mêlait prévention, répression féroce et a structuré la politique américaine sur ce sujet pendant des décennies.
Mais son héritage intérieur ne s’arrête pas là : il sut aussi rétablir l’ordre après les années de chaos des sixties, mettre fin aux émeutes urbaines, et incarner ce retour à l’autorité réclamé par une majorité silencieuse exaspérée.
Pour conclure, c’est sous sa présidence que les Américains posèrent un pied sur la Lune en juillet 1969, point culminant de la conquête spatiale et symbole éclatant de la supériorité technologique américaine.
Un héritage intérieur donc dense, souvent occulté, qui démontre que Nixon ne fut pas seulement l’architecte d’une Realpolitik mondiale : il fut aussi un bâtisseur acharné à l’intérieur.
L’homme que l’on adore haïr
Bien sûr, le Watergate reste une tache indélébile. L’affaire du cambriolage du siège du Parti démocrate en 1972 par des « barbouzes » proches de la CIA et du pouvoir, la dissimulation maladroite, les mensonges, puis la démission forcée : tout cela a achevé de diaboliser Nixon. Les journalistes du Washington Post, Woodward et Bernstein, principaux lanceurs d’alerte de cette affaire, devinrent des héros. Quel beau sujet pour Hollywood aussi !
Mais soyons honnêtes : le Watergate n’est pas l’affaire du siècle. Comparé aux scandales financiers, politiques et de mœurs bien plus graves et glauques qui ont secoué depuis la démocratie américaine et les démocraties occidentales en général, l’épisode paraît presque anodin. Nixon a surtout eu le tort de perdre l’appui de son propre camp – qui ne voulait pas sombrer avec lui –, et de s’aliéner les médias. Dans une Amérique où la communication et l’image (qui lui avait déjà coûté – avec la fraude massive des démocrates – son élection à la présidence face au fringuant Kennedy en 1960) valent plus que la substance, c’était une faute capitale.
En 1995, Oliver Stone réalisa le film Nixon. On s’attendait à un procès à charge, vu le pedigree du réalisateur : vétéran du Vietnam, cinéaste de gauche, chantre des causes progressistes et critique virulent de l’Amérique impériale.
Au lieu de ça, Stone surprit tout l’establishment : il livra un portrait nuancé, presque empathique, rétablissant certaines vérités et restituant toute la complexité de ce personnage tragique et singulier, de ce président honni.
Bref, celui qu’on attendait en procureur fut finalement un historien objectif et intellectuellement honnête – ce qui, à Hollywood comme à Washington, est presque un crime de lèse-majesté.
Mais le film est surtout un regard lucide et presque historique, qui dépasse le personnage pour dévoiler le vrai moteur de la politique américaine. Il s’articule autour d’une idée forte : la « Bête », métaphore du « Système » et des forces obscures qui ont façonné l’Amérique contemporaine – celles qui selon le réalisateur, ont conduit aux assassinats de Kennedy, de Robert Kennedy, de Martin Luther King, et à la guerre du Vietnam.
Cette Bête sauvage, mélange de pouvoir de l’argent, d’État, de grandes entreprises, des médias et du processus électoral corrompu par l’argent (« la CIA, Wall Street, la mafia etc.. » dans le film), mène Nixon au sommet. Vieux routier de la politique américaine, ce dernier pensait bien connaître ce « Système » et pouvoir « l’apprivoiser pour en tirer un bien »… Or, c’est ce même « Système » qui provoqua aussi sa chute !
Ce qui n’est pas sans nous rappeler aujourd’hui Donald Trump qui, lui, a choisi de combattre le Système de front, avec son style brutal et iconoclaste. Il a obtenu, pour l’instant, certains succès jusqu’ici, mais la partie est loin d’être terminée, la « Bête » n’a pas dit son dernier mot et rien ne dit qu’il parviendra à réussir là où Nixon, le vieux renard politique, avait finalement échoué…
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Nixon et De Gaulle : Respect entre géants
Un autre point mérite d’être rappelé : les relations entre Nixon et Charles de Gaulle. Ils furent présidents en même temps quelques mois, en 1969.
Dès son élection, pour l’un de ses premiers déplacements à l’étranger, Nixon se rendit à Paris uniquement pour rencontrer l’illustre président français.
Et Nixon, contrairement à beaucoup de dirigeants américains, respectait le Général. Là où d’autres voyaient un trublion nationaliste passéiste et un empêcheur de tourner en rond, Nixon voyait un homme d’État à sa mesure.
Il ne reprocha pas à la France son retrait du commandement intégré de l’OTAN en 1966. Au contraire, il salua la stature du « géant » gaullien. Entre réalistes, on se reconnaissait…
Ah, depuis les choses ont bien changé… notamment avec la dernière scène pitoyable où les dirigeants européens sont assis en rang d’oignon devant le bureau de Trump à la Maison-Blanche, écoutant bien sagement, tels des élèves soumis, leur « professeur ». Et oui, le sulfureux locataire actuel du Bureau ovale n’a que mépris pour la caste européenne d’aujourd’hui. Mais à sa décharge, il les méprise car au fond, ils sont parfaitement méprisables, englués qu’ils sont dans leurs inconséquences et leurs contradictions, incapables d’assumer leurs responsabilités stratégiques, occultant, sciemment ou pas, les vrais dangers et affolés de l’éventualité de perdre le parapluie américain…
L’héritage…
Aujourd’hui encore, Nixon reste l’incarnation de la Realpolitik américaine. À une époque où les néoconservateurs (qui déjà à l’époque le critiquaient et l’attaquaient…) rêvent de croisades démocratiques et où les progressistes s’enivrent de bons sentiments, le legs de Nixon paraît d’une lucidité rafraîchissante.
Nixon, ce « prince des ténèbres » pour beaucoup, voulait être un homme de paix et son bilan en politique étrangère, on l’a vu est marqué par des succès extraordinaires. Il a compris avant tout le monde que l’Amérique ne pouvait pas tout contrôler, qu’elle devait composer, négocier, manœuvrer. Il a compris que la puissance ne se mesure pas seulement aux bombardiers (même s’il les a allègrement utilisés, notamment au Cambodge), mais aussi aux équilibres subtils entre adversaires. Il a compris que la morale, en politique internationale, est une arme… quand elle sert les intérêts nationaux, et un piège mortel quand elle devient une ligne directrice.
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Bref, Richard Nixon restera pour toujours ce président qu’on adore détester. Le sombre, le manipulateur, le menteur… et pourtant, le visionnaire, le stratège, l’homme d’État. Son duo avec Kissinger, on l’a vu, a marqué l’histoire, son ouverture à la Chine a changé le monde, sa Realpolitik demeure une leçon pour nos dirigeants d’aujourd’hui, trop souvent prisonniers de leurs slogans.
Sa « théorie du fou » (en anglais : madman theory), également nommée la « stratégie du fou », fut terriblement efficace. Avec son administration, il a toujours fait croire aux dirigeants soviétiques et chinois, au Vietnam et ailleurs, qu’ils avaient en face d’eux un dirigeant au comportement imprévisible et potentiellement violent, disposant d’une énorme capacité de destruction. Ainsi, ces pays hostiles, tétanisés, n’ont jamais tenté de provoquer les États-Unis, craignant une réponse américaine inattendue. Du grand art ! Et cela nous rappelle quelqu’un…
En effet, si l’on veut pousser le parallèle, Donald Trump fut sans doute le seul président, avec Reagan ne l’oublions pas, et depuis Nixon, à incarner – à sa manière outrancière et apparemment brouillonne – cette forme de Realpolitik.
Conseillé lui-même (entre autres) dès 2016 par le vieux Kissinger, Trump a renversé la logique triangulaire nixonienne : là où Nixon s’était rapproché de Pékin pour contrer Moscou (le grand danger géopolitique de l’époque), Trump tente l’inverse, rêvant d’un rapprochement avec la Russie pour contenir la Chine, devenue à présent la plus grande menace des États-Unis et de l’Occident.
« La politique, c’est prévoir. Et la Realpolitik, c’est prévoir juste. » Nixon, lui, avait prévu juste. Comme Trump est en train de le faire. Peut-être faudrait-il enfin reconnaître que, derrière leurs excès, toujours calculés, ce sont ces présidents-là – rugueux, mal aimés, malpolis – qui vont sûrement marquer l’histoire…
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