ÉNERGIE – Alaska 2025 : Exxon revient en Russie, Total interdit de séjour – le grand ridicule européen 

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Négociations énergétiques : le retour d’ExxonMobil en Russie face aux sanctions européennes. Drapeaux américain, russe, européen et ukrainien autour du projet Sakhaline-1.
Réalisation Le Lab Le Diplo

Le 15 août 2025, à l’abri des regards et sans grand bruit médiatique, Vladimir Poutine a signé un décret qui permet à la major américaine ExxonMobil — via sa filiale Exxon Neftegas — de reprendre sa participation dans le projet gazier et pétrolier Sakhaline-1, en Extrême-Orient russe. Cette information, publiée sobrement sur le portail juridique officiel de Moscou, n’a pratiquement pas franchi les frontières occidentales. Elle n’en est pas moins lourde de signification.

Car ce décret a été paraphé quelques heures seulement avant la rencontre de Poutine avec Donald Trump en Alaska. Le symbole est puissant : tandis que les chancelleries européennes persistent à faire mine de croire à une étanchéité des sanctions, les deux plus grandes puissances nucléaires du monde renouent, par le truchement de leurs géants énergétiques, des coopérations vitales.

ExxonMobil, qui avait perdu 4,6 milliards de dollars en 2022 en se retirant précipitamment du marché russe, n’a pas hésité une seconde à revenir, dès que la fenêtre politique s’est entrouverte. L’énergie, comme toujours, prime sur les postures morales.

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La grande illusion européenne

L’épisode Sakhaline-1 illustre de façon crue la naïveté stratégique de l’Europe, et singulièrement de la France. TotalEnergies, qui aurait pu se positionner sur ce deal, en a été empêché par le carcan des sanctions européennes. C’est une absurdité qui frise le ridicule : on interdit à nos groupes de travailler avec Moscou, au nom de grands principes, pendant que nos alliés américains reprennent pied dans les projets les plus stratégiques du Pacifique.

Les Européens — toujours prompts à se gargariser de « valeurs » — se condamnent eux-mêmes à l’impuissance énergétique, pendant que Washington joue au pragmatique. On ne saurait mieux décrire ce déséquilibre : quand les Américains négocient, les Européens s’indignent. Quand les Américains investissent, les Européens s’appauvrissent.

Le conflit ukrainien vu de loin

Dans le reste du monde, le conflit ukrainien n’est pas perçu comme une guerre civilisationnelle entre « démocratie » et « autocratie », mais comme un affrontement régional parmi tant d’autres. Les élites africaines, asiatiques ou latino-américaines ne comprennent guère pourquoi l’Europe sacrifie sa sécurité énergétique et son industrie pour un pays qui n’appartient ni à l’Union européenne ni à l’OTAN. Zelensky, chef d’un État périphérique, se bat pour sa survie. Mais croire que son sort est au centre de la géopolitique mondiale relève de l’illusion.

Washington, lui, garde ses priorités réelles : sécuriser ses marges en Amérique latine, contrer la Chine en Asie, maintenir des positions en Afrique. L’Ukraine ? Une variable dans une équation bien plus vaste.

On nous explique à longueur de tribunes que l’Occident est uni dans les sanctions. Mais dans la vraie vie, Exxon retourne discrètement en Russie tandis que TotalEnergies reste cloué au pilori. C’est le triomphe du pragmatisme américain sur la morale européenne.

Au fond, ce 15 août 2025 restera comme une date révélatrice : celle où les États-Unis et la Russie ont su, une fois encore, parler le langage universel de l’énergie, pendant que l’Europe récitait ses incantations.

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