
Dans ce second épisode de l’entretien (voir Première partie) pour Le Diplomate du Professeur Dini, qui vit entre la Toscane et Lviv, dans l’Ouest de l’Ukraine, où il enseigne et suit attentivement de jour en jour l’évolution de la situation en Ukraine et en Russie, l’expert poursuit son analyse du conflit dans ses dimensions locales et globales et dans ses implications multiples dans le cadre d’une lecture holistique de la géopolitique puisque son postulat est que l’on ne plus aborder la guerre en Ukraine sans voir les interdépendances et relations entre les principaux théâtres de guerres et conflits dans les autres pays et continents du monde, d’où le lien avec la guerre Israël/Iran qui peut s’intensifier sur plusieurs fronts et être influencée par le nœud conflictuel majeur qu’est la guerre Russie-Ukraine et Occident/Russie et Chine.
Propos recueillis par Alexandre Del Valle
Professeur Leonardo Dini, après avoir approfondi dans le premier épisode les évolutions tactiques et stratégiques du conflit en Ukraine et maintenant sur le sol russe, quel est votre avis sur la situation actuelle au niveau local, régional et global ?
La situation dans la guerre entre l’Ukraine et la Russie n’est en réalité pas du tout au point mort : les attaques croisées soudaines le démontrent : les drones ukrainiens ont de nouveau atteint Moscou, et les Russes, selon le Wall Street Journal, ont désormais des drones iraniens. Ils disposent de nombreux missiles balistiques et, selon l’amiral John Kirby, porte-parole du ministère américain de la Défense, ces missiles iraniens pourront faire la différence dans la guerre en Ukraine, rendant ainsi impossible la défense aérienne ukrainienne actuelle pourtant renforcée par les alliés occidentaux. Il suffit de rappeler le rôle des drones iraniens Shaeed qui ont déjà changé technologiquement l’issue de la guerre depuis un an. Paradoxalement, l’Iran, qui n’avait toujours pas trouvé le courage d’attaquer Israël de manière forte avant l’élimination du chef du Hezbollah par Tsahal, le 27 septembre dernier, s’est montré a contrario audacieux et « généreux » en attaquant de façon accordant aux Russes des moyens de guerre supplémentaires. Il en va de même pour la Corée du Nord, qui n’attaque pas directement ses ennemis-voisins comme les Philippines et le Japon, mais qui équipe massivement Moscou en munitions, obus et missiles. Il en va de même pour la Chine, qui menace mais n’envahit pas encore Taïwan, alors qu’elle revendique l’île, mais soutient en fait fortement les Russes, économiquement et technologiquement, sans oublier les pick-up qu’elle envoie au front et qui sont très efficaces pour l’avancée russe. Le 3 septembre dernier, l’attaque russe très léthale de l’école militaire de Poltava, en Ukraine, spécialisée en guerre électronique et technologies de drones, attaque surprise très efficace, a été un message très clair des Russes visant à terroriser les soldats ukrainiens à l’arrière. Parallèlement, les Ukrainiens eux-mêmes souffrent de plus en plus et soutiennent de moins en moins la poursuite de la guerre, avec 19 000 désertions et une sérieuse difficulté pour envoyer de nouvelles recrues au front.
L’Ukraine risque-t-elle de devoir bientôt abandonner le front et capituler, comme le craignent certains, notamment dans la perspective de la chute imminente de Pokrovsk, puis peu après celle de Vuhledar début octobre dernier ?
La chute de Vuhledar est objectivement inquiétante et inquiète les hiérarchies militaires ainsi que les soldats Ukrainiens. Quant à la chute de Pokrovsk, jugée imminente et très probable, probablement en novembre 2024, elle ne provoquera pas la chute de tout le front ukrainien comme le disent certains experts, mais du front de Donetsk. En effet, l’autoroute qui traverse la région de Pokrovsk est une plaque tournante d’approvisionnement pour la ligne de front ukrainienne de Donetsk, à Siverski, Izyum, Kramatorsk et Chasiv Yar. L’objectif évident de Russes est en fin de compte d’atteindre bientôt les frontières administratives de Donetsk.
Cependant, même si la chute de Pokrovsk aura des conséquences graves pour l’ensemble du front qui dépend du nœud logistique de cette zone vitale, l’Ukraine n’abandonne pas pour autant, et le général Oleksander Sirsky, contrairement à l’opinion des analystes de guerre médiatisés, estime avoir eu raison d’attaquer Koursk et il persiste donc. Autre indice de la montée en puissance de la guerre, les Ukrainiens se préparent à créer des armes nucléaires qui seraient utilisables à des fins dissuasives, si toutefois les Américains, avec une victoire éventuelle de Trump comme nouveau président potentiel en novembre (scénario redouté par Zelensky et l’OTAN), cessaient soudainement de soutenir militairement Kiev, ce que je ne crois pas pour le moment et sachant que même une victoire de Trump ne l’implique pas forcément de façon claire. Dans le périodique ukrainien Flot 2017, le 9 septembre dernier, l’ancien vice-premier ministre et ministre ukrainien de l’Intégration européenne, Oleg Rybachuk, a en effet annoncé l’intention de l’Ukraine de démarrer rapidement la production ukrainienne d’armes nucléaires en tant qu’alternative efficace de dissuasion face aux potentielles armes nucléaires tactiques russes actuellement postées en Biélorussie et en Russie, avec des missiles Iskander et Rybachuk. Il a également expliqué que l’Ukraine dispose de la technologie et des ressources nécessaires pour produire des armes nucléaires, puis il a comparé son pays avec Israël et son potentiel nucléaire, déclarant que « si nécessaire, nous lancerons une attaque nucléaire appropriée » …. Les médias ont presque tous passé sous silence cette séquence pourtant très significative et lourde de conséquences en termes stratégiques. Comme si ces développements dangereux (le terme galvaudé d’escalade devrait être mis de côté) sur le théâtre de guerre ukrainien ne suffisaient pas, il faut ajouter à cela la crise complexe en cours à Pokrovsk, ce noeud stratégique et logistique vital pour l’armée de Kiev susceptible d’être pris par les Russes.
A cet égard, que pensent les dirigeants ukrainiens du risque de chute de Pokrovsk qui pourrait entraîner un effondrement du front ukrainien en raison de sa place centrale comme lieu et nœud logistique et de transport fondamental ?
Les dirigeants politiques ukrainiens que nous avons interrogés se déclarent tous très conscients du risque pour Pokrovsk, Dniepr et Zaporizha, notamment. Ces deux dernières places ne sont séparées du front oriental que par la steppe et l’autoroute qui alimente actuellement le front ukrainien de Donetsk. La percée du front en un ou plusieurs points représente objectivement un risque sérieux pour l’Ukraine. Enfin, il existe d’importants conflits politiques internes en Ukraine : or si du côté russe, l’establishment fait toujours bloc avec Poutine, alors que l’opinion publique russe est divisée sur le cas de Koursk, en Ukraine, en revanche, un vaste remaniement gouvernemental vient d’avoir lieu et la nouvelle mobilisation de masse ne suscite aucun enthousiasme, mais plutôt de vastes inquiétudes dans l’opinion publique, ainsi qu’une accentuation des divisions et la baisse de popularité du président Zelensky de plus en plus contesté dans son propre camp. Dans ce contexte, un autre coup de théâtre significatif s’est produit récemment dans la diplomatie ukrainienne : à la place du ministre Dmytro Kuleba, ancien ambassadeur d’Ukraine à Istanbul et très impliqué dans l’échec des négociations de paix en Turquie avec les Russes en 2022, a été choisi comme nouveau ministre des Affaires étrangères.
Ce nouveau ministre ukrainien des Affaires étrangères sera-t-il celui qui signera une éventuelle trêve ou une médiation de paix l’année prochaine ?
Ces derniers jours, l’ancien chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg, ainsi que des diplomates occidentaux, ont émis l’hypothèse d’une contrepartie surprise dans le cadre de futurs pourparlers sur l’Ukraine : l’entrée immédiate de l’Ukraine dans l’OTAN en échange de la concession définitive à la Russie de tous les territoires jusqu’alors occupés par les Russes… Or Joe Biden et le nouveau dirigeant de l’OTAN, Mark Rutte, font désormais pression pour l’adhésion immédiate de l’Ukraine à l’OTAN. La ligne de démarcation et de frontière entre l’OTAN et la Russie coïnciderait donc et pourrait être représentée par les frontières administratives du Donbass à l’est, et de la rivière Dniepr, au sud, tandis que les territoires de Koursk seraient “restitués” aux Ukrainiens. En outre, une zone tampon entre les ennemis serait créée le long des rivières et des montagnes des oblasts de Kharkiv et de Soumy, et peut-être que cette dernière pourrait être gérée par les soldats de la paix de l’ONU, et donc par les forces de maintien de la paix. Même du côté russe, Vladimir Poutine se dit désormais prêt à des négociations, mais à partir seulement du statu quo des territoires acquis pendant la guerre et définis comme tels comme “Nova Rossija”, vieux terme tsariste signifiant la nouvelle Russie et qui inclut grosso modo les territoires annexés par les Russes mais en allant jusqu’à Odessa, toujours tenue par l’Ukraine à ce jour. Tout cela est bien sûr plus que très difficile à accepter pour les Ukrainiens ! Nous sommes donc à ce stade de la guerre, à la croisée des chemins entre, d’une part, une guerre totale OTAN/Russie, et, de l’autre, de véritables négociations de paix pas forcément compromises ni impossibles, mais qui ne fonctionneraient que si les deux parties parvenaient à s’accorder sur les modalités d’une redéfinition de l’architecture de la sécurité européenne et mondiale.
La diplomatie pourra-t-elle revenir sur la scène ou ne le fera-t-elle que pour une fausse solution à la manière des accords de Munich de 1938, comme le disent maints “occidentalistes” les plus antirusses pro-Ukrainiens ?
La situation en Ukraine est à un tournant crucial : ce sera un automne difficile, comme le reconnaît Volodymyr Zelensky lui-même pour l’Ukraine, laquelle risque constamment une percée russe majeure du front sur plusieurs points du côté de Donetsk et au nord à Soumy, cela étant un scénario d’autant plus possible a fortiori si les Russes prennent Pokrovsk, ce qui semble se profiler même si les troupes ukrainiennes résistent vaillamment et ont reçu des renforts. L’armée russe pourra donc alors à la fois attaquer facilement Kramatorsk et Sloviansk, puis avancer hélas ainsi directement vers Pavlogradka et Dnipropetrovsk, un risque très redouté par les Ukrainiens et qui est malheureusement bien réel et n’est pas le simple fruit des propagandes russes et pro-russes qui jubilent à cet effet. Par ailleurs, même si les Américains, les Britanniques et les Français autorisent effectivement l’utilisation des missiles Scalp, Storm Shadow et Atacms à longue distance, sans oublier les nouveaux 20 canons César donnés début octobre par la France à l’Ukraine, cela ne résoudrait rien comme cela s’est constaté depuis l’arrivée effective et l’utilisation non de F16 qui n’ont hélas, il faut bien le reconnaître, rien résolu pour les Ukrainiens pour le moment.
En fait, seule une attaque directe contre Moscou et d’autres villes russes pourrait changer le sort du conflit et orienter l’opinion publique russe vers une attitude anti-Poutine, et c’est le centre de la nouvelle stratégie de Zelensky et des durs de l’armée qui n’ont pas peur de l’escalade et tentent avec l’opération de Koursk et depuis lors de démontrer aux Occidentaux qu’ils ne doivent pas avoir peur d’aller dans cette direction et pas plus des menaces russes nucléaires ou autre velléitaires. Notons toutefois que jusqu’à présent, seuls les drones ukrainiens ont atteint Moscou, et les missiles occidentaux fournis aux Ukrainiens n’ont pas la portée nécessaire pour menacer réellement Moscou ou Saint-Pétersbourg. De plus, l’attaque des missiles russes, comparée à la réciproque ukrainienne aidée certes par les missiles occidentaux, reste asymétrique. Les Russes disposent en effet de missiles Khinzal et Iskander et, avec les Khinzal, ils peuvent atteindre 1 200 km et jusqu’à 2 000 km, sans problèmes, donc peuvent frapper facilement Lviv et la Transcarpatie et dans cette perspective ils peuvent même menacer dans la foulée la Pologne… Sans parler des Iskander russes-biélorusses nucléaires (voir précédents épisodes de l’interview) qui se trouvent déjà en Biélorussie et qui visent l’ouest de l’Ukraine et la Pologne depuis Brest et Gomel.
Les Ukrainiens auraient donc besoin de missiles balistiques d’une portée de 2 000 km et non des Storm Shadows, des Scalps et des Atacms qui, de toute façon, ne pourraient jamais frapper, par exemple, Astrakhan et la mer Caspienne, d’où partent ponctuellement les Tupolev 95 pour frapper Lviv. Sans parler des bases russes isolées en Sibérie, encore plus éloignées de la Frontière ukrainienne. En outre, les Russes peuvent également frapper avec des Mig 31 comme alternative aux bombardiers stratégiques et ils disposeront à partir de 2025 des nouveaux missiles “tempête” Burevestnik, capables d’avoir une portée illimitée et équipés de propulsion nucléaire : il s’agit là d’une des cartes du jeu russes encore inutilisées avec les Poséidon, notamment, les Sarmat SS 28 et les Iskander nucléaires tactiques… Enfin, l’arrivée et l’utilisation des nouveaux missiles balistiques iraniens (qui ont une ogive d’une portée parallèle de 300 km par rapport aux missiles occidentaux discutés lors de la récente réunion entre Joé Biden et son homologue anglais Keir Starmer), garantissent aux Russes un avantage réel en leur permettant de concentrer l’utilisation des missiles khinzal vers les régions occidentales de l’Ukraine et vers Kiev. Poutine tentera donc de semer la terreur en démolissant en masse des immeubles résidentiels à Lviv et Poltava, comme il l’a déjà fait à Dniepr et Kharkiv. La guerre se rapproche donc progressivement de l’Europe orientale, et donc de l’Occident car de pays membres de l’UE et ou de l’OTAN ou candidats avancés. Il s’agit en fait précisément de ces pays de l’Est européen que Vladimir Poutine revendique de longue date comme sa “sphère d’influence légitime” en plus de son étranger proche. En fin de compte, son objectif stratégique, exprimé comme un ultimatum quelques mois avant le déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022, consiste toujours à ramener l’Europe occidentale et l’OTAN, sa structure de défense officielle, au statu quo d’avant 1997, avec à la clef l’objectif de continuer l’empire de l’URSS ou de reconstituer l’empire tsariste par d’autres moyens.
Quid de la récente décision de Vladimir Poutine, le 25 septembre dernier, de réviser la doctrine d’emploi du nucléaire russe, en prévoyant l’élargissement des conditions d’emploi de l’arsenal atomique en écho aux attaques que l’Ukraine mène en Russie dans la profondeur et qu’elle voudrait intensifier avec encore plus d’armes des Occidentaux et avec leur aval qui a été donné fin septembre sauf la Hongrie, l’Italie et l’Allemagne ?
Rappelons que la doctrine nucléaire russe – dont la dernière version date de 2020 – prévoyait que la Russie ne pouvait utiliser son arsenal atomique tactique ou stratégique qu’en cas d’attaque nucléaire ou d’attaque conventionnelles « menaçant l’existence de l’État ». Cette fois, le président russe a décidé qu’une « agression contre la Russie par un État non nucléaire, mais avec la participation ou le soutien d’un État nucléaire, sera considérée comme une attaque conjointe contre la Fédération de Russie ». Beaucoup y ont vu une référence à peine voilée à l’offensive ukrainienne en Russie, vers Koursk, avec l’aide et l’aval des pays de l’OTAN… La nouvelle doctrine nucléaire militaire russe devrait aussi prévoir que Moscou pourra désormais utiliser des armes nucléaires « s’il reçoit des informations fiables sur le début d’une attaque transfrontalière massive par voie aérienne, au moyen de l’aviation stratégique et tactique, de missiles de croisière, de drones et d’armes hypersoniques », a précisé Vladimir Poutine. Cette mention est selon moi en lien direct avec les négociations actuelles entre les Occidentaux et l’Ukraine sur la livraison d’armes à longue portée dont la possibilité de les projeter loin dans le territoire russe. Jeudi 26 septembre, le président américain, Joe Biden, a par ailleurs annoncé l’envoi à Kiev de bombes planantes d’une portée limitée’ de 20 kilomètres.
Je pense que cette révision de la doctrine russe d’emploi du feu atomique, qui n’est pas surprenante, est cohérente avec le changement radical de situation après l’incursion ukrainienne à Koursk, qui a brisé un tabou russe. La nouvelle doctrine russe établit en effet de nouvelles lignes rouges et des clauses de sauvegarde programmées spécifiques pour protéger les frontières russes et biélorusses, pour répondre militairement aux attaques conjointes entre les ukrainiens et des puissances nucléaires américaines, françaises et anglais, et enfin, pour pouvoir répondre de manière asymétrique aux attaques massives de missiles à longue portée dans le ciel russe (comme le Atacms ou Storm Shadow) au moyen de ripostes nucléaires tactiques.
Concernant les revers subis par les Ukrainiens face au forces Russes dans le Donbass et sur toute la ligne du front russo-ukrainien, confirmez-vous que les troupes russes continuent de gagner des territoires en Ukraine, certes lentement ? La progression russe a-t-elle toutefois été freinée par l’envoi de troupes russes vers Koursk ?
Certains experts militaires considèrent la poursuite de l’incursion plus loin encore sur le front russe comme un problème difficile à gérer, un dilemme pour continuer à soutenir l’avancée russe au moins dans le Donbass. C’était aussi le pari réussi de Oleksander Syrski d’envahir un oblast russe. Toutefois, l’offensive et l’avancée russes se poursuivent. De ce fait, il est à craindre qu’après la conquête imminente de Pokrovsk et celle, parallèle, de Chasiv Yar, les Russes tenteront de boucler la boucle en prenant au moins tout le Donbass, ceci en fonction de la réussite ou non d’éventuels traités de paix ou de trêves, parrainés par exemple par le prochain président américain, Trump ou Harris, ou par d’autres médiateurs et honest brokers comme Erdogan, Gutierrez ou l’émir du Qatar.
Pendant ce temps, il est important de prendre acte de la déclaration singulière du président biélorusse, Alexandre Loukachenko, qui, le 18 août dernier, a lancé sur la chaîne Russie 1 tv, dans un registre quasi-vaudeville, qu’il pourrait démissionner dans les prochains mois en tant que président de la Biélorussie. Ceci présuppose un autre rebondissement qui bouleversera considérablement les cartes à jouer de la guerre en cours : l’éventuelle annexion surprise de la Biélorussie à la Russie en 2025, auquel cas le successeur de Loukachenko deviendrait directement Vladimir Poutine lui-même à la tête du nouvel État unitaire panrusse...
Pensez-vous que la guerre russo-ukrainienne est liée au conflit israélo-palestinien et israélo-Hezbollah au Liban, et qu’elle pourrait avoir des implications avec un risque de guerre directe Iran-Israël ?
Les théâtres opérationnels des deux guerres sont éloignés, mais il existe un risque de passer de guerres locales fragmentées à des conflits interreliés susceptibles de les souder et faire passer à l’échelle de la guerre mondiale. Bref un passage de théâtres d’opérations régionaux à une guerre mondiale sur des multiples théâtres de guerre : Ukraine, Moyen-Orient et Taiwan, Corées, notamment. Les deux « blocs » ou plutôt alliances hostiles les uns envers les autres sont désormais très en place et en plein renforcement : la Russie, la Chine, l’Iran, la Corée du Nord et leurs alliés d’un côté, l’Amérique, le Royaume Uni, la France, l’UE et leurs alliés, de l’autre. Nous sommes donc au carrefour entre une guerre mondiale hybride, avec l’utilisation possible par les puissances de l’arme nucléaire tactique et des armes conventionnelles, et une paix qui ne serait pas définitive mais annonciatrice d’une guerre mondiale seulement ajournée et cela s’applique dans tous les scénarios : ukrainien, moyen-oriental et taïwanais. De plus, dans ce scénario, les appareilsmilitaires industriels Américains, anglais et européens, d’une part, russes et chinois, d’autre part, se défient.
Croyez-vous qu’une guerre directe entre Israël et l’Iran soit possible ? Quelles en seraient les conséquences sur le conflit russo-ukrainien ?
La guerre entre Israël et l’Iran est déjà de facto en cours ! Les prochains jours et mois confirmeront une aggravation du conflit direct. Toutefois, la question du potentiel militaire est très différente et elle rend impossible la victoire des Iraniens à moins de recourir à l’usage de l’arme atomique : dans ce contexte, l’Iran des Mollahs cherche activement à devenir une puissance nucléaire. Le conflit ukrainien et celui du Moyen-Orient sont par conséquent non seulement parallèles, mais ils peuvent devenir convergents dans le cadre d’une guerre mondiale généralisée. Il existe cependant une singularité dans le rôle d’Israël qui, bien qu’ouvertement soutenu par les Américains, est un pays avec une forte présence de citoyens Russes et Ukrainiens ashkénazes.
En Israël, il y a en effet plus d’un million et demi de citoyens originaires de Russie et d’Ukraine qui sont tous russophones, de sorte qu’en Israël, l’identité commune existe toujours entre ces deux peuples, de même qu’une coexistence pacifique qui est reconnue depuis l’origine commune ex-soviétique de l’immigration (alyah) juive slave en Erezt Israël. Rien que depuis 2022, 73.000 Juifs Ukrainiens sont arrivés en Israël et 20.000 Russes de Russie. A sens inverse, en Russie vivent 100.000 Juifs originaires d’Israël. Je voudrais enfin souligner une coïncidence significative : le 7 octobre 2023 est le jour du début du conflit en Israël avec le Hamas et ses protecteurs et alliés, mais c’est aussi le jours de la naissance de Vladimir Poutine et la guerre fondamentaliste islamique lutte également contre les valeurs chrétiennes de la Russie et également contre les valeurs de nombreux Juifs russes qui vivent en Israël.
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