C’est un triste et tragique constat mais aujourd’hui la France est hors-jeu dans tous les grands dossiers moyen-orientaux et méditerranéens :
Hors-jeu dans le conflit israélo-palestinien et on le voit actuellement, dans la nouvelle guerre entre Israël et le Hamas et même, juste avant ce conflit, les nouvelles relations israélo-arabes qui s’étaient développées (Accord d’Abraham), hors-jeu en Syrie, en Libye (où nous sommes responsables du chaos actuel !), inaudible même en Tunisie et au Liban, pourtant le symbole de la France au Levant et enfin, humiliée par la Turquie, par le Maroc et l’Algérie !
Ne parlons même pas de l’Afrique !
En effet, sur le continent noir par exemple, et qui fut longtemps notre pré-carré, du temps des réseaux Foccart à ceux de Pasqua, en passant par les mercenaires du « corsaire de la République » Bob Denard, la politique française sentait le souffre certes, mais au moins elle était respectée !
A la décharge du gouvernement actuel, cette sortie de la France de l’Histoire ne date pas d’aujourd’hui ; elle fut lente et progressive depuis au moins une soixantaine d’années.
Mais une chose est certaine, c’est que Macron, ses ministres et ses équipes d’incompétents et de technocrates hors-sol, chargées des relations extérieures de la France, ont piteusement accéléré ce funeste processus pour atteindre un véritable désastre géopolitique dont nous sommes témoins aujourd’hui.
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Dans le monde arabe, jusqu’à au moins Mitterrand et Chirac, et même si l’on peut en débattre, Paris semblait encore représenter quelque chose.
Après cette période, la diplomatie économique et des contrats, couplée à une diplomatie de l’émotionnel (hypocrite et souvent à géométrie variable) et ce, au détriment de nos seuls intérêts sécuritaires et géostratégiques, s’est accélérée et n’a fait que discrédité un peu plus, au fil des années, la France en Méditerranée et au Moyen-Orient.
L’exemple le plus éloquent fut nos erreurs d’analyses, nos positions et nos actions irréalistes lors des printemps arabes dictées par l’émotion et surtout par nos chers et riches amis du Qatar, dont les intérêts n’étaient absolument pas les mêmes que les nôtres. Loin de là ! Ce fut le paroxysme de cette irrealpolitik que nous avons commencé à payer dès 2015 avec les terribles attentats qui ont touché notre territoire.
Les 2 principales causes de ce pitoyable résultat sont la chape de plomb idéologique islamo-gauchiste du milieu universitaire et de la recherche en France et comme je l’ai dit précédemment, des décennies de diplomaties des contrats tous azimuts, sans prudence, ni clairvoyance, du Quai d’Orsay !
De fait, dans le monde d’aujourd’hui, l’influence, que cela nous plaise ou non, est fonction de la puissance économique et commerciale. Et nous sommes à cet égard bien à la traine, loin derrière l’Allemagne par exemple.
En dépit de notre puissance nucléaire, civile et militaire, notre armée qui reste (malgré le manque de moyens) l’une des plus efficaces de la planète et notre siège au Conseil de sécurité de l’ONU (que certains huluberlus veulent céder à l’Allemagne ou l’Union européenne !), la France ressemble de plus en plus à une étoile qui s’éteint.
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Notre rayonnement, qui est l’aura de notre passé glorieux, la méthode Coué ou le fait de claironner que nous sommes « une voix qui compte » ou la quatrième puissance mondiale (passée récemment à la 6e place !) ne suffisent plus à être véritablement influent. En Europe, par exemple, c’est à Berlin que tout se décide !
Cette perte de souveraineté impose à nos dirigeants fades, sans colonne vertébrale et soumis à divers lobbies financiers, de suivre aveuglément, par exemple dans le conflit ukrainien et contre la Russie, les décisions, économiques et stratégiques, suicidaires de l’Union européenne et par-dessus tout, des Etats-Unis, les véritables maîtres de nos valets qui nous servent de « chefs » !
Du coup, à Paris, cela fait longtemps qu’on navigue à vue, un peu au jour le jour, car on a besoin d’argent et il faut vendre. Quand votre croissance est négative ou peine à atteindre les 1 % et que vous êtes toujours plus endetté, vous êtes forcé de faire beaucoup de concessions et de compromissions, et pour cela, en étant prêt à subir toutes les humiliations.
Ajoutez à cela nos nouvelles « valeurs », wokes et LGBT+, défendues et promues par la caste progressiste occidentale et française, qui souhaite par ailleurs les imposer au reste du monde dont les 4/5e les rejettent massivement, il n’est dès lors pas étonnant de n’être plus respecté et écouté.
C’est avec toutes ces erreurs, que notre pays est depuis déconsidéré et que malheureusement à présent, il ne compte plus !
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Roland Lombardi est docteur en Histoire, géopolitologue, spécialiste du Moyen-Orient et des questions de sécurité et de défense. Fondateur et directeur de la publication du Diplomate.
Il est chargé de cours au DEMO – Département des Études du Moyen-Orient – d’Aix Marseille Université et enseigne la géopolitique à Excelia Business School de La Rochelle.
Il est régulièrement sollicité par les médias du monde arabe. Il est également chroniqueur international pour Al Ain. Il est l’auteur de nombreux articles académiques de référence notamment : « Israël et la nouvelle donne géopolitique au Moyen-Orient : quelles nouvelles menaces et quelles perspectives ? » in Enjeux géostratégiques au Moyen-Orient, Études Internationales, HEI – Université de Laval (Canada), VOLUME XLVII, Nos 2-3, Avril 2017, « Crise du Qatar : et si les véritables raisons étaient ailleurs ? », Les Cahiers de l’Orient, vol. 128, no. 4, 2017, « L’Égypte de Sissi : recul ou reconquête régionale ? » (p.158), in La Méditerranée stratégique – Laboratoire de la mondialisation, Revue de la Défense Nationale, Été 2019, n°822 sous la direction de Pascal Ausseur et Pierre Razoux, « Ambitions égyptiennes et israéliennes en Méditerranée orientale », Revue Conflits, N° 31, janvier-février 2021 et « Les errances de la politique de la France en Libye », Confluences Méditerranée, vol. 118, no. 3, 2021, pp. 89-104. Il est l’auteur d’Israël au secours de l’Algérie française, l’État hébreu et la guerre d’Algérie : 1954-1962 (Éditions Prolégomènes, 2009, réédité en 2015, 146 p.). Co-auteur de La guerre d’Algérie revisitée. Nouvelles générations, nouveaux regards. Sous la direction d’Aïssa Kadri, Moula Bouaziz et Tramor Quemeneur, aux éditions Karthala, Février 2015, Gaz naturel, la nouvelle donne, Frédéric Encel (dir.), Paris, PUF, Février 2016, Grands reporters, au cœur des conflits, avec Emmanuel Razavi, Bold, 2021 et La géopolitique au défi de l’islamisme, Éric Denécé et Alexandre Del Valle (dir.), Ellipses, Février 2022. Il a dirigé, pour la revue Orients Stratégiques, l’ouvrage collectif : Le Golfe persique, Nœud gordien d’une zone en conflictualité permanente, aux éditions L’Harmattan, janvier 2020.
Ses derniers ouvrages : Les Trente Honteuses, la fin de l’influence française dans le monde arabo-musulman (VA Éditions, Janvier 2020) – Préface d’Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement et de sécurité de la DGSE, Poutine d’Arabie (VA Éditions, 2020), Sommes-nous arrivés à la fin de l’histoire ? (VA Éditions, 2021), Abdel Fattah al-Sissi, le Bonaparte égyptien ? (VA Éditions, 2023).
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