Comment la France doit gagner sa Guerre de Trente Ans

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Ses alliés, ses ennemis, son message

Comment la France doit gagner sa Guerre de Trente Ans

La France est-elle isolée dans le monde musulman et en proie à une cinquième colonne en son sein ?

Avec plus de 5 millions de Français d’origine arabe en France[1], notre pays pourrait être le 15ème État membre de la Ligue Arabe sur 22 en termes de population. Le nombre estimé de personnes de religion ou de culture musulmane est également proche des 5 millions, ou 7,5% de la population française selon une étude de Pew Research, même si le recoupement entre « arabes » (personnes ayant des origines dans un État membre de la Ligue Arabe) et « musulmans », n’est pas le même si l’on compte les « arabes » non musulmans (athées, convertis à d’autres religions) ainsi que les musulmans non arabes.

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Si la « politique arabe de la France » a bel et bien existé et dût beaucoup à ses illustres inspirateurs (Lyautey, Benoist-Méchin, de Gaulle), celle-ci est aujourd’hui trop souvent réduite à une vision mercantiliste, sans vision stratégique.

Pourtant, certains de nos alliés arabes ont pris le pli d’une France rebelle mais « droite dans ses bottes », malgré les vicissitudes et les incohérences parfois tenaces de notre politique étrangère et de nos querelles internes.

Il faut souligner que ces États, tels l’Égypte, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis, considèrent en dépit de tout la France comme une sorte d’assurance face à la toute puissance américaine. Les décideurs de ces pays laissent clairement entendre à ceux qui connaissent bien le terrain, que la France est leur joker dans un subtil jeu d’équilibre entre puissances étrangères, fournisseurs de matériels et présences militaires étrangères.

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Les « Trente glorieuses » arabes des années 1973-2003 sont loin depuis l’invasion de l’Irak et les guerres qui ont suivi les « Printemps arabes ». Le monde arabe est de nouveau en proie aux impérialismes historiques qui l’ont mis sous leurs coupes durant des siècles : la Perse et l’empire Ottoman, aujourd’hui incarnés par la République Islamique d’Iran et la Turquie du néo-Sultan Erdoğan.

Si le réveil de ces deux anciens empires face au monde arabe parait encore bien gauche lorsque l’on connait les faiblesses structurelles de ces Nations et celles de leurs dirigeants, ils n’en sont pas moins symptomatiques d’une politique néfaste et dangereuse de manipulation médiatique et religieuse.

Les gesticulations et réseaux portés par des groupes tels que les Frères Musulmans, dont Recep Teyyip Erdoğan est le leader politique mondial, sont avérés.

L’État du Qatar, proche de la Turquie et isolé des autres Nations arabes, compte en son sein plusieurs membres de sa famille royale récemment épinglés pour leur soutien au terrorisme islamique, au financement et au recrutement pour Daech, à leurs participations à des fraudes et détournements massifs (al-Rayan Bank, Swifthold) et à des actes de corruption (FIFA, milieu politique français).

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L’Iran au nationalisme ombrageux ne fut pas en reste pour frapper la France de plein fouet durant les années 1980. Si l’Iran d’aujourd’hui n’est plus actif contre la France, c’est la conséquence de la mise en place d’une stratégie perse subtile d’anticipation et d’usure face à l’adversaire :

Épuisement de la France au Liban face à de profondes forces, tel le Hezbollah téléguidé par Téhéran et ligué contre l’activisme du président Macron face à sa volonté de changement de l’équilibre politique au Pays du Cèdre.

Épuisement de la France et de la plupart des pays occidentaux face à une inefficace politique de sanctions contre un Régime iranien aguerri, usant des méthodes de la hawala et de la politique du boutre pour développer des trafics en tous genres qui enrichissent essentiellement le régime et ses affidés.

Mais l’attitude iranienne est sans commune mesure et sans confusion possible avec les gesticulations mêlées d’appels au meurtre de millions de français de l’ancien premier ministre malaisien, avec les déversoirs d’éructations anti-françaises par des masses de « twittos » anonymes, d’intellectuels et quelques de joueurs de football, qui trouvent en R.T. Erdoğan leur sinistre héraut.

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Car c’est bien le président turc qui appelle publiquement à la guerre contre des pays européens, dont la France et l’Autriche, « qui héberge 250 000 Turcs » prêts à se battre pour lui.

Il ne faut pas se tromper : si nous voyons la France comme un pays européen démocratique laïc et pacifié, elle est aussi pour d’autres États, « un pays arabe » du fait de sa population et de son Histoire.

C’est donc également par ce prisme que peuvent être pris et considérés les grands principes de politique étrangère de la France vis-à-vis des (autres) nations arabes, turques, et du monde musulman en général.

Ce n’est en ne cédant rien sur ses principes fondateurs, sa tradition millénaire et ses racines chrétiennes, que la laïcité à la française doit être présentée et défendue comme le bouclier bienveillant d’une liberté de cultes dans le fond bien plus favorable à l’Islam qu’au Christianisme qui eut à en souffrir en 1905.

Par une forme d’Idéal que l’on ne peut soupçonner si l’on n’a pas vécu à l’étranger, la France est encore perçue comme un phare de culture et de libertés, auxquelles les populations arabes et musulmanes sont bien plus attachées que l’on ne le croit.

Les diverses diasporas vivant en France ne s’y trompent d’ailleurs pas : de nombreux Algériens en France nés entre l’indépendance et les années 80 ont fui les « années de plomb », et nous mettent en garde quotidiennement contre la situation que la France est en train de vivre, véritable guerre civile rampante, animée et coordonnée par des filières internes du djihadisme « made in France » (20 000 résidents français partirent faire le Jihad en Syrie). Souvent les « petits frères » de ces mêmes réfugiés contre l’islamisme.

Les diasporas libanaises, syriennes, palestiniennes et égyptiennes, souvent issues de la bourgeoisie chrétienne, mais pas seulement, nous alertent encore et toujours sur le fait que ce qu’elles ont vécu en Orient arrive inexorablement en France…en pire.

Car si ces différentes composantes de la Nation française sont, dans leur immense majorité, fidèles et protectrices de leur nouvelle Patrie et de ses valeurs, certains éléments, souvent les plus jeunes, souvent les plus construits idéologiquement, sont aussi les plus malléables aux manipulations incantatoires des prêches anti-français et des sophismes d’intellectuels habiles dont la mauvaise foi est l’arme favorite.

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Pendant que les politiciens français s’écharpent sur le sexe des anges, chaussant des airs contrits pour pondre des mots toujours plus vides de sens tels que « séparatisme islamique » (alors que le Projet islamiste est justement que la Loi islamique se métastase, puis règne en Europe) ou des redondances comme « islam politique » (alors qu’il n’y a pas plus politique que l’Islam), nos ennemis, eux, ne prennent plus de gants.

Grâce aux travaux remarquables de quelques rares et courageux investigateurs, grands reporters et essayistes, nous savons mettre des mots et des visages sur ceux qui manipulent notre jeunesse et tentent d’échauffer les esprits contre la France et son modèle : la confrérie des Frères Musulmans avec à sa tête politique le président turc, avec sa banque l’État du Qatar, et avec leurs complices, vieux intellectuels islamo-gauchistes au disque rayé, aux combats toujours dépassés, et aux relents de second-couteaux des pires temps collaborationnistes.

Que veulent ces ennemis de la France ?

Ils voient tout d’abord notre pays comme un maillon faible.

Après avoir constaté avec délectation qu’une grande partie de notre classe politique et certains intellectuels étaient largement corruptibles et soumis, le Qatar connait de l’intérieur tous les rouages de nos élites et ses leviers de compromission.

Le président turc, lui, s’engouffre dans la brèche avant tout pour des raisons de politique intérieure : affaibli par son bilan économique douteux, des élections municipales médiocres pour son parti et une tentative de coup d’État ayant laissé des traces, il voit en la France (et l’Autriche), un moyen de resserrer les rangs, et de souder ses diasporas autour de sa personne. Les 600 000 ou 700 000 Turcs vivant en France lui étant largement acquis, à l’exception notable des 120 000 Kurdes de Turquie réfugiés chez nous. Il souhaite donc tester « ses » diasporas turques d’Europe pour en faire une cinquième colonne tant dans un cadre de projection de sa volonté hégémonique pantouranienne et panislamique, que dans un but plus bassement électoraliste de tenue de sa base.

Mais avant d’être un maillon faible, la France est surtout Le verrou idéologique à faire sauter pour les islamistes de tous poils et de toutes tendances.

Car le creuset laïc et la capacité, même théorique, de la France d’assimiler une bonne proportion de ses populations immigrées, sont tout ce que redoutent les islamistes, et Erdoğan en particulier, qui estime que « l’assimilation est un crime contre l’humanité »[2].

Paris redevient aussi la nouvelle Rome, sans doute sous la pression des bombes et des attaques, creuset de nouveaux intellectuels et citoyens éclairés.

Paris est aussi parfois bien seule face à une presse anglo-saxonne qui n’hésite pas à nous tirer dans le dos de manière éhontée et lâche : les articles anti-français du New York Times et du Financial Times étant les derniers exemples d’une déroute de la pensée et de la traitrise contre notre civilisation. Sous couvert de repentance du colonialisme ou d’« islamophobie », certains de ces journalistes excusent les attaques atroces qu’ont à subir nos concitoyens, à commencer par celle de Samuel Paty. Ces grands moralisateurs firent moins les fiers lorsque la petite et pacifique Autriche eut à subir coup sur coup une attaque terroriste et des menaces de guerres de la part d’Erdoğan.

Que doit faire la France face aux attaques ?

Notre réponse doit se faire sur plusieurs plans, et plusieurs séquences.

Tout d’abord, la France doit pouvoir s’assurer que ses alliés, et notamment au sein des pays arabes, entendent bien une musique claire et limpide de la part de Paris. Ils doivent savoir que la France éternelle est et sera toujours la patrie des Lumières, de la Liberté, mais aussi un creuset civilisationnel singulier et indépendant dans le concert des Nations. Ils doivent pouvoir compter sur la France comme nous comptons sur eux dans cette guerre de Trente ans qui nous frappe durement, comme elle les frappe aussi.

Puis la France doit pouvoir désigner ses ennemis sans faux-semblants. Pour cela, elle doit ôter les voiles de l’hypocrisie et du politiquement correct.

Elle doit ensuite frapper durement ceux qui l’insultent et tentent de fomenter l’agitation, la sédition ou de semer la terreur.

Il faut tout d’abord déclarer l’organisation des Frères Musulmans organisation terroriste, comme c’est déjà le cas dans de nombreux pays arabes, dont les Émirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite et l’Égypte.

Cela doit aussi passer par des menaces de renégociation des traités de libre-échange avec Ankara, sachant que la Turquie bénéficie d’une balance excédentaire de 8,7 milliards de dollars de produits turcs exportés vers la France en 2019, contre 5,9 milliards de produits français exportés vers la Turquie. Si le très symbolique et théorique embargo brandi par Erdoğan faisait du mal aux produits français, l’inverse serait bien pire pour la Turquie.

Puisque nous sommes dans le symbole, il ne faudrait pas que la France hésite à faire passer son porte-avions « le Charles-de-Gaulle » dans les détroits internationaux du Bosphore, ce qui impliquerait notamment un passage à Istanbul tous pavillons dehors et sirènes hurlantes. Ce passage en mer Noire serait aussi l’occasion de protéger l’Arménie d’un second génocide, alors qu’elle se trouve confrontée à la présence de l’armée azerbaïdjanaise et de milices islamistes pro-turques à ses frontières.

Il ne faut pas traiter Erdoğan et les siens autrement que ne le fit Vladimir Poutine lorsqu’il le fit attendre de longues minutes dans l’antichambre de son bureau présidentiel au Kremlin, et lui imposa une photo souvenir sous la statue monumentale de Catherine II, victorieuse des armées de la Sublime Porte.

Enfin, la France doit apaiser les tensions, en rappelant que la laïcité n’est certainement pas une nouvelle religion, comme certains tentent de l’imposer, mais bien un bouclier. Il ne s’agit donc certainement pas ni de cautionner, ni de condamner des dessinateurs, des journalistes ou des caricaturistes, mais bien de les laisser dessiner, écrire ou critiquer.

Il s’agit enfin de remettre l’église au milieu du village, et de se souvenir que la France, qu’on le veuille ou non, fut la fille aînée de l’Église, que beaucoup de ses souverains protégèrent les minorités religieuses de France et d’Orient, même si ces chemins ne furent pas un long fleuve tranquille.

La laïcité est donc elle-même fille du christianisme, et c’est justement ce qui fait sa force pour protéger toutes les religions, plutôt que pour les rejeter et les insulter. 


[1] 5 140 000 selon Michèle Tribalat, ne comptant que les maghrébins immigrés et les nés en France de 1ère et 2ème génération.

[2] Voir Ghislain de Castelbajac « d’un Sultan l’autre », du 9 mars 2020


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