Nikola Mirkovic est Président de l’Association Ouest-Est et analyste politique. De nationalités serbe et française, il est diplômé de l’European Business School et passionné de géopolitique. Il travaille dans l’humanitaire depuis 2006 en cofondant l’association Solidarité Kosovo pour venir en aide aux Serbes du Kosovo et de la Métochie victimes de la guerre de 1999 et de ses conséquences. Il est l’auteur d’un livre retraçant l’histoire de la province serbe Le martyre du Kosovo, à travers lequel il dénonce l’imposture des mensonges occidentaux et éclabousse la version officielle de la guerre du Kosovo. En 2014 Nikola Mirkovic rejoint Vostok France Solidarité Donbass, association au sein de la laquelle il a déjà réalisé plusieurs missions humanitaires pour les victimes de la guerre au Donbass tout en continuant ses missions pour le Kosovo.
Mother Russia
L’influence russe dans la région des Balkans est incontestable. Pour Nikola Mirkovic, le lien est historique, car nous sommes en présence de deux peuples majoritairement orthodoxes et très proches des peuples slaves : « Les Serbes des Balkans voient les Russes comme des Grands Frères. L’influence russe dans la région est omniprésente, qu’il s’agisse des hydrocarbures, de l’influence culturelle et cinématographique. N’oublions pas que le drapeau de la Serbie porte les couleurs inversées du drapeau russe. Les Russes ont été aux côtés des Serbes lors des guerres contre les Ottomans, pendant les deux guerres mondiales ».
Dans les Balkans, la Russie joue le rôle de mère nourricière mais également protectrice. Pour l’analyste, les « petits peuples ont toujours besoin des grands peuples pour les protéger. Il y a peut- être 8 millions de déracinés issus de la diaspora, éparpillés dans le monde. Ces personnes voient la Russie comme une Nation protectrice. C’est le sens de l’Histoire. La Russie succède à l’autre peuple -Frère aîné- pour les Serbes, qui était le peuple français depuis la Première Guerre Mondiale ». Malheureusement, comme le pointe très justement l’auteur, la doxa atlantiste française et son alignement sur la conduite étatsunienne des affaires internationales a éloigné la France de son allié naturel dans les Balkans. Dès lors, la France est passée à côté de l’occasion d’avoir un contrepoids majeur face à l’Allemagne, la Turquie et même la Russie.
La triple désillusion de la technostructure européenne
Nikola Mirkovic pointe l’aveuglement de la technostructure européenne et les dangers d’une idéologie mortifère qui pousse l’Europe et l’OTAN à l’ouverture d’un prochain conflit mondialisé. « Il va falloir négocier ». Non seulement les Européens et les Américains ont « mis toutes leurs billes dans une contre-offensive ukrainienne qui n’a rien donné, mais surtout, les Russes sont en train de consolider leur progression ».
« Malgré les investissements considérables en matériel de l’OTAN, malgré les satellites de l’OTAN, malgré les consultants, nos propres soldats envoyés sur place pour dispenser de la formation, l’armée russe gagne du terrain. On s’est complètement décrédibilisé en suivant la politique américaine » estime l’analyste.
Une double désillusion pour les européistes poursuit le spécialiste des Balkans, lorsqu’il s’agit d’évoquer l’adhésion de l’Ukraine à l’Union Européenne. « Que va-t-il rester de l’Ukraine ? » s’interroge à juste titre Nikola Mirkovic. « Cela va coûter beaucoup d’argent et c’est un pays qui non seulement est failli mais qui faillit. Nous sommes en proie à des effets d’annonce de politiciens déconnectés de la réalité. Ils ne se rendent pas compte du travail qu’il va falloir engager. Il faudra nettoyer les écuries d’Augias »
Enfin, comment ne pas évoquer la troisième grande désillusion des « techno » européens lorsqu’on regarde les chiffres récents du FMI. La Russie a une croissance supérieure à la totalité des pays du G7 en 2023, et les projections 2024 suivent la même tendance. « Toutes les politiques de sanctions qui devaient faire chuter l’économie russe, comme l’avait affirmé notre Prix Nobel de l’intelligence, Bruno Lemaire, n’ont pas fonctionné. Les Russes tirent leur épingle du jeu. Les Chinois tirent leur épingle du jeu. Les grands pays du Moyen-Orient sont en train de tirer leur épingle du jeu. Les dindons de la farce sont les Européens. »
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Diplômée de la Business School de La Rochelle (Excelia – Bachelor Communication et Stratégies Digitales) et du CELSA – Sorbonne Université, Angélique Bouchard, 25 ans, est titulaire d’un Master 2 de recherche, spécialisation « Géopolitique des médias ». Elle est journaliste indépendante et travaille pour de nombreux médias. Elle est en charge des grands entretiens pour Le Dialogue.
