Le Président Biden se dit « extrêmement fier » de son fils, Hunter, mais « ne le graciera pas »

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Hunter Biden sera-t-il lâché par son père de président ? Montage Le Diplomate

Par Angélique Bouchard

Joe Biden a livré ses premiers commentaires publics sur la condamnation de son fils lors de la conférence de presse du G7, en présence du dirigeant ukrainien Volodymyr Zelenskyy, en Italie. Un journaliste de l’Associated Press a posé la question suivante :

« Vous vivez quelque chose que tant de familles américaines traversent, à l’intersection de la toxicomanie et du système de justice pénale. Mais vous n’êtes pas comme la plupart des familles. Votre fils a -t-il pu bénéficier d’un procès équitable ? Croyez-vous que le ministère de la Justice fonctionne indépendamment de la politique ? »

Le président Biden a répondu : « En ce qui concerne la question concernant la famille, je suis extrêmement fier de mon fils, Hunter. Il a surmonté sa dépendance. Il l’a fait. C’est l’un des hommes les plus brillants et les plus honnêtes que je connaisse. Je l’ai dit, je respecterai la décision du jury, je le ferai mais je ne le gracierai pas » (Source : President Biden says he is « extremely proud » of Hunter, though will not pardon him, par Greg Wehner, Fox News, 13 juin 2024).

Hunter Biden a été reconnu coupable mardi 11 juin 2024, d’accusations fédérales, concernant sa détention d’armes à feu et de prise de drogues illégales, par un Jury du Delaware et risque jusqu’à 25 ans de prison. Il est cependant peu probable qu’il écope de la peine maximale. Chaque chef d’accusation est également passible de 250 000 dollars et de trois ans de mise en liberté surveillée. Il devra également faire face à un deuxième procès en Californie, en septembre prochain, pour non-paiement d’impôts depuis plusieurs années.

L’affaire Hunter Biden : retour sur une affaire pénale historique

Le jury du Delaware a délibéré pendant trois heures au total, les lundi 10 après-midi et mardi 11 juin matin. Ce procès aura duré six jours et demi comprenant des témoignages émouvants des membres de la famille Biden, dont sa fille, Naomi Biden, de son ex-femme, Kathleen Buhle et de sa belle-sœur devenue sa petite amie, Hallie Biden.

Le premier fils Biden a été reconnu coupable d’avoir fait une fausse déclaration lors de l’achat d’une arme à feu, d’avoir fait une fausse déclaration concernant des informations qui auraient dues être conservées par un marchand d’armes agréé par le gouvernement fédéral, de possession d’une arme à feu par une personne qui est un utilisateur illégal ou « accro » à une substance illicite.

Les procureurs se sont efforcés de prouver que Hunter Biden avait menti sur un formulaire fédéral de détention d’armes à feu, connu sous le nom de formulaire TAF 4473, en octobre 2018. Il a coché une case intitulée « NON », à la question « êtes – vous en position de dépendance à des substances contrôlées ? ». Hunter Biden a acheté l’arme dans un magasin dénommé StarQuest Shooters & Survival Supply à Washington.

« Je suis plus reconnaissant aujourd’hui pour l’amour et le soutien que j’ai reçus la semaine dernière de la part de Melissa, de ma famille, de mes amis et de ma communauté, que je ne suis déçu par le résultat. Le rétablissement est possible par la grâce de Dieu et j’ai la chance de pouvoir faire l’expérience de ce cadeau un jour à la fois », a déclaré Hunter Biden dans un communiqué, suite au verdict (Source : Hunter Biden found guilty on all counts in gun trial, par Emma Colton et Brooke Singman, Fox News, publié le 11 juin 2024).

Ce procès historique aura surtout jeté la lumière sur les affres d’une famille, frappée par des drames et de nombreux dysfonctionnements. Le cinquième jour du procès, les américains auront découvert le témoignage d’une « belle- sœur paniquée » devenue l’amante, Hallie Biden, expliquant au jury, la consommation de crack par l’ex-couple et les événements entourant la disparition du Cobra Colt 38.

Hallie Biden est la veuve, de Beau Biden et a entamé une relation avec Hunter Biden, en 2015, après le décès de son mari, des suites d’une tumeur cérébrale. Le couple a entretenu une relation amoureuse intermittente jusqu’en 2019. Son témoignage a porté sur le fait que Hunter lui avait fait découvrir le crack en 2018, notant qu’elle regrettait profondément son addiction à cette drogue puissante et destructrice et qu’elle était devenue sobre depuis.

« C’est une expérience terrible que j’ai vécue et j’étais gênée et honteuse… Je regrette cette période de ma vie » a déclaré Hallie Biden jeudi dernier (Sources : Hunter Biden trial enters day 5 after testimony from sister-in-law-turned girlfriend : « Panicked », par Emma Colton, Fox News, publié le 7 juin 2024).

Hallie Biden a été une des figure-clé du procès : c’est elle qui a jeté l’arme de Hunter Biden dans une poubelle à l’extérieur d’un supermarché de Wilmington et qui a également fourni les informations à la police sur leur commune dépendance au crack au cours de l’année où Hunter Biden a acheté l’arme. Elle a même témoigné sous immunité et a déclaré qu’elle fumait du crack avec Hunter et l’avait même accompagné dans le cadre de trafics de drogue. Elle est devenue sobre en août 2018.

Elle a été interrogée par les procureurs et l’équipe de la défense à propos de sa découverte de l’arme de Hunter Biden dans la console du camion du fils Biden, sur sa propriété à Wilmington. Après avoir déposé ses deux enfants à l’école du 23 octobre 2018, Hallie Biden est allée nettoyer le camion de Hunter Biden pour le débarrasser de toute trace de drogue ou d’alcool. Hunter Biden, dit-elle, était « fatigué, épuisé et aurait pu être sous drogue ». En dehors des détritus et des vêtements, elle a trouvé des restes de crack, des accessoires et l’arme évidemment, accompagnée d’une boîte de munitions et de quelques balles libres.

La consommation et la dépendance au crack de Hunter Biden a occupé le devant de la scène durant tout le procès, particulièrement en son quatrième jour, lors des témoignages des « ex » du fiston. Les détails sur la relation de Hunter Biden avec une strip-teaseuse de 24 ans, son besoin de crack toutes les 20 minutes et la façon dont sa dépendance croissante a détruit son premier mariage, ont été les détails scabreux qui ont rythmé le quatrième jour du procès.

« Il avait envie de fumer dès qu’il se réveillait » a témoigné le mercredi 5 juin 2024, l’ex-petite amie de BIden, Zoe Kestan. Elle a rencontré Biden lorsqu’elle travaillait dans un « club pour gentlemen » à New York, alors qu’elle avait 24 ans, et lui 48. (Source : Hunter Biden trial enters day 4 wild testimony exes on rampant drug use, trashed hotel rooms, par Emma Colton, Fox News, publié le 6 juin 2024) ;

Kestan a détaillé dans son témoignage, qu’elle avait rencontré Biden en décembre 2017, après qu’il ait réservé une chambre privée pendant 30 minutes au club de strip-tease où elle travaillait, entraînant une relation avec un homme qu’elle a décrit comme « charmant et charismatique ».  Cette dernière, qui a témoigné sous immunité, a expliqué au jury, l’abus de drogues endémique du fils Biden tout au long de leur relation, y compris son abus de crack dans les chambres d’hôtel, ses allers-retours furtifs dans les toilettes publiques pour consommer sa dose et comment elle l’avait aidé à se procurer de la drogue auprès de dealers. Elle a déclaré que le crack qu’il achetait souvent avait la taille d’une balle de « ping-pong », qu’il brisait en morceaux et allumait dans des pipes en verre.

Kestan poursuit en décrivant Hunter Biden comme un homme « super charmant » et qu’elle était confuse quant à la façon dont il était capable de paraître « cohérent et conscient après avoir fumé de la drogue ». Elle poursuit en décrivant leur relation éclair comme une « distraction » pour Biden, qui se cachait pendant des jours avec elle, dans des chambres d’hôtel chics comme le Four Seasons de New York ou dans un bungalow à Los Angeles, Château Marmont.  La chute de leur relation s’est soldée lorsque Hunter Biden lui a demandé de nettoyer l’une des chambres d’hôtel saccagée, qui était jonchée de résidus de crack, de pipes, de collations et d’alcool. Il lui aurait demandé de récupérer également sa voiture après qu’elle ait été remorquée à Los Angeles en 2018.

Le témoignage de Kestan était accompagné de photos représentant des pipes à crack dans des chambres d’hôtel, placées à côté de bouteilles d’alcool ou de bière, de photos de Hunter Biden, torse nu dans un bain moussant avec Kestan et une capture d’écran d’une vidéo FaceTime, montrant le tatouage de Biden qui ressemblait à des marques de griffures. Les jurés ont appris également que le fils Biden avait appris à cuisiner du crack, sur la preuve d’une photo de bicarbonate de soude utilisée pour transformer de la cocaïne en crack, dans une des chambres d’hôtel occupées par le couple.

Kestan a enfin déclaré que Hunter Biden parlait souvent de sa toxicomanie, souhaitant devenir sobre, y compris en envisageant de « purger son corps » dans du venin de grenouille appelée « Kambo » pour en éliminer les drogues.

Kathleen Buhle, l’ex-femme de Biden, mariée à lui depuis plus de 20 ans, avec qui elle a eu trois filles a également pris la parole, ce même jour. Buhle et Biden ont divorcé en 2017, après que cette dernière ait découvert une pipe à crack sous le porche de de leur ancienne maison à Washington D.C. en 2015. Elle soupçonnait déjà son mari de toxicomanie, ce dernier ayant été libéré de ses obligations de réservistes de la Marine après avoir été testé positif à la cocaïne. « Inquiète et effrayée », Kathleen Buhle a décrit comment elle recherchait les drogues et les accessoires liés à leur consommation dans la voiture du couple pour éviter que leurs filles ne tombent dessus. Après l’échec de leur thérapie de couple en 2015, leur mariage a pris fin, le « Vendredi Saint 2017 » a-t-elle précisé.

Un réel impact sur la campagne présidentielle de son père ou une stratégie de « fausse équivalence » ?

Ces verdicts de culpabilité de Hunter Biden fournissent à l’équipe Trump de précieuses munitions.

« Ce procès n’a été rien de plus qu’une distraction des véritables faits de la famille criminelle Biden, qui a engrangé des dizaines de millions de dollars en Chine, Russie et en Ukraine » a fait valoir l’équipe de campagne des Républicains dans un communiqué.

Mais certains experts démocrates qualifient la comparaison de « faux équivalent », car « Hunter Biden n’est pas un bulletin de vote ». De plus, estiment-ils, des millions d’Américains sont confrontés quotidiennement à des problèmes d’usages de substances (Source : Will Hunter Biden guilty verdicts impact his father’s rematch with Trump in 2024 presidentiel election ?, par Paul Steinhauser, Fox News, 11 juin 2024).

Il est toujours intéressant de mesurer l’impact des affaires judiciaires sur les élections et leurs conséquences sur la motivation du vote de l’électorat-cible. Un récent sondage de l’Université de Monmouth, a été réalisé du 6 au 10 juin 2024, juste avant la condamnation mardi 11 juin, de Hunter Biden, auprès de 1106 adultes interrogés par téléphone dans tout le pays. L’erreur d’échantillonnage globale de l’enquête est de plus ou moins 3, 9 points.

Les précédentes enquêtes d’opinion ont indiqué le faible impact du procès pénal de Donald Trump, sur sa revanche électorale de novembre 20024. Ce dernier a été condamné pour 34 chefs d’accusation, liés à la falsification de dossiers commerciaux en relation avec des paiements à l’actrice de films pornographique, Stormy Daniels, pour qu’elle garde le silence sur leur prétendue liaison, et ce, durant les élections présidentielles de 2016. Les procureurs en charge de cette affaire, ont fait valoir que cela revenait à « chercher illégalement à influencer les élections présidentielles de 2016 ».

La récente enquête de l’Université de Monmouth indique qu’une large majorité des personnes interrogées (57%) ont estimé que les accusations portées à l’encontre du précédent président des États-Unis étaient « politiquement motivées ». Près de la moitié des sondés disent la même chose à propos du procès de Hunter Biden, qui s’est soldé mardi dernier, avec la condamnation du plus jeune fils Biden pour 3 chefs d’accusation liés à son achat en octobre 2018 et à sa possession d’un révolver alors qu’il consommait des drogues illégales. A titre de comparaison, 48% des sondés pensent que les accusations portées à l’encontre de Hunter Biden sont politiquement motivées.

« Les deux candidats continuent de bénéficier de niveaux de soutien presque identiques avec un niveau d’enthousiasme qui a augmenté dans les deux camps ».

Selon l’enquête, près de quatre électeurs sur dix déclarent qu’ils voteront pour le président démocrate sortant. Un résultat quasi-identique est observé à la même question concernant l’ancien président républicain. 49% des personnes interrogées déclarent qu’elles ne voteront certainement pas pour Joe Biden. Un résultat similaire est pointé dans l’enquête concernant Donald Trump.

Si 47 % des sondés se sont déclarés en accord avec les verdicts de culpabilité prononcés par le jury lors du procès Trump, 34 % soutiennent l’ancien président républicain.

Les résultats de cette dernière enquête sont peu évolutifs par rapport au dernier sondage national de Monmouth, durant l’automne dernier. Depuis des mois, Donald Trump détient un léger avantage sur son concurrent démocrate, dans la plupart des sondage d’opinion réalisés dans les sept États- clés de la course électorale de novembre 2024. Ces résultats concordent avec l’ensemble des enquêtes nationales menées depuis la fin du procès de Donald Trump.

Près de la moitié des américains interrogés approuvent les verdicts concernant la culpabilité de mis en cause, mais les opinions et les intentions de vote restent stables.

« De nombreux Américains sont sceptiques quant à ces procès très médiatisés et il existe un écart partisan évident selon l’accusé dont nous parlons dans l’enquête. Pourtant, les résultats indiquent que les Républicains ont un niveau de méfiance plus élevé à l’égard de notre système judiciaire que les démocrates » a déclaré le directeur du Polling Institute, Patrick Murray, Université de Monmouth. (Source : Trump and Hunter Biden guilty verdicts effect on voter sentiment probed in new poll, par Paul Steinhauser, Fox News, 13 juin 2024).


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