Iran : l’élection du réformateur Massoud Pezeshkian, prémices d’un changement ?

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Président iranien Massoud Pezeshkian
Le nouveau président iranien a-t-il pour autant les moyens de ses ambitions ? N’est-il pas pieds et mains liés aux directives de l’ayatollah Ali Khamenei ? Montage Le Diplomate

Le candidat réformateur Massoud Pezeshkian a remporté le second tour de la présidentielle en Iran, devant l’ultraconservateur Saïd Jalili, laissant sous-entendre une volonté d’ouverture vers l’occident. Décryptage d’un scrutin dont les enjeux dépassent de loin les seules frontières de l’Iran.

A peine quelques heures après les résultats de la quatorzième élection présidentielle de la République islamique iranienne, les partenaires de Téhéran ont adressé leurs félicitations au nouveau président. Le russe Vladimir Poutine a été le premier à féliciter Massoud Pezeshkian.  « J’espère que votre activité au poste de président va contribuer à un renforcement ultérieur d’une coopération bilatérale constructive tous azimuts pour le bien de nos peuples amicaux », a souligné Vladimir Poutine dans un communiqué diffusé par le Kremlin. Les deux pays ont scellé un partenariat stratégique pour une durée de 25 ans en 2021.

L’Iran pas si isolé

Le président chinois Xi Jinping a également salué la victoire du nouveau président iranien. Téhéran et Pékin ont également signé en 2021 un pacte de coopération sur une durée de 25 ans avec 400 milliards de dollars d’investissements chinois à la clé sur le territoire iranien.

Signe d’un apaisement entre les deux poids lourds du Moyen-Orient, le prince héritier Mohamed Ben Salmane a également envoyé un message de félicitations. « Nous vous adressons nos sincères félicitations et nos meilleurs vœux de succès et de réussite, en espérant continuer à développer les relations qui lient nos deux pays et nos deux peuples frères », a dit le souverain saoudien dans son message, selon l’agence SPA. Il a souligné aussi sa volonté de « poursuivre la coordination et la concertation afin de renforcer la paix et la sécurité régionales et internationales ». Sous la houlette de Pékin, les deux pays avaient renoué contact officiellement en mars 2023. L’Inde, la Turquie, les Emirats arabes unis ou encore Cuba et le Venezuela ont adressé leurs félicitations à Massoud Pezehkian. Les groupes paramilitaires plus ou moins inféodés à Téhéran, à l’instar du Hamas, du Hezbollah, des Houthis et de plusieurs mouvements irakiens ont également adressé un message.

Avec 16 millions de voix, le député de Tabriz, la grande ville du nord-ouest de l’Iran, devient le quatorzième président de la République islamique iranienne. « Le chemin devant nous est difficile. Il ne sera facile qu’avec votre collaboration, empathie et confiance. Je vous tends la main », a-t-il écrit sur la plateforme X après sa victoire, en s’adressant aux électeurs de son adversaire et aux nombreux abstentionnistes. En effet, la participation s’est établie à 49,8 %.

Alors que les observateurs occidentaux le donnaient perdant face à l’ultraconservateur Saïd Jalili, ce réformateur a réussi à obtenir le soutien d’anciens présidents, le réformateur Mohammad Khatami et le modéré Hassan Rohani, ainsi que de l’ex-ministre des Affaires étrangères Javad Zarif, l’architecte de l’accord nucléaire conclu avec les grandes puissances en 2015. Compte tenu de la grogne populaire en Iran, en raison des conditions de vie liés aux sanctions économiques, le nouveau président a promis d’agir pour améliorer le quotidien des Iraniens.

L’Iran est en effet en proie à une crise économique aiguë depuis le rétablissement et le renforcement des sanctions occidentales, notamment américaines, après le retrait unilatéral en 2018 de Washington de l’accord sur le nucléaire iranien. Ces sanctions ont contribué à une importante dépréciation de la monnaie nationale ayant engendré une forte inflation et, par conséquent, une érosion du pouvoir d’achat des Iraniens.

Un président qui tend la main à l’Occident

Cet ancien ministre de la Santé de 2001 à 2005 dans le gouvernement du réformateur Mohammad Khatami a par ailleurs indiqué que son pays ne sera « ni anti-ouest ni anti-est », en souhaitant sortir l’Iran de l’isolement occidental. En effet, il a également déclaré «si nous parvenons à faire lever les sanctions américaines, les gens auront une vie plus confortable », un message clair à l’administration américaine.

Le nouveau président iranien a-t-il pour autant les moyens de ses ambitions ? N’est-il pas pieds et mains liés aux directives de l’ayatollah Ali Khamenei ? Contrairement à la plupart des pays, le président iranien n’est pas le chef de l’État, fonction qui est assurée par le Guide suprême, âgé de 85 ans et en poste depuis 35 ans. Le président est élu pour quatre ans et dirige le gouvernement ainsi que sa politique. Le poste de Premier ministre n’existe pas en Iran. Une ouverture à l’occident ne dépend-t-il pas de la volonté du futur locataire de la Maison Blanche ? Si Donald Trump est élu en novembre prochain, il est fort à parier que les sanctions américaines ne seront pas levées.

Massoud Pezehkian hérite aujourd’hui d’une politique étrangère accès sur le sud global avec l’entrée dans les Brics, l’adhésion à l’organisation de coopération de Shanghai, un renforcement des partenariats avec la Russie et la Chine et une ouverture vers le continent africain. Le nouveau président iranien devra également composer avec les alliances traditionnelles au Moyen-Orient, à savoir les liens avec « l’axe de la résistance » et ce, alors que le conflit à Gaza entre dans son dixième mois et que les affrontements entre le Hezbollah et l’armée israélienne n’ont toujours pas cessé.

La campagne électorale avait débuté le 12 juin à la suite de l’accident d’hélicoptère survenu le 19 mai dernier qui a entraîné la mort d’Ebrahim Raïssi et de son chef de la diplomatie. Le président par intérim, Mohammad Mokhber, 68 ans, a été chargé en urgence de superviser la bonne organisation du scrutin. 


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