Tentative d’assassinat de Donald Trump : Y a-t-il eu des manquements dans la sécurité ?

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“Fight !” Ceci sera sans doute la photo de l’année 2024… Photo X/Droits Réservés

Thomas Matthew Crooks, 20 ans, a été identifié comme l’homme qui a tiré sur Donald Trump lors d’un rassemblement en Pennsylvanie ce 14 juillet.

Outre-Atlantique, la polémique concernant les failles de la sécurité de Trump commence déjà à poindre. Le Diplomate a demandé à un expert de la sécurité et de la protection rapprochée s’il y avait eu des manquements lors de cette tentative d’assassinat qui a coûté la vie à deux personnes (un participant au meeting et le tireur) et blessé l’ancien président des États-Unis.

Entretien exclusif avec Ofir, consultant international en sécurité et en gestion de crise, liée notamment au terrorisme, pour des institutions et de grandes entreprises. Ancien auditeur de l’IHEDN et de l’INHESJ, Ofir est diplômé de l’Institut d’Études Politiques spécialisé en Intelligence économique et Stratégique. Homme de terrain et d’expérience, il nous livre ici son analyse.

Propos recueillis par Angélique Bouchard

Le Diplomate : Tout d’abord, pouvez-vous nous expliquer comment se répartit la sécurité de l’ancien président Trump lors d’un meeting comme celui de Pennsylvanie ? Sécurité privée, police locale, FBI, Secret Service… Qui fait quoi ?

Ofir : Lors d’un événement de type meeting électoral, que ce soit aux États Unis ou bien ailleurs, différents cercles de sécurité composent le dispositif mis en place.

Ces “bulles” de protection, allant du plus éloigné du VIP au plus proche, sont effectués par différents acteurs et distances qui peuvent aller du maître-chien spécialisé en détection arme/défense en passant par des filtrages de type portiques, comme ceux que l’on retrouve dans les aéroports pour arriver progressivement à la bulle de protection rapprochée, effectués par des personnels spécialisés sur ce type d’action. Les accès routiers sont également gérés, stoppés, détournés selon le besoin et la configuration de l’événement. Au niveau aérien, des drones sont activés ainsi que des points hauts de type “THP” (tireur haute précision), spécialisés dans la détection de snipers ennemis ou toute menace au sol ainsi que la riposte adaptée en cas d’attaque.

Ces différents cercles peuvent être effectués par des personnels en uniforme ou en civil.

LD : Dans de tels évènements, y a-t-il toujours un précurseur ou une “équipe rouge” (équipe d’experts qui pensent comme les assassins) ?

O : Il ne faut pas confondre les précurseurs avec les “Red team”.

Le travail des “Red team” est effectivement, entre autres, de penser comme un attaquant afin d’établir un dispositif adapté à la menace du moment et de l’événement. Ce travail est basé sur du renseignement ainsi que sur de l’analyse tactique. Il s’agit d’un travail à part entière. Leur utilisation et leur rôle varient selon les pays.

Le travail des précurseurs en revanche, est d’arriver sur les lieux en amont et d’effectuer des fouilles approfondies, de vérifier que le plan de protection mis en place est opérationnel et réalisable afin de modifier, s’il y en a besoin, les itinéraires ou autres points du dispositif.

LD : Le tireur était placé à 128 m de la tribune du discours de Trump sur “un point haut” (high ground) sensible. Comment l’homme a pu s’installer librement à cet endroit relativement proche de sa cible sans être inquiété par la police ? Ces toits n’auraient-ils pas dû être survolés par des drones ou au préalable sécurisés et “aseptisés” par les forces de sécurité ?

O : L’événement est frais donc je n’ai pas tous les détails précis, mais effectivement certaines failles apparaissent en termes de fouille, mais également sur d’autres points tactiques.

Le premier grand point est effectivement que le tireur a effectué ses tirs d’une distance approximative de 128 mètres, alors que les THP scannent à des distances en général de 200 mètres (sans rentrer dans les détails).

Ils ont donc peut-être été surpris.

Un sniper travaille par binôme avec un tireur et un spotteur, chargé de surveiller et de protéger le tireur. Il manquait également apparemment ici de spotteurs pour détecter une menace plus proche.

LD : Lors d’une telle crise, rien ne peut jamais être parfait. Or les hommes chargés de la protection des personnalités sont des professionnels qui répètent à l’infini, jusqu’à l’automatisme, leurs gestes. Comment jugez-vous la réaction des hommes du Secret Service, chargés de la sécurité rapprochée de l’ancien président lors des premières détonations ? Ont-ils bien réagi selon vous ? Et l’extraction de Trump ?

O : Je ne me permettrais pas de juger, mais simplement de donner un avis sur les faibles éléments en ma possession.

Effectivement, la riposte a permis 3 tirs, ce qui est beaucoup. Ensuite, l’évacuation a été très lente et mal gérée sur plusieurs aspects.

La direction d’évacuation n’était apparemment pas claire, Trump a continué à déambuler devant son public etc.

LD : Que dire sur les 5 secondes qu’il aura fallu aux snipers (THP, tireurs haute précision) du Secret Service pour riposter et neutraliser le tireur ? D’après vous, est-ce que de ce côté-là le travail a été bien fait ?

O : Cela rejoint mon propos précédent, qui est la succession d’une fouille non conforme, d’un contrôle d’accès comprenant des failles et de la surprise des THP quant à la proximité du tireur.

LD : Sur l’aspect tactique Protec., quel bilan faites-vous donc sur la sécurité générale durant cet évènement ?

O : Le tireur était jeune, avait espionné pour le parti afin de passer inaperçu, mais avait quand même fait une vidéo avant son passage à l’acte comme le font beaucoup de terroriste de type djihadiste en dédicace à leur cause.

Une succession de petites failles et/ou d’une mauvaise coordination entre les services peuvent conduire tout événement à cette issue.

LD : Il reste quatre mois avant l’élection. Une autre tentative de la sorte peut-elle se reproduire ou la sécurité aura appris de ses erreurs ?

O : Le monde de la sécurité n’est pas un domaine où l’on obtient 100 % d’assurance malgré les efforts engagés et mis en place. Les modes opératoires évoluent en permanence et les différents services doivent toujours être ‘’ à la page ‘’.

Dans un cas comme celui-ci, tous les services, de différents pays, apprennent et revoient leurs méthodes, tactiques et entraînements pour évoluer. Le domaine de la protection est en perpétuel mouvement. Son ennemi est l’ego et la routine, qu’il faut combatte par divers moyens mis en place.


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