Par André Boyer – Son blog : http://andreboyer.over-blog.com/
La révolution agricole a eu tout d’abord des effets sur le volume et le coût de la production, entrainant à leur tour des effets secondaires.
Dans les pays où la deuxième révolution agricole a le plus progressé, les gains de productivité agricole ont été si importants qu’ils ont souvent dépassé ceux des autres secteurs de l’économie.
Il en est résulté une forte baisse des coûts de production et des prix réels des produits agricoles. Les prix réels des denrées agricoles de base, céréales, oléo protéagineux, viandes, lait, ont été divisés par trois ou quatre au cours de la seconde moitié du XXe siècle.
Avec la baisse des coûts des transports et la libéralisation des politiques agricoles et du commerce international, les centaines de millions d’agriculteurs qui n’avaient pas adopté la deuxième révolution agricole ont progressivement subi la concurrence des denrées produites par les autres. En effet, les marchés internationaux ont été approvisionnés en quantités croissantes par différents types de pays, d’une part des pays développés bien dotés en terres exploitables, comme les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et quelques pays européens, où la production agricole a progressé beaucoup plus vite que la population, ce qui a permis à la fois un enrichissement des régimes alimentaires dans ces pays et une hausse des exportations.
En outre, des pays en développement ayant adopté la révolution verte comme la Thaïlande ou le Vietnam et des pays comme l’Argentine et le Brésil avec de grands domaines modernisés sont devenus exportateurs alors même que la sous-alimentation y est encore très répandue.
La baisse des prix n’a pas concerné seulement les denrées vivrières de base, elle a aussi touché des cultures d’exportation traditionnelles des pays tropicaux concurrencées soit par des cultures ayant bénéficié de la deuxième révolution agricole comme le coton, soit par des produits industriels de remplacement (caoutchouc synthétique contre hévéa culture, textiles synthétiques contre coton)
Dans les pays développés, la forte baisse des prix agricoles réel a entrainé une diminution importante du revenu des petites et moyennes exploitations qui n’ont pas eu les moyens d’investir suffisamment pour augmenter leur production ou de développer des activités complémentaires. De nombreuses exploitations se sont ainsi retrouvées dans l’incapacité de dégager un revenu acceptable. Non rentables, elles ont été partagées entre les exploitations voisines lors de la retraite de l’exploitant, contraignant les enfants de ces agriculteurs à aller chercher du travail dans l’industrie ou les services. C’est ainsi que plus des trois quarts des exploitations agricoles existant dans les pays développés au début du XXe siècle ont disparu.
La même situation s’est produite dans les pays en développement où des centaines de millions de paysans faiblement outillés, donc peu productifs, ont été confrontés à la baisse des prix de leurs produits. Ils ont dû décapitaliser pour survivre avant de devoir choisir entre la culture illicite de drogue ou l’exode vers les bidonvilles.
Le développement agricole au XXe siècle a donc été inégal au sens où la répartition des gains de productivité s’est opérée de manière très contrastée entre les différentes agricultures du monde, le développement des uns entrainant l’appauvrissement, la crise et l’exclusion des autres.
Ce processus a aussi entraîné des inconvénients écologiques. Dans les pays développés, les pollutions environnementales ou alimentaires dues à l’usage abusif d’engrais minéraux, de produits de traitement des plantes ou des animaux ou à de trop fortes concentrations d’animaux dans des ateliers de production hors-sol sont devenues manifestes à partir des années 1970.
En outre, la spécialisation des exploitations et des régions dans quelques productions et même dans quelques variétés de plantes ou races d’animaux a entraîné une diminution de la biodiversité. La prise de conscience de ces inconvénients a conduit à l’implémentation de politiques publiques correctrices et à l’évolution vers des pratiques plus économes en intrants ou vers l’agriculture biologique. Dans les régions concernées par la révolution verte, le même genre d’inconvénients est apparu, avec en plus, des problèmes de salinisation des sols dans certaines zones irriguées et mal drainées, ou d’épuisement des nappes souterraines en certains lieux.
Dans les zones forestières, les défrichements en vue d’installer de grands domaines porteurs de la deuxième révolution agricole ont contribué à la déforestation.
Enfin, il s’est avéré que certaines agricultures contribuaient fortement à l’émission de gaz à effet de serre : méthane issu des élevages bovins en forte croissance ; oxydes d’azote provenant des engrais azotés ; dioxyde de carbone émanant de l’utilisation de combustibles d’origine fossile contribuant à générer une crise agricole au XXIe siècle.
Il reste donc à construire l’agriculture du XXIe siècle…
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