Par Marc Fromager
EXCLUSIF – Durant tout l’été, Le Diplomate publie en exclusivité de larges extraits de l’ouvrage de Marc Fromager, Ukraine, Gaza et autres tracas, Les chrétiens d’Orient dans le nouveau grand jeu, Éditions Salvator, 2024.
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Avant d’en venir à l’Europe occidentale – gardons le pire pour la fin – traitons de la puissance américaine dont nous venons de dire que l’effondrement immédiat n’était pas à l’ordre du jour. Effondrement, non, mais fin d’une hégémonie unipolaire, c’est probable et en réalité déjà visible.
L’époque où les États-Unis sous couvert de l’OTAN bombardaient la Yougoslavie (où il y a aussi des Chrétiens d’Orient, les Serbes par exemple) sans l’approbation des Nations Unies – 28 000 bombes, y compris de l’uranium appauvri et des armes à sous-munitions, tuant plus de 2 000 civils et déplaçant 250 000 personnes – paraît lointaine (1999).
Ayant cédé à la tentation de l’hubris, persuadée de sa destinée, de son exceptionnelle qualité et de sa puissance, convaincue d’avoir gagné et d’être devenue le maître du monde, l’Amérique n’allait pas s’arrêter en si bon chemin.
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Un peu plus récemment, les États-Unis – ou leurs proxies – éliminaient Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi (en Libye, c’est nous !), essentiellement pour les punir de leurs velléités d’autonomie, notamment en termes de moyens de paiement – vouloir vendre du pétrole dans une autre monnaie que le dollar. Et pourtant, le nombre de pays qui dorénavant se passent du dollar pour leurs transactions énergétiques ne cesse d’augmenter.
C’est notamment le cas des BRICS +, ce conglomérat hétéroclite de pays qui compte tout de même un peu, particulièrement en ce qui concerne justement l’énergie : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud auxquels se sont rajoutés le 1er janvier 2024 l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Iran, l’Égypte et l’Éthiopie.
Ces dix pays représentent à eux seuls près de la moitié de la population mondiale et 31,5 % du PIB mondial, dépassant pour la première fois en 2023 la part du G7 (États-Unis, Canada, Japon, France, Allemagne, Royaume-Uni et Italie) qui se situe à 30,7 %. Et pas moins de 40 pays sont aujourd’hui plus ou moins avancés dans le processus de l’adhésion aux BRICS.
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Plus important encore, on assiste à une forme de ralliement du « Sud global », cet ensemble hétérogène de pays non alignés, principales victimes des effets négatifs de la mondialisation et qui rechignent de plus en plus à s’aligner sur l’axe occidental.
Hétéroclite, hétérogène, tout cela ne constitue pas un bloc mais force est de constater que la simple émergence et le véritable développement de cet ensemble démontrent chaque jour davantage la fin de l’unipolarité américaine.
À terme, la multiplication des échanges monétaires hors dollar ne pourra qu’affaiblir la devise américaine, ce qui est tout de même embêtant pour cette monnaie de singe, décorrélée de toute valeur réelle depuis la fin de sa parité avec l’or (1971) et entachée malgré tout par la dette sidérale des États-Unis (31 400 milliards de dollars début 2023, soit 123 % du PIB du pays). Seule la confiance relative attribuée malgré tout à la monnaie de référence dans les échanges internationaux lui permet de conserver aujourd’hui un rôle qui demeure incontournable.
Nouvel extrait la semaine prochaine…
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Né à Nouméa en 1968, Marc Fromager est père de six enfants. Il a une forte expérience à l’international puisqu’il a travaillé pendant près de 32 ans dans l’humanitaire. Homme de terrain, Marc fromager a notamment parcouru la planète lorsqu’il dirigeait (pendant 21 ans) l’Aide à l’Église en détresse (AED) en France. Aujourd’hui, il est le Directeur de l’Information pour l’association SOS Chrétien d’Orient. Il est par ailleurs un chroniqueur régulier pour Le Diplomate. Il est l’auteur du livre Guerres, pétrole et radicalisme, les chrétiens d’Orient pris en étau, Éditions Salvator, 2015, Prix “La plume et l’Épée” en 2016.
Association de soutien et d’aide aux chrétiens d’Orient : soschretiensdorient.fr
