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Ah, ça y est ! Grâce à Super Barnier, nous disposons à présent d’un fort beau gouvernement état neuf, très peu servi. Et vu les cadors qui le composent, on sait que le pays va sortir en chantant de l’ornière dans laquelle son président l’avait malencontreusement fourré : en effet, grâce à la pirouette de la dissolution, nous sommes passés d’une situation complexe où le chef de l’État semblait avoir perdu les coudées franches ainsi qu’une partie de sa légitimité, à une situation encore un peu plus complexe où il a perdu encore un peu plus de ses marges de manœuvre et le peu de légitimité qui lui restait.
Voilà assurément, un progrès pour Macron qui, une fois encore, vole de victoire en victoire.
Certes, les plus naïfs persistent à penser que Macron, fin stratège, aurait prévu toute la piteuse séquence qui nous a été infligée depuis les élections européennes : faisant ainsi mine de prendre la mouche après la déculottée de Cunégonde Hayer aux européennes, il aurait en réalité profité de cette déroute largement anticipée afin – via la dissolution – de rebattre habilement les cartes pour forcer le pays dans l’impasse dans laquelle il se trouve actuellement.
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Les moins naïfs s’interrogeront sur l’intérêt de cette impasse, sur le bénéfice politique d’une assemblée bloquée et le gain obtenu de l’absence de gouvernement : le pays aurait plutôt besoin d’inspirer la confiance et la sérénité et absolument tout dans les séquences politiques qui se sont succédées depuis la dissolution montrent fébrilité, approximation et gesticulations.
Pire : avec le départ du nigaud de Bercy, on se rend compte que les finances françaises sont en pleine déconfiture et qu’il va falloir trouver 10, pardon 20 pardons 50 ou 60 milliards d’euros très très vite pour éviter de mauvaises surprises d’ici à la fin de l’année…
Heureusement, le calibre de ceux qui ont été placés par Barnier à l’Économie d’un côté et au Budget de l’autre laissent présager le meilleur : tous deux jeunes et inconnus au bataillon, l’un énarque – on en manque tant, en France ! – l’autre repêché de la BPI et autres émanations de l’État, tous deux macronistes de la première heure (et probablement de la dernière), il fallait au moins ce niveau d’inconscience pour se lancer dans ces ministères pas du tout minés.
Vraiment, la direction générale maintenant impulsée par le couple Barnier-Macron montre sans la moindre ambiguïté que le pouvoir a consciencieusement fait l’impasse sur le vote du peuple, ses préoccupations et qu’il n’a absolument rien à carrer de ce qui se passe effectivement dans le pays : alors que les Français ont très clairement indiqué par leurs votes qu’ils ne voulaient plus des bras cassés macronards, c’est dans ce vivier de semi-habiles terminés à la chaux que piochent allègrement le président et le blob mou qui lui sert de Premier ministre.
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En réalité, ce gouvernement est la confirmation de ce que l’on pressentait déjà : on observe maintenant une partition complète entre la France provinciale, la France périphérique et la France de centre-ville.
Cette dernière est, sans même beaucoup caricaturer, cette France des petits bourgeois aux fins de mois sans souci, mondialistes et connectés au reste du monde, éco-conscients en diable et, parce qu’auto-définis comme “de bonnes personnes”, obstinément attachés aux discours lénifiants des médias de grand chemin, dans un extrême-centre sans compromis : ils ont signé pour le monde d’après, ils l’appellent de leurs vœux car croient farouchement qu’ils vont y gagner. Par nature, ils ne représentent en réalité plus qu’une frange assez minoritaire de la population totale mais comme ils sont à la tête des médias, des administrations, des grandes entreprises et des lieux de savoir et de pouvoir d’où l’on parle, on les voit tout le temps et on les croit donc nombreux.
Par opposition, la France périphérique, c’est cette masse nettement plus nombreuse de population qui voudrait bien accéder aux avantages et émoluments de la frange précédente notamment parce qu’elle est en contact quotidien avec elle, qu’elle en hume les fragrances enivrantes et qu’elle jalouse son pouvoir et ses introductions partout où il faut être. Là où la petite frange bobo vote bien sagement pour les macroneries, les républiconneries ou les autres horizonades ensemblistes, cette France périphérique estime trouver son compte auprès du Nouveau Front Populaire et des cas sociaux qui l’animent de façon colorée.
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Enfin, par élimination, les principaux problèmes de la France provinciale n’étant abordés par aucun des blobs politiques précédents et ne semblant occuper un peu l’esprit que du Rassemblement National et de ces “divers droite” (rapidement fourrés à l’extrême-droite par la presse peu soucieuse de nuances), tout le reste de la population ou à peu près se retrouve donc là.
Le souci de cet état des lieux est que, par différents artifices démocratiques et politiques comme on l’a vu ces derniers mois, ce dernier groupe est sous-dimensionné par rapport à son assise populaire. Pire, les deux autres blocs n’ont pas du tout à subir les mêmes avanies que ce troisième. Le premier est à l’abri de l’insécurité et le second bénéficie largement des mannes de l’impôt, très essentiellement ponctionné sur le troisième.
En fait, la France est revenue à la situation d’Ancien Régime où le tiers-État paye toutes les factures (économiques, sécuritaires et sociétales).
Au passage, ce constat n’est d’ailleurs plus unique à la France : petit-à-petit, en Europe, on observe la même cristallisation avec des peuples, perclus d’impôts et de contraintes administratives de plus en plus ubuesques, admonestés sans arrêt par les Pères La Morale de l’élite mondialiste qui s’est progressivement arrangée pour conserver le pouvoir et en tenir éloigné ces peuples turbulents (populistes même !) dans un coup silencieux fort bien décrit ici : en France comme en Europe et de façon similaire aux États-Unis, les non-élus construisent une société parallèle, loin des pénibles contraintes introduites par les élections.
Quant à ces dernières, elles continuent avec plus ou moins de fraudes d’ailleurs mais n’aboutissent qu’à placer des factotums plus ou moins crédibles dans des institutions dont le pouvoir réel, mesurable, est rapidement devenu nul. L’Assemblée française en est un exemple, devenue chambre d’enregistrement quelque peu accessoire, le Parlement européen en est un autre.
Oh certes, l’opinion publique peut ainsi s’exprimer, des politiciens peuvent tout à fait être élus, mais finalement, les États et les administrations font exactement comme elles avaient prévu de faire depuis belle lurette, sans aucunement tenir compte des élections, des programmes et des promesses (de toute façon, qui les tient, hein). Ce n’est pas une vue de l’esprit, cela a même été quantifié (on pourra lire à profit ce récent billet).
Cependant, d’après vous, combien de temps peut tenir la supercherie ? Combien de temps peut tenir ce système alors que les élites ne s’imposent plus aucune limite et considèrent de plus en plus ouvertement que le peuple se trompe, qu’il est bête, inutile, ne sent pas bon et doit, à ce titre, disparaître ?
Les élites semblent persuadées pouvoir se passer du peuple. Mais à mesure que les tensions s’accumulent, il apparaît maintenant évident que le peuple n’est pas d’accord et qu’il entend de plus en plus le faire savoir.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne représentent en aucun cas la position éditoriale du Diplomate
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