Présidentielle américaine 2024 : Tout ce qu’il faut savoir sur les préparatifs du débat présidentiel entre Harris et Trump

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Présidentielle américaine 2024

Par Angélique Bouchard

A la veille du débat présidentiel du 10 septembre 2024, organisé par ABC News, à Philadelphie, dans l’État décisif de la Pennsylvanie, les esprits d’échauffent et les équipes de campagnes des deux partis dégainent.

Un nouveau sondage montre que l’ancien président Trump conserve sa position de « leader » grâce au soutien remarquablement résilient de sa base, au niveau national. Et ce, malgré l’engouement suscité par les Démocrates, après l’entrée en course de la vice-présidente Kamala Harris.

Le sondage du New York Times/Siena publié le 8 septembre dernier, démontre que Trump recueille le soutien de 48% des électeurs potentiels contre 47% pour Kamala Harris.

Ce sondage a interrogé 1695 électeurs inscrits entre le 3 et 6 septembre et comporte une d’erreur d’échantillonnage de plus ou moins 2,8 % (Source : New Poll shows Trump holds lead with « remarkably resilient support », par Michael Lee, Fox News, le 8 septembre 2024).

Le New York Times reconnaît que Trump résiste bien aux changements stupéfiants dans le paysage électoral américain et bénéficie d’un « socle solide et particulièrement résilient ».

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Ce même sondage indique que Kamala Harris peine encore à convaincre les électeurs quant à sa vision et au cap politique qu’elle souhaite engager pour le pays : 28% des sondés ont indiqué qu’ils avaient encore besoin d’en savoir plus sur elle pour qu’elle puisse gagner leur soutien. En revanche, seulement 9% des sondés ont exprimé des inquiétudes similaires à l’égard de l’ancien président Trump.

Même si Kamala Harris semble avoir progressé auprès des groupes sociodémographiques clés pour la coalition démocrate, la candidate reste toujours en deçà des objectifs de ralliement des groupes-socles que sont les femmes et la communauté latino.

De plus, les électeurs interrogés souhaitent un changement radical : 60% des sondés ont indiqué qu’ils plébiscitaient un changement majeur et non pas une reconduction tacite de l’administration Biden. Seuls 25% des personnes interrogées ont déclaré que l’actuelle VP Harris représentait ce type de changement contre 53% en faveur de Donald Trump.

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Trump se prépare au débat du 10 septembre en intensifiant son calendrier de campagne

En prévision du débat du 10 septembre, Donald Trump intensifie son programme de campagne en démultipliant les déplacements et les événements journaliers. Harriburg, en Pennesylvanie pour une réunion publique, New York pour un discours au New York Economic Club, puis à la Republican Jewish Coalition, en Caroline du Nord où il abordera le thème de l’exécution des lois et enfin dans le Wisconsin.

Les meetings sont un excellent levier pour la préparation au débat présidentiel estime un stratège de campagne républicain. La rencontre des électeurs, l’interaction avec la presse est une forme de préparation pour l’ancien président, qui démultiplie les engagements médiatiques au cours des deux dernières semaines. Jason Miller, ancien conseiller du président Donald Trump et fondateur du réseau social GETTR, coache Donald Trump. Il dirige les préparatifs du débat présidentiel, avec Stephen Miller, fervent défenseur de l’ultra-conservatisme, 35 ans, qui est né en Californie dans une famille d’origine juive biélorusse.

De son côté Kamala Harris a recruté Karen Dunn, avocate chez Paul, Weiss, Rikind, Wharton & Garrison, pour se préparer au débat. Dunn a déjà aidé Harris lors de son débat vice- présidentiel en 2020, contre Mike Pence, VP de l’époque.

Dunn travaille simultanément comme avocate principale de la défense de Google dans le procès opposant l’administration Biden- Harris contre le géant de la technologie. Ce procès, United States vs. Google LLC est dirigé contre les pratiques publicitaires numériques antitrust de Google et doit commencer le 9 septembre, soit la veille dudit débat présidentiel.

Tim Murtaugh, conseiller principal de campagne pour Donald Trump estime à ce titre que « Kamala Harris ne résistera jamais aux géants de la Tech, car c’est l’avocate principale de Google qui lui dicte ce qu’elle doit dire lors des débats (…) Pensez à quel point c’est scandaleux : leur administration poursuit Google, mais Kamala Harris suit les conseils politiques de l’avocat du défenseur. Tout étudiant en première année de droit sait qu’il s’agit d’un conflit d’intérêts » (Source : Trump is « getting ready » for debate by ramping campaign schedule, par Brooke Singman, Fox News, 3 septembre 2024).

Il n’est pas surprenant de constater le ralliement de Dunn à l’équipe de campagne de Harris, car les grandes entreprises de la Tech et la Maison Blanche, ont selon Murtaugh, « conspiré pour censurer et piétiner les droits des citoyens respectueux des lois depuis leur arrivée au pouvoir ».

Ce dernier poursuit : « Ils n’essaient même pas de cacher leur relation intime- tout a été rapporté par les médias- mais c’est dégoutant et dangereux ».

Tim Murtaugh fait référence aux rapports du Washington Post et de Bloomberg News du mois dernier sur le ralliement de Dunn. Ces révélations surviennent alors que Google a été mis sous surveillance suite à la tentative d’assassinat contre l’ancien président Trump. L’entreprise a admis avoir bloqué et supprimé volontairement les recherches de tentative d’assassinat contre Donald Trump, dans son moteur de recherche, affirmant qu’elles contrevenaient à la politique de la multinationale de prévention de « violence hypothétique contre des personnalités ou des actes de malveillance graves ».

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ABC News est le pire « réseau en termes d’équité »

« Je m’aventure sur un territoire très hostile » a déclaré Donald Trump quelques jours avant le débat présidentiel organisé par la chaîne ABC News, à Philadelphie, mardi 10 septembre 2024.

L’ancien président a poursuivi en diffamation ABC News et Georges Stephanopoulos, ancien directeur de la communication de la maison Blanche et conseiller de Bill Clinton. Le journaliste vedette du canal et poids lourd des médias américains, a déclaré à plusieurs reprises à l’antenne que Trump avait été reconnu « responsable de viol » lors d’une interview le 10 mars dernier avec la représentante Nancy Mace.

C’est lors d’une conférence de presse, vendredi 6 septembre dernier que Trump a fustigé ABC News, puisque Kamala Harris entretiendrait des relations privilégiées avec une cadre supérieure du network :

« La meilleure amie de Kamala Harris est à la tête d’ABC News et le meilleur ami de son mari est marié à celle-là ». Dana Walden, cadre supérieure de Disney, dont le portefeuille comprend ABC News est une intime de Kamala Harris. Les deux femmes se connaissent depuis 1994, tandis que leurs époux respectifs, Matt Walden et Doug Emhoff, se connaissent eux, depuis la décennie 80.

Trump a noté également la présence de Donna Brazile, écrivain et professeur de science politique américaine, affiliée au Parti démocrate. Elle est la première Afro-Américaine à diriger une grande campagne présidentielle, pour Al Gore, en 2000.

« Donna Brazile est là ! Vous vous souvenez de la célèbre Donna Brazile ? Elle a posé des questions à Hillary Clinton ? Vous vous souvenez de ça ? C’était un peu embarrassant. Elle a été virée, je suppose pour ça. Maintenant, elle travaille chez ABC ».

Un courrier en 2016 avait fuité, montrant Donna Brazile, alors Directrice du Comité national démocrate et collaboratrice de CNN, partageant à l’avance une question du débat avec l’équipe de campagne d’Hillary Clinton- malgré les démentis persistants de l’intéressée. CNN avait annoncé dans la foulée, la démission de Brazile après la controverse.

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Les équipes de campagnes s’affrontent sur les règles du débat

« Cessons de jouer » a déclaré Jason Miller, porte-parole de Trump, dans un communiqué diffusé sur Fox News Digital : « Nous avons accepté le débat sur ABC dans les mêmes conditions que celui de CNN » (Source : Trump, Harris campaigns clash over debate rules : « We said no changes », par Jeffrey Clark, Fox News, publié le 26 août 2024).

« Le camp de Harris, après avoir déjà accepté les règles de CNN, a demandé un débat assis, avec des notes et des déclarations d’ouverture. Nous avons dit qu’il n’y avait aucun changement aux règles convenues. Si Kamala Harris n’est pas assez intelligente pour répéter les messages clé que ses conseillers de campagne veulent qu’elle mémorise, c’est leur problème. Cela semble être une tendance pour la campagne de Harris. Ils ne lui permettent pas de faire des interviews, de donner des conférences de presse, ils veulent lui fournir un tuto en guise d’aide-mémoire pour le débat. Ils cherchent un moyen d’échapper à tout débat avec le président Trump. Harris n’est en aucun cas prête à devenir commandant en chef ».

De leur côté, les Démocrates ont également réagi au différend sur les règles du débat. Brian Fallon, conseiller principal de la campagne de Kamala Harris, a déclaré qu’ABC et les autres réseaux, devraient encourager les deux protagonistes, Trump et Harris, à garder leurs micros allumés, pendant toute la durée du débat.

« Nous comprenons que les conseillers de Trump préfèrent un micro éteint, parce qu’ils ne pensent pas que leur candidat puisse se comporter comme un président pendant 90 minutes tout seul. Nous soupçonnons que l’équipe de campagne de Trump ne lui ait même pas parlé de ce différend, parce qu’il serait trop embarrassant d’admettre qu’il ne le pense pas capable de se débrouiller seul face à la vice-présidente Harris, sans l’avantage d’un bouton de sourdine. La vice-présidente est prête à gérer les mensonges et les interruptions constants de Trump en temps réel. Trump devrait arrêter de se cacher derrière le bouton off ».

Harris a finalement accepté les règles finales du débat présidentiel d’ABC News, le 4 septembre dernier, ayant obtenu quelques « assurances » de la part du réseau.

ABC News a publié les règles officielles, y compris la règle très contestée selon laquelle les microphones doivent être coupés pendant qu’un candidat parle. Harris aurait accepté les termes de l’accord après avoir reçu l’assurance que les micros pourraient être allumés pendant le débat et que les modérateurs expliqueraient au public les échanges non entendus. La source d’ABC aurait également ajouté que des reporters seraient présents dans la salle pour rendre compte de ce qui pourrait être entendu pendant que les micros seraient coupés.

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