HISTOIRE – Un coup d’État de trop

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Coup d'État du 18 Brumaire

Par André Boyer – Son blog : http://andreboyer.over-blog.com/

L’assassinat des plénipotentiaires français à Rastatt, le 28 avril 1799, fut le prélude à la reprise des combats face à une coalition qui comprend désormais la Turquie qui s’est jointe à l’Angleterre, l’Autriche, la Russie et Naples. 

Les troupes anglaises débarquèrent en Hollande tandis que les Russes et les Autrichiens marchaient vers la Suisse. Ces offensives furent stoppées par le général Brune qui parvint à repousser le débarquement anglo-russe en Hollande et par le général Masséna qui battit les armées russes et autrichiennes à Zurich.

Tous ces événements militaires poussaient le Directoire à décréter une nouvelle levée en masse, l’armée française atteignant alors l’effectif considérable d’un million de soldats. Un emprunt forcé sur les riches fut institué pour équiper les nouvelles troupes, et une loi créa des listes d’otages dans chaque département.

Cette loi sur les otages, adoptée par les Conseils le 12 juillet 1799 (24 messidor an VII), prévoyait que les administrations des départements troublés par des assassinats politiques ou des émeutes pourraient arrêter comme otages les nobles, les parents d’émigrés et les ascendants des présumés coupables.

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La situation politique devenait critique car l’agitation royaliste renaissait et risquait de provoquer en réponse, ce qui faisait craindre la réinstauration de la Terreur. Il fallait reprendre le contrôle. Pour se faire, en mai 1799, Sieyès remplaçait Reubell au Directoire, avec l’idée de modifier par le moyen désormais habituel d’un coup d’État, des institutions qu’il trouvait trop démocratiques (sic).

Son objectif était d’écarter aussi bien les royalistes que les jacobins, afin de faire régner l’ordre au profit du pouvoir. Mettant en pratique cet objectif politique, il commença par s’opposer à la poussée néojacobine avant de chercher à profiter du retour d’Égypte de Bonaparte, retour effectif le 9 octobre 1799, afin de l’utiliser pour un coup d’État qui lui permettrait de modifier la Constitution.

Le 18 brumaire An VIII (9 novembre 1799) au matin, tout était prêt. Les Conseils votèrent ce qu’on leur demandait, en particulier le Conseil des Anciens, qui fut appelé en catastrophe aux Tuileries à 7 heures du matin, pour apprendre tout de go que la République était menacée.

Affolés, les Anciens votèrent aussitôt un décret en quatre articles, décidant que « le Corps législatif est transféré à St Cloud, qu’il s’y réunira le lendemain à 12 heures, que toute autre délibération est interdite ailleurs et avant ce temps, que le général Bonaparte est chargé de l’exécution du présent décret et prendra toutes les mesures nécessaires pour la sûreté de la représentation nationale et que le général Bonaparte est appelé au sein du Conseil pour y recevoir le présent décret et prêter serment.»

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Bonaparte, aussitôt nommé commandant de la garde nationale et de la 17e division militaire, se rendit devant le Conseil des Anciens, où il prononça un médiocre discours avant de prêter serment pour la sauvegarde de la République.

Au même moment, les généraux se réunirent sous la présidence de Lucien Bonaparte, qui leur fit connaître le décret des Anciens, suscitant quelques protestations. Ainsi qu’il en était convenu, Sieyès et Ducos démissionnèrent aussitôt, suivis par Barras. Les deux derniers Directeurs en fonction, Moulin et Gohier, refusèrent, également comme prévu, de démissionner et furent illico consignés au Luxembourg sous la garde de Moreau.

Au total, la journée du 18 brumaire s’était passé selon les plans. Des affiches sur les murs de Paris appelaient au calme et les bourgeois satisfaits faisaient monter la rente de plus d’un point.

Mais le lendemain 19 brumaire, les événements tournèrent à la confusion de Bonaparte.

Le château de St Cloud avait été préparé en hâte pour recevoir les Conseils qui devaient siéger, entourés par une troupe de 6000 hommes. Vers midi, le général Bonaparte surgit avec un détachement de cavalerie. À 14 heures, Lucien Bonaparte ouvrit la séance des Cinq-Cents. Mais les Anciens, qui avaient enfin compris qu’ils étaient manipulés, ne voulurent plus rien comprendre et suspendirent leur session afin de statuer sur le remplacement des trois directeurs démissionnaires.

Là-dessus, Bonaparte suscita l’hostilité des Anciens en pénétrant dans leur salle sans y être invité. Il ne fut pas mieux accueilli par le Conseil des Cinq Cent où il essuya des cris hostiles, perdit contenance et sortit de l’Orangerie.

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De son côté, son frère Lucien tenta en vain de ramener le calme dans le Conseil des Anciens et quitta la salle pour rejoindre son frère. Ils se sentirent mieux au milieu des troupes qu’ils haranguèrent sans craindre d’être contredits. Lucien, plus entreprenant que son frère Napoléon, demanda aux gardes de « délivrer » la majorité des représentants d’une minorité agissante qu’il faut expulser : « Quant à ceux qui persisteraient à rester dans l’Orangerie il importe qu’on les expulse. » 

Les grenadiers entrèrent dans l’Orangerie baïonnette au canon et expulsèrent les élus en cinq minutes.

De ce fait, le coup d’État parlementaire devenait un coup d’État militaire, qui échappait à son instigateur, Sieyès, pour bénéficier à son bras armé, les frères Bonaparte…  

À SUIVRE

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne représentent en aucun cas la position éditoriale du Diplomate

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