Donald Trump, le meilleur « marketer politique » de la présidentielle 2024

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segmentation électorale de Donald Trump
Photo The Israeli-American Council – DR & Fair Use.

Par Angélique Bouchard

En politique, comme dans le business, il faut savoir « segmenter » ses cibles pour mieux les conquérir.

« Le coup de maître » de cette élection présidentielle 2024 aura été le changement de cap du candidat Donald Trump, qui a multiplié les appels du pied à l’égard de nombreuses communautés d’ordinaire acquises au Parti démocrate, au point de faire passer l’actuelle VP pour la candidate de l’élite blanche CSP+ urbaine : les jeunes afro-américains, les hispaniques, les arabo-musulmans et enfin les juifs américains.

Dans un contexte émaillé par autant de menaces endogènes (crises économique et migratoire, inflation galopante, montée de l’antisémitisme et des violences interconfessionnelles), qu’exogènes (guerres russo-ukrainienne et conflits au Moyen- orient), la force de l’ancien président est de se poser en « protecteur » … La figure totem du « pater familias ».

Quand la progéniture des « faucons américains » Cheney et Bush, se rallient à une Harris, en quête de légitimité dans les Swing-States, Donald Trump, lui, envoie de puissants signaux à chaque cible électorale.

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Donald Trump, « le meilleur allié d’Israël », fédère le vote juif américain

Les organisations juives basées aux États-Unis s’efforcent d’inciter les Américains vivant en Israël à voter pour les élections de novembre, qui interviennent quelques semaines après les commémorations du premier anniversaire, en souvenir des victimes civiles des attentats du 7 octobre 2023.

L’Union des congrégations juives orthodoxes d’Amérique (ou Union orthodoxe), qui représente plus de 1 000 synagogues juives orthodoxes aux États-Unis, ainsi que plusieurs centaines d’écoles juives primaires et secondaires, incite les jeunes qui prennent une année sabbatique entre le lycée et l’université, à participer à l’élection présidentielle de 2024. Il en est de même pour les quelques centaines de milliers d’immigrants juifs américains qui se sont installés définitivement en Israël.

La communauté a un impact non négligeable sur les résultats dans les fameux Swing -States, notamment la Pennsylvanie, où elle compte près de 420 000 électeurs potentiels, concentrés particulièrement à Pittsburgh, Philadelphie et Scranton.

Ainsi, le vote juif américain compte. Si Joe Biden a remporté la précédente élection de 2020, avec un différentiel de 80 000 voix, 10 000 voix issues de la communauté pourraient faire toute la différence en 2024.

En janvier 2024, l’ambassadeur des États-Unis à Jérusalem a appelé les Américains vivant en Israël, en Cisjordanie et à Gaza, à vérifier leurs inscriptions sur les listes électorales afin de disposer de suffisamment de temps pour participer aux élections fédérales de 2024. Les États-Unis ne proposent pas encore d’accueil physique pour le vote dans leurs ambassades ou leurs consulats à l’étranger. Les citoyens américains sont donc encouragés à voter par correspondance, s’ils ne peuvent pas satisfaire aux exigences du vote en personne, dans leur État respectif.

Chaque État est tenu de procéder à la comptabilité la plus fine possible des bulletins de vote par correspondance reçus. Or, les ouragans qui ont traversé la côte Est, rajoutent au chaos causé par la paralysie du système postal à l’approche des élections.

Les sondages réalisés par les médias israéliens signalent un glissement des votes de la communauté vers le candidat Donald Trump, en particulier à la suite du pogrom du 7 octobre 2023. Toutefois, les études sociodémographiques tendent à démontrer que la population juive américaine est libérale dans son ensemble, donc pro-démocrate dans sa très grande majorité.

Si Kamala Harris a été en tête du vote juif américain, sa marge n’est pas si importante qu’autrefois. La montée de l’antisémitisme aux États-Unis est un facteur contributif.

En septembre dernier, devant un groupe de donateurs et de dirigeants, quelques jours après la découverte des corps de 6 otages israéliens, dont l’Américain d’origine israélienne Hersh Goldberg- Polin, à Gaza, le candidat Trump suggérait qu’il pourrait aisément remporter 50% du vote des juifs américains en novembre 2024.

Ari Fleischer, membre du conseil d’administration de la coalition juive républicaine a souligné le soutien croissant des juifs au candidat républicain. Stratège républicain de longue date et ancien attaché de presse de la Maison Blanche sous l’administration Bush fils, Fleischer a déclaré que l’ancien président George H. W. Bush avait remporté 11% du vote juif en 1992, que l’ancien président, W.Bush avait remporté 25% du vote juif américain en 2004.

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Donald Trump a remporté quant à lui, 30% des suffrages issus de la communauté, en 2020. L’estimation des votes de la communauté juive américaine en faveur du Républicain cette année tourne aux alentours des 50% dans les États clés.

« Les oreilles de la communauté juive sont de plus ouvertes que jamais, en raison des évènements mondiaux. De la théorie à la pratique. C’est dorénavant palpable dans les rues américaines. Le changement de paradigme vient des derniers évènements en Amérique, des émeutes dans les campus, du 7 octobre… Depuis, chaque jour, les juifs américains n’ont jamais été aussi ouverts au vote républicain, notamment dans ce cycle électoral 2024 ». (Source : Trump suggest he could win 50% of Jewish vote in presidential election showdown against Harris, par Paul Steinhauser, Fox News).

Les forces de la coalition juive républicaine s’organisent. Son PDG, Matt Brooks, a déclaré que les collectes de données au niveau de chaque État (Nevada, Géorgie, Michigan, Pennsylvanie, Arizona) ont permis de créer le « premier et seul fichier électoral d’électeurs juifs américains ».

Miriam Adelson, la milliardaire républicaine et méga-donatrice avec son défunt mari, le magnat des casinos Sheldon Adelson, a intronisé Donald Trump le 5 septembre dernier, lors de la réunion annuelle de la Coalition juive républicaine à Las Vegas. Notons qu’Adelson, contribue activement au financement du super PAC, aux côtés d’Elon Musk.

L’intéressée a qualifié Trump de « meilleur ami de la cause juive » et a ajouté qu’elle attendait « avec impatience qu’il entre à la Maison-Blanche et sauve le peuple juif » (Source : Trump suggests he could win 50% of Jewish vote in presidential election showdown against Harris, par Paul Steinhauser, Fox News, le 5 septembre 2024).

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Que se passe-t-il pour les Démocrates de la Big Apple ? Les sondages concernant la candidate Harris ont enregistré une baisse historique à New-York City

Le dernier sondage réalisé par le New York Times et le Sienna College démontre un décrochage pour la vice-présidente Harris, jamais enregistré pour une candidate démocrate depuis des décennies.

Quelques heures avant la tenue d’un rassemblement historique au Madison Square Garden par l’ancien président Donald Trump, le nouveau sondage publié le samedi 26 octobre matin démontre un déclin majeur dans l’avance de la candidate démocrate, qui était pourtant bien consolidée. Elle accuse une perte de près de 10 points par rapport à Joe Biden, qui avait remporté le vote dans une ville profondément démocrate, avec un score établi à 76% contre 23% pour Donald Trump en 2020. Kamala Harris, de son côté, enregistre une performance estimée à 66% contre 27% pour son concurrent républicain en 2024. (Source : https://scri.siena.edu/2024/10/26/new-york-times-siena-college-new-york-city-survey-of-likely-voters/).

Si ce résultat se confirme dans les urnes, il représenterait le pire score d’une candidate démocrate à la présidence, dans la ville New York depuis 1988, selon le New York Times.

Focalisée sur l’enjeu des droits reproductifs, qu’elle décline à toutes les sauces au fil de ses déplacements, Kamala Harris a négligé deux autres « sujets chauds », qui entraînent une désaffection d’un électorat jeune, urbain, plutôt diplômé, wokiste et issu du melting-pot… Des catégories socio-professionnelles, traditionnellement démocrates.

Tout d’abord, l’économie et ses effets connexes, à savoir la crise du logement et la gestion migratoire 

New- York a souffert des effets des confinements successifs imposés lors de la crise sanitaire de la COVID-19. La ville enregistre le loyer mensuel médian le plus élevé pour une superficie modeste, d’une chambre, parmi 100 villes (Source : plateforme de location Zumper, citée par Michael Dorgan, Harris’ polling in NYC is the lowest in decades for Democratic nominee : NYT poll, Fox News, 26 octobre 2024).

La Ville continue pourtant d’héberger des dizaines de milliers de migrants et les dépenses liées à la crise migratoire devraient dépasser les 5 milliards. Le maire, Eric Adams, a déjà déclaré que les coûts pourraient aller au-delà des 10 milliards de dollars d’ici le prochain exercice.

L’administration locale a été obligée de relocaliser ses migrants à Albany, dans des hôtels au nord de l’État. Le New-York Post a tablé sur des dépenses de 112 millions de dollars pour le précédent exercice financier qui avait débuté le 1er juillet. Selon les prévisions actuelles du système de suivi en ligne des fonds destinés aux demandeurs d’asile de la Ville, New York dépense une moyenne de 352 dollars par nuit pour au moins 36 939 ménages. Le coût de la crise dépassera le budget de 5,8 milliards de dollars, précisément le budget alloué au département de police de la ville de New York pour l’exercice 2025 (Source : Danielle Wallace, New York City migrant crisis cost expected to exceed $5B i 2- year-period-double to $10B by 2025, Fox News, 14 Août 2024).

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Puis, surgit en pleine campagne électorale le sujet de la corruption, qui percute violemment l’appareil de parti démocrate

L’administration du maire de New-York est également en mode « gestion de crise ».

En effet, Adams a été inculpé le mois dernier de pots-de-vin et de corruption tandis que la gouverneure de New-York, Kathy Hochul, n’a décroché le poste de gouverneure en 2022, qu’avec une faible avance de six points.

La lutte des Démocrates pour le contrôle de la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat s’applique également à tout l’État de New-York car le parti a perdu quatre sièges, dont plusieurs concernent des bastions traditionnellement démocrates.

Donald Trump, en revanche, réalise des performances électorales historiques pour les Républicains, notamment chez les jeunes électeurs masculins issus des communautés hispaniques et afro-américaines. Sa dernière visite dans un salon de coiffure du Bronx, a été saluée et son rassemblement de campagne dans l’arrondissement en mai dernier, a regroupé près de 10 000 partisans, alors que les autorisations étaient fixées à 3 500 participants.


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