Par Angélique Bouchard
Le 47ème président élu Donald Trump s’est adressé à la Nation américaine, ce matin du 6 novembre 2024, au West Palm Beach Convention Center, en Floride après avoir conforté sa victoire avec plus de 270 voix au grand Collège électoral, promettant qu’il dirigerait « l’âge d’or de l’Amérique » après avoir lancé « le plus grand mouvement politique de tous les temps ».
Trump a fini par sécuriser sa victoire dans l’État clé de Pennsylvanie ce 5 novembre ; une victoire majeure qui lui a permis de dépasser les 270 voix nécessaires pour remporter le cycle électoral à la présidentielle de 2024 et avec, à l’heure où sont écrites ces lignes, un vote populaire bien supérieur à celui de sa concurrente (plus de 5 millions de voix d’avance par rapport à Harris). La Pennsylvanie, le Dakota du Sud (Keystone) puis la Géorgie, ont été âprement disputés entre les deux candidats et c’est finalement dans ce dernier État, que Donald Trump a joué son va-tout mardi soir.
« C’est, je crois, le plus grand mouvement politique de tous les temps. Il n’y a jamais rien eu de tel dans ce pays et peut-être même au-delà. Et maintenant cela va atteindre un tel niveau d’importance, parce que nous allons aider notre pays à guérir » a déclaré Donald J. Trump, peu avant 2H30 du matin, ce mercredi.
« Je me battrai pour chaque citoyen, pour sa famille et son avenir. Chaque jour, je me battrai pour les citoyens, et de toutes mes forces, je ne me reposerai pas tant que nous n’aurons pas créé l’Amérique forte, sûre et prospère que méritent nos enfants et que vous méritez. C’est ce que nous devons vivre. C’est une magnifique victoire pour le peuple américain qui nous permettra de rendre à l’Amérique, sa grandeur ».
Le VP élu JD Vance s’est également adressé à la foule mercredi matin, remerciant Trump pour un « voyage incroyable » :
« Je vous remercie de m’avoir permis de rejoindre ce voyage incroyable. Je vous remercie de la confiance que vous m’avez accordée. Et, je pense que nous venons d’assister au plus grand retour politique de l’Histoire des États-Unis d’Amérique. D’accord. Sous la direction du président Trump, nous n’arrêterons jamais de nous battre pour vous, pour vos rêves, pour l’avenir de vos enfants. Et après, le plus grand retour politique de l’Histoire américaine, nous allons mener le plus grand retour économique de l’Histoire américaine. Sous la direction de Donald Trump » a- t-il déclaré.
Le président élu a souligné qu’après avoir remporté la Caroline du Nord, la Géorgie, la Pennsylvanie et le Wisconsin, il avait encore la possibilité de gagner d’autres États comme le Michigan.
« En plus d’avoir gagné les États clés de Caroline du Nord et j’adore ces endroits, la Géorgie, la Pennsylvanie et le Wisconsin, nous gagnons maintenant le Michigan, l’Arizona, le Nevada et l’Alaska, ce qui nous permettrait d’obtenir au moins 315 votes électoraux. Nous avons également remporté le vote populaire » (Source : Trump vows to lead « golden age of America » in victory speech : « fix everything », par Emma Colton et Brooke Singman, Fox News, le 6 novembre 2024).
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Quelles sont les premières leçons de l’incroyable victoire de Donald Trump ?
Examinons les cibles électorales de 4 États clés :
- Gagner la Pennsylvanie et ses 19 grands électeurs
Le stratège de campagne de Bill Clinton décrivait la Pennsylvanie comme une conquête de « Philadelphie et de Pittsburg avec l’Alabama entre les deux ». Ce cycle électoral 2024 a permis de mesurer à quel point les deux bastions traditionnellement démocrates n’étaient pas suffisants pour remporter le Swing State. Les Républicains, eux, ont mesuré habillement l’importance des districts du centre de l’État, notamment le 15ème de Glenn Thompson et le 13ème de John Joyce.
Contrairement à Harris et Biden, qui ne se sont pas trop éloignés de la région de Scranton et de Pittsburgh, Donald Trump, lui, a ciblé par exemple la ville d’Allentown, qui est la troisième plus grande ville de Pennsylvanie et le siège du comté de Lehigh, dans le Commonwealth, un district clé du Congrès.
La Rust Belt, traditionnellement « violette » est revenue sur le devant de la scène électorale ces dernières années, notamment depuis le dernier affrontement « Clinton/Trump » en 2016. Bien que le bureau du gouverneur change régulièrement et que sa législature, à majorité républicaine, a dû se confronter à une pression démocrate croissante, les stratèges républicains se sont montrés sereins sur cette fin de course électorale.
Certaines circonscriptions comme celle de Dush, qui couvre 10% de l’État de son étendue boisée au nord-ouest, a été ciblée par certains activistes comme Scott Presler, lors de la campagne d’inscription des électeurs républicains à l’échelle de l’État.
Il y a également eu un changement important dans la Pennsylvanie rurale. Les électeurs de la classe ouvrière, d’âge moyen et du troisième âge ont subi de plein fouet, la crise économique, le chômage et l’inflation. Les délires wokistes sur le genre a signé une scission profonde entre cet électorat et les Démocrates.
- Les hommes issus de la communauté hispanique en Floride ont massivement voté pour Trump, avec une avance de 10 points dans les sondages à la sortie des urnes
Un sondage de NBC News, publié à 20H05, le jour du scrutin, a révélé que les hommes latinos ont voté majoritairement pour Donald Trump à 54% contre 44, pour Harris.
Ces résultats semblent éclipser la polémique héritée de la blague du comédien Tony Hinchcliffe, sur Porto Rico, l’associant à une « île flottante d’ordures », lors du dernier rassemblement républicain au Madison Square Garden.
Alors que les médias mainstream ont tenté de transformer cette controverse en un cliché raciste directement inspiré par le candidat Trump, les électeurs du sud de la Floride n’ont manifestement pas été de cet avis.
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Le vote par correspondance, combiné au vote anticipé, ont accordé une large avance au GOP, notamment avec les 44 000 électeurs enregistrés dans le comté de Miami-Dade, en Floride, le 30 septembre dernier. Ce chiffre n’a fait qu’augmenter depuis la semaine dernière. Début novembre, l’avance des Républicains à Miami-Dade était de +5,6%. Le GOP s’est également emparé des comtés de Duval et de Hillsborough, généralement violets ou à tendance démocrate.
A l’échelle de l’État de Floride, le GOP a conforté une avance de +11,7%. (Source : Hispanic voters laugh off faux media outrage over MSG Trump rally comedian as they vote for Trump, 29 octobre 2024, par Hannah Knudsen, Breitbart).
Cette donnée est un changement de paradigme majeur par rapport au cycle électoral de 2020, au cours duquel, les latinos avaient porté leurs votes en faveur du président Joe Biden à 59% contre Donald Trump, à 36%.
Les femmes issues de la communauté hispanique ont également moins voté en faveur de la candidate démocrate, par rapport aux précédentes élections générales, portant l’avantage de Kamala Harris à 25 points d’avance en 2024, contre 39 points d’avance lors du scrutin de 2020.
- 25% des hommes issus de la communauté afro-américaine ont voté pour Donald Trump en Géorgie
Selon un sondage de sortie des urnes de Fox News, Trump a remporté un quart des voix des hommes issus de la communauté afro-américaine en Géorgie.
La candidate démocrate a enregistré une performance à 73% pour ce scrutin présidentiel 2024, contre les 87% enregistrés par son prédécesseur Joe Biden, lors du cycle électoral de 2020.
Si le vote des femmes afro-américaines ne s’est reporté qu’à hauteur de 15% des voix pour le candidat républicain, Harris elle, en a obtenu 83%.
Soulignons qu’il y a 4 ans, Biden avait remporté le vote de la communauté noire américaine de Géorgie avec 91% des voix, soit une baisse de 8 points pour Harris (Source : Exit polls : 25% of black men in Georgia voted for Donald Trump this election, par John Binder, 5 novembre 2024, Breitbart).
L’érosion du vote afro-américain peut être attribuée à un grand nombre de raisons. Il semblerait que le virage « à gauche de la gauche » des Démocrates sur les questions sociales soit également un facteur déterminant.
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Thomas Edsall, du New York Times, a noté que les opinions exprimées par les électeurs noirs suggèrent que « certains aspects de l’orthodoxie libérale démocrate contribuent à l’exode des minorités conservatrices du parti ».
Au cours des quatre dernières années, les Noirs américains ont été confrontés aux mêmes défis économiques que le reste de la population, avec un sentiment plus fort de stagnation économique, voire de déclassement par rapport à l’inflation que leurs homologues blancs. (Source : https://www.nytimes.com/2024/03/20/opinion/biden-trump-black-hispanic-voters.html)
Or, leur situation était meilleure sous la première Administration Trump. De nombreux programmes d’aide lors de la crise Covid-19 ont contribué à atténuer les difficultés économiques rencontrées par ces électeurs afro-américains à cause de la pandémie pendant l’administration Trump. Il s’agissait notamment de chèques de relance, de petits prêts et d’aides à la création d’entreprise. La première vague de chèques de relance a été envoyée sous l’administration Trump. Cette idée s’est imposée bien que l’aide ait été adoptée par une Chambre démocrate et un Sénat républicain, et bien que les paiements de relance aient également été distribués sous l’administration Biden.
Une autre dynamique explique ce « gap » manifeste entre la communauté afro-américaine et le Parti démocrate. Elle rejoint également la désaffection des hommes latinos. Les deux dynamiques s’expliquent par l’attitude plus conservatrice de certains électeurs noirs sur les questions sociales. En particulier, les démocrates ayant évolué vers la gauche en ce qui concerne les droits des LGBTQ et les questions identitaires liées au « Gender fluid ».
Rappelons-nous, qu’il y a un peu plus de dix ans, Obama hésitait à soutenir le mariage entre personnes du même sexe. Certains de ces électeurs se sont même montrés irrités par la position actuelle du Parti. D’autres électeurs afro-américains ont déclaré que le soutien des Démocrates aux droits des homosexuels était un problème.
- Le Wisconsin bascule du mur bleu au rouge
Le Wisconsin, avec ses 10 votes au Collège électoral, est considéré comme un État à fort enjeu par les pronostiqueurs politiques.
L’ancienne candidate démocrate Hillary Clinton s’est heurtée à un échec cuisant en 2016, dans la conquête de cet État clé du Midwest.
De nombreux observateurs politiques ont expliqué sa défaite face à Donald Trump par sa déroute électorale dans le Wisconsin. En revanche, la victoire du candidat Joe Biden en 2020, s’est notamment traduite par un retour de l’État dans le giron « bleu » des Démocrates.
Harris a fait du Wisconsin un point central de sa campagne présidentielle avec de nombreux déplacements au cours de ces dernières semaines. Il était notamment question de soutenir les ouvriers, les petits employés. Le sénateur Bernie Sanders a même apporté son concours à la candidate démocrate pour séduire l’électorat de la classe ouvrière dans cet État.
Le Wisconsin a été acquis par le GOP ne raison de l’écart démographique important dans l’État, les hommes ayant une plus forte propension à voter pour Donald Trump que Kamala Harris.
Un sondage de CBS News, au début du mois de septembre indiquait également que les électeurs du Wisconsin ont désigné l’économie et l’inflation comme des facteurs décisifs de vote pour le 47ème Président.
Près de la moitié des électeurs interrogés ont déclaré que leur situation financière était moins bonne qu’avant la pandémie. Plus de 80 % d’entre eux ont déclaré que leurs revenus ne suivaient pas l’inflation.
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Diplômée de la Business School de La Rochelle (Excelia – Bachelor Communication et Stratégies Digitales) et du CELSA – Sorbonne Université, Angélique Bouchard, 25 ans, est titulaire d’un Master 2 de recherche, spécialisation « Géopolitique des médias ». Elle est journaliste indépendante et travaille pour de nombreux médias. Elle est en charge des grands entretiens pour Le Dialogue.