Tchad : Le retrait des troupes françaises est « un nouveau fachoda »

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Retrait des troupes françaises du Tchad
Montage Lab Le Diplo

Par Olivier d’Auzon

La rupture des accords de défense entre le Tchad et la France marque un tournant significatif dans les relations bilatérales entre les deux pays.

Elle reflète un changement profond dans la politique étrangère du Tchad, qui cherche à se positionner comme un acteur souverain et indépendant dans un contexte régional et international en constante évolution.

Alors que le Tchad cherche à diversifier ses partenariats, la France devra réévaluer ses priorités en Afrique, où ses anciennes colonies jouent un rôle clé dans la lutte contre le terrorisme et la stabilité régionale. Cette rupture pourrait ainsi modifier les dynamiques de sécurité dans le Sahel et au-delà, entraînant des conséquences pour la coopération militaire et les efforts de lutte contre les groupes terroristes.

Le gouvernement du Tchad a annoncé la fin de ses accords de coopération en matière de sécurité et de défense avec la France, quelques heures après la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Cette décision a été communiquée par Abderaman Koulamallah, ministre des Affaires étrangères du Tchad, le 28 novembre 2024, qui a précisé que le pays souhaitait désormais affirmer sa souveraineté et redéfinir ses partenariats stratégiques en fonction de ses priorités nationales.

Le Tchad, dernier pays sahélien à abriter des forces françaises, met donc fin à ces accords après plus de 66 ans d’indépendance, marquant ainsi un tournant historique.

Le ministre a souligné que “cette rupture n’était pas comparable à celle d’autres pays de la région, comme le Niger, et qu’elle ne signifiait pas une rupture totale avec la France, mais plutôt un repositionnement du pays sur la scène internationale“. Le Tchad a insisté sur le fait qu’il reste un État souverain, affirmant son droit à redéfinir ses alliances.

Le Tchad cherche donc à diversifier ses partenariats sécuritaires en s’ouvrant à d’autres nations comme les Émirats arabes unis, Israël, la Turquie et la Russie, tout en maintenant des relations avec la France et les États-Unis. Le pays joue un rôle clef dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et entend utiliser sa position stratégique pour maximiser les avantages de ses alliances.

En parallèle, le retrait des troupes françaises du Niger et la réévaluation de la présence militaire française et américaine au Tchad ajoutent une dimension géopolitique complexe à cette décision. Le Tchad semble ainsi chercher à s’impliquer davantage dans des partenariats stratégiques tout en affirmant sa souveraineté face aux anciennes puissances coloniales.

« Or, depuis la visite à Moscou du président tchadien au mois de janvier 2024 où il a été reçu par Vladimir Poutine, il était clair que la politique pro-française de N’Djamena allait évoluer. D’autant plus que le Tchad qui est actuellement dans le tourbillon de la guerre du Soudan est également pris dans la double tenaille turque depuis la Libye et russe depuis la Centrafrique et le Soudan,» indique l’Africaniste Bernard Lugan dans son blog : l’Afrique Réelle.

Simultanément, le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, annonçait dans un entretien accordé au journal Le Monde qu’il « n’y aura bientôt plus de soldats français au Sénégal. Après le Mali, le Burkina Faso et le Niger, la présence militaire française au Sahel appartient désormais au passé. Le retrait des troupes françaises du Tchad est « un nouveau fachoda ».

Par ailleurs, pour mémoire, Washington, « l’allié de Paris », qui a infligé un colossal camouflet en s’opposant à une intervention de la CEDEAO après le coup d’État au Niger au cours de l’été 2023 en ouvrant un dialogue direct avec la junte, est bel et bien en passe de revenir au Tchad, après avoir été contraint de réduire sa voilure par les autorités Ndjamena.

Les erreurs stratégiques et tactiques du Président Emmanuel Macron quant à l’évolution géopolitique du Sahel révèlent ainsi ses limites en tant qu’expert des enjeux africains.

Enfin, on soulignera volontiers qu’après le « coup de Trafalgar » subi au Mali, au Burkina Faso et au Niger, Emmanuel Macron est désormais victime d’un nouveau « Fachoda » par nos « bons, solides et historiques alliés-amis » américains… 

À lire aussi : Tchad : L’ascension des partenariats avec les pays du Golfe et les défis pour la France


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