Par Angélique Bouchard
L’apparition du président élu, Donald Trump à Paris, pour la réouverture officielle de la cathédrale Notre-Dame de paris, récemment restaurée après 5 ans de fermeture, marque le retour officieux, mais triomphant de Trump sur la scène internationale. Trump a été littéralement célébré à Paris avec tout le faste et le glamour, au milieu d’un parterre de convives prestigieux et royaux.
Le projet de restauration de la cathédrale, qui a duré cinq années, après l’incendie qui a ravagé Notre-Dame, a coûté près de 740 millions de dollars et a été financé par des dons provenant de 150 pays et a fait appel à des méthodes de menuiserie datant du 13ème siècle.
La nouvelle de l’invitation de Trump à Paris est arrivée très en amont de la visite, alors que le président Biden effectuait un voyage historique en Angola, devenant ainsi le premier président américain à visiter ce pays d’Afrique subsaharienne. En effet, la présence de Donald Trump a été à l’invitation du président français, premier dirigeant étranger à féliciter Trump après sa victoire sans appel du 5 novembre 2024.
L’actuel président Biden est déjà éclipsé sur la scène internationale par l’homme politique qui est à la fois son prédécesseur et son successeur. La première dame Jill Biden, accompagnée de sa fille étaient toutes deux présentes lors de cette cérémonie grandiose.
Donald Trump vise déjà à « façonner les évènements mondiaux »
Bien que l’administration Biden actuelle ait joué un rôle important dans l’élaboration du cessez-le-feu entre les acteurs du Hezbollah libanais et Israël, il est indéniable que les dirigeants mondiaux commencent à s’engager avec Trump et sa nouvelle administration. Alors que le président élu est encore à quelques semaines de prêter serment, les témoignages de loyauté et l’attention des dirigeants mondiaux se sont déplacés vers le nouveau président.
Les tractations ne se font plus à Washington mais à Mar-a-Lago.
Les dirigeants mondiaux ont déjà tourné leur regard vers la prochaine administration. Le fossé est d’autant plus grand que l’approche entre Biden et Trump en matière de politique étrangère, est radicalement différente. La scène internationale est marquée par des lignes de fractures importantes et profondes. Le leadership affiché de Donald Trump fait toute la différence. Les dirigeants mondiaux sont prêts à s’engager avec lui pour faire avancer les choses.
Plus tôt cette semaine, le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer a salué la « relation spéciale » entre la Grande-Bretagne et les États-Unis, avant de rappeler que le président élu l’avait « gracieusement accueilli pour dîner dans la Trump Tower » lors d’un banquet annuel organisé par le maire de Londres.
Le prince William a été invité pour représenter la Grande-Bretagne lors de l’événement et après la cérémonie, lui et Trump se sont retrouvés à l’ambassade britannique pour discuter de la « relation spéciale entre le Royaume-Uni et les États-Unis ». Leur dernière rencontre remonte à son premier mandat en 2019, lorsque Trump a effectué une visite d’État au Royaume-Uni.
Le voyage à Paris intervient une semaine après que le Premier ministre canadien Justin Trudeau ait fait une halte surprise à Mar-a-Lago pour dîner avec Trump. Le président élu a profité de ce repas pour faire passer un message fort avant le 20 janvier 2025.
Trump a en effet menacé de déclencher une guerre commerciale avec le Canada et le Mexique. Il aurait ainsi suggéré le 2 décembre dernier, que si un tarif douanier devait s’appliquer et tuer l’économie de son voisin du nord, pour ne pas avoir régler les problèmes commerciaux et d’immigration illégale, le Canada pourrait devenir le 51ème État américain.
le Républicain a mentionné qu’il pourrait imposer des droits de douane de 25% sur le Canada et le Mexique en raison de leur incapacité à freiner le flux d’immigrants illégaux (issus selon le président américain de plus de 70 pays) et de drogues illicites en provenance de ces pays vers les États-Unis.
Le déficit commercial des États-Unis avec le Canada est estimé par le président élu à 100 milliards de dollars. Trump aurait ainsi suggéré à Trudeau que si ce dernier ne pouvait pas gérer sa liste de doléances sans « arnaquer les États-Unis » en matière de commerce, le Canada devrait certainement devenir un autre État américain et Trudeau, en être le gouverneur. (Source : Trump suggests Canada become 51st state after Trudeau said tariff would kill economy : sources, par Greg Whener, Breit Baier, Fox News, le 2 décembre 2024).
Donald Trump a également évoqué un certain nombre de conflits internationaux. Au Moyen-Orient, le président élu a averti cette semaine dans un message sur les réseaux sociaux, qu’il y aurait « TOUT UN ENFER A PAYER » si le Hamas ne libérait pas tous les otages détenus à Gaza avant son investiture en janvier 2025.
« Volodymyr Zelensky veut faire la paix » …. « C’est nouveau »
Dans une révélation faite au New York post sur sa discussion avec Zelensky, Trump confirme que le président ukrainien « veut un cessez-le-feu ».
« Il veut faire la paix. Nous n’avons pas parlé des détails. Il pense que le moment est venu et Poutine devrait penser que le moment est venu parce qu’il a perdu. Quand on perd 700 000 personnes, le moment est venu. Cela ne s’arrêtera pas tant qu’il n’y aura pas de paix » a ajouté Donald Trump. (Lien : https://nypost.com/2024/12/08/us-news/trump-says-zelensky-is-ready-for-peace-as-he-dishes-to-post-on-meetings)
Comment ne pas voir dans l’allusion faite sur sa plateforme Truth Social une allusion directe au conflit russo-ukrainien ? :
« (Bachar al –Assad) a fui son pays. Son protecteur, la Russie, la Russie, la Russie, dirigée par Vladimir Poutine n’était plus intéressée à le protéger. La Russie n’avait aucune raison d’être là-bas. Elle a perdu tout intérêt pour la Syrie à cause de l’Ukraine, où près de 600 000 soldats russes sont blessés ou morts, dans une guerre qui n’aurait jamais dû commencer et qui pourrait durer éternellement. De même, Zelensky et l’Ukraine voudraient conclure un accord et mettre un terme à cette folie. Ils ont perdu 400 000 soldats et bien plus de civils. Il faut un cessez-le-feu immédiat et les négociations doivent commencer. Trop de vies sont inutilement gâchées, trop de familles détruites et si cela continue, cela peut se transformer en quelque chose de bien plus grave et de bien pire. Je connais bien Vladimir. C’est son moment d’agir. Le Chine peut aider. Le monde attend ! »
Après leur rencontre Zelensky a posté sur X :
« Réunion bonne et productive » avec Trump et Macron ».
« Le président Trump comme toujours est déterminé. Merci pour cela. Je remercie également le président Macron d’avoir organisé cette rencontre à Paris. Nous avons parlé de notre peuple, de la situation sur le champ de bataille et d’une paix juste pour l’Ukraine. Nous voulons tous mettre fin à cette guerre le plus rapidement possible et de manière équitable ».
Macron a quant à lui écrit sur X à l’issue de la rencontre :
« États-Unis, Ukraine et France. Ensemble ce jour historique. Unis pour Notre-Dame. Continuons à travailler ensemble pour la paix et la sécurité ».
« Macron- Trump », une relation sous forme de « Bromance »
Il s’agit sans conteste d’un moment majeur dans le récit national français et le fait qu’Emmanuel Macron ait voulu le partager, face aux caméras du monde entier avec Trump, témoigne du poids politique et symbolique que représente l’élection du Républicain avant même qu’il ne revienne au Bureau ovale.
Les deux hommes se sont lancés de nombreuses piques durant le premier mandat du président américain. Macron a toutefois, fait preuve, à quelques occasions d’un niveau de déférence inégalé envers Trump, en comparaison de l’attitude des autres dirigeants de l’OTAN.
Les efforts de Trump pour que les pays de l’OTAN contribuent davantage aux efforts de défense, ainsi que son scepticisme général à l’égard de l’Alliance, ont été un point de discorde entre le président américain et les autres dirigeants atlantistes. Angela Merkel par exemple s’était opposée fortement aux affirmations du président américain, durant son premier mandat, selon lesquelles l’Allemagne ne contribuait pas suffisamment aux efforts de l’OTAN.
Lors d’un sommet de l’OTAN en 2019, Justin Trudeau, le premier ministre britannique de l’époque, Boris Johnson, le premier ministre néerlandais, Mark Rutte et le président français Macron, ont été filmés, micros ouverts, alors qu’ils semblaient se moquer ouvertement de Trump pour ses conférences de presse interminables et décousues. L’année précédente, lors d’un discours à l’ONU, des rires audibles ont pu être entendus après qu’il eut déclaré que son administration avait accompli plus au cours de ses deux premières années, que toute autre administration dans l’histoire politique américaine.
Cependant, à l’aube de son second mandat et des fragilités précitées, les dirigeants mondiaux, Européens en première ligne, semblent conscients de l’importance de nouer de solides relations avec lui.
Le mouvement de Macron n’est pas dénué d’intérêt pour le président français ; il est prêt à faire avancer « les dossiers », dans la bonne direction en renforçant les relations franco-américains sous le second mandat de Donald Trump.
Cependant, n’oublions pas une chose : Macron est considérablement affaibli tant, sur le plan intérieur que sur le plan européen.
Sa voix ne porte plus. Sa gestuelle « n’imprime plus ».
Macron a certainement vu l’occasion de redorer son blason perdu en tant que dirigeant européen, le plus à même de dialoguer avec le président élu américain.
L’arrivée de Trump dans la capitale française coïncide avec les efforts stratégiques déployés par Macron pour stabiliser un gouvernement en proie à des turbulences. Après l’éviction de son premier ministre par une motion de censure, Macron doit désormais faire face à des demandes croissantes de démission.
Les utilisateurs des réseaux sociaux se sont émus de la poignée de main « dominatrice » du président américain.
7 années plus tard, la « bataille des poignées de main » perdure entre les deux présidents.
Certainement une manière pour le président élu, de tracer une ligne de démarcation claire et nette entre le dominant et le dominé, « le président alpha » et le « courtisan ».
Lors d’une rencontre en 2017, les deux dirigeants s’étaient serrés la main pendant 29 secondes et semblaient se tirer d’avant en arrière, alors qu’ils marchaient aux côtés de leurs épouses.
Cette fois-ci devant les caméras du monde entier, le moment a fait grand bruit et pour la raison suivante : Macron s’était parfaitement préparé et s’était probablement entraîné. Mais il s’est quand même fait dominé et cela pour la seconde fois…
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Diplômée de la Business School de La Rochelle (Excelia – Bachelor Communication et Stratégies Digitales) et du CELSA – Sorbonne Université, Angélique Bouchard, 25 ans, est titulaire d’un Master 2 de recherche, spécialisation « Géopolitique des médias ». Elle est journaliste indépendante et travaille pour de nombreux médias. Elle est en charge des grands entretiens pour Le Dialogue.