ANALYSE – Trump 2.0 : Comment les relations entre les États-Unis et l’Afrique pourraient évoluer sous le second mandat de Donald Trump

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Relations États-Unis-Afrique sous Trump
Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Olivier d’Auzon

La réélection de Donald Trump en 2024 a relancé les débats sur la manière dont son administration pourrait redéfinir les relations avec l’Afrique. En raison de son approche transactionnelle et pragmatique, l’impact de ce second mandat sur les priorités africaines, telles que le commerce, l’aide et les investissements, soulève des questions fondamentales. Alors que certains dirigeants africains saluent son style direct, d’autres restent prudents face aux incertitudes qu’il pourrait entraîner.

Réactions contrastées en Afrique : entre pragmatisme et scepticisme

D’après Zainab Usman, directrice du programme Afrique au Carnegie Endowment for International Peace, la réélection de Trump n’a pas surpris de nombreux observateurs africains. Son approche axée sur les accords et la négociation a séduit certains dirigeants, notamment ceux qui valorisent la clarté dans les relations internationales. Cependant, l’imprévisibilité qui a marqué son premier mandat reste source d’appréhension.

Pour Mvemba Phezo Dizolele, du Center for Strategic and International Studies, le soutien de Trump parmi les populations conservatrices en Afrique, particulièrement en raison de ses positions sur les questions socioculturelles comme les droits LGBTQ+ ou l’avortement, renforce son attractivité dans des pays comme l’Ouganda. Ces nations espèrent que Trump relâchera la pression sur ces enjeux, souvent conflictuels dans leurs relations avec l’Occident.

Commerce et tarifs : quelles implications pour l’Afrique ?

Le commerce constitue un point crucial des relations États-Unis-Afrique, et le renouvellement de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) en 2025 représente une étape critique. Ce programme, qui permet à plusieurs pays africains d’exporter en franchise de droits vers les États-Unis, est une bouée de sauvetage économique pour de nombreuses économies africaines. Toutefois, la politique protectionniste de Trump, incarnée par son enthousiasme pour les tarifs douaniers, pourrait poser des défis majeurs à ces accords.

Selon Usman, les relations commerciales avec l’Afrique pourraient être de plus en plus influencées par la concurrence stratégique entre les États-Unis et la Chine. En revanche, Mvemba Phezo Dizolele met en garde contre les conséquences potentielles d’une politique punitive qui pourrait pénaliser les pays africains collaborant avec la Chine, au lieu de proposer des alternatives viables et compétitives.

Infrastructures et rivalité sino-américaine : le test du Corridor de Lobito

Le projet du Corridor de Lobito, soutenu par l’administration Biden, illustre les efforts américains pour contrer l’influence croissante de la Chine. Ce projet d’infrastructure ferroviaire reliant l’Angola, la Zambie et la République démocratique du Congo vise à faciliter l’exportation de minéraux critiques tels que le cobalt et le cuivre. Bien qu’il bénéficie d’un soutien bipartisan, il est critiqué par des parties prenantes africaines qui souhaitent davantage de valeur ajoutée locale, comme le raffinage et la transformation industrielle.

Mvemba Phezo Dizolele avertit que sans investissements américains significatifs dans les infrastructures et les secteurs miniers africains, ces initiatives risquent d’échouer face à la domination chinoise. Une collaboration entre les États-Unis et la Chine, bien qu’improbable, pourrait offrir des avantages partagés pour les économies africaines.

Réformes nécessaires dans l’aide humanitaire et les priorités en matière de gouvernance

Les États-Unis restent le principal donateur humanitaire en Afrique, jouant un rôle essentiel dans la lutte contre les crises alimentaires et sanitaires. Cependant, la politique “America First” de Trump pourrait réduire l’engagement américain dans certains domaines. Mvemba Phezo Dizolele souligne que les interdépendances économiques et sécuritaires rendent une telle rétractation difficilement réalisable.

Usman critique également les inefficacités des systèmes actuels d’aide américaine. Une grande partie des fonds alloués reste aux États-Unis, sans atteindre directement les bénéficiaires africains. De nombreux dirigeants africains appellent à une approche axée sur le commerce et les investissements locaux pour stimuler l’autosuffisance économique plutôt que sur l’aide humanitaire.

Une stratégie équilibrée pour un partenariat durable

Le second mandat de Trump pourrait offrir des opportunités de renégocier les termes des relations États-Unis-Afrique. Cependant, une approche transactionnelle axée uniquement sur les intérêts américains pourrait exacerber les tensions. Pour établir un partenariat durable, les États-Unis devront aligner leurs priorités géopolitiques sur les besoins de développement africains, notamment par le commerce, l’investissement et le soutien à la gouvernance. Une stratégie réfléchie pourrait transformer ces relations en un levier mutuellement bénéfique pour la croissance et la stabilité globale.

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