
Christian Rodriguez, ancien directeur général de la Gendarmerie nationale, a récemment pris sa retraite après une carrière marquée par des défis sécuritaires majeurs et des transformations importantes au sein de l’institution. En poste depuis 2019, il a dû gérer des crises d’une ampleur exceptionnelle, allant de la menace terroriste et des violences urbaines à la crise sanitaire du Covid-19, les manifestations des Gilets jaunes et les émeutes de juillet 2023. Lors des Jeux olympiques de Paris 2024, il a également joué un rôle crucial dans la préparation sécuritaire de cet événement mondial.
Dans cet entretien exclusif pour Le Diplomate, nous explorerons les moments clés de la carrière de ce grand serviteur de l’État, tout en ouvrant des perspectives sur les enjeux sécuritaires et stratégiques actuels et futurs pour la France.
Propos recueillis par Roland Lombardi
Le Diplomate : Vous avez dirigé la Gendarmerie nationale pendant une période marquée par des crises successives. Quels moments de votre mandat considérez-vous comme les plus marquants ou les plus difficiles à gérer ?
Christian Rodriguez : Il est assez difficile de répondre à cette question. On peut, « à froid », considérer que tel ou tel événement s’est avéré plus compliqué ou plus sensible à gérer que tel autre. Et il est vrai que le pays a eu à connaître de nombreuses crises compliquées depuis quelques années.
En soi, gérer une crise n’est pas si compliqué si on suit une méthode éprouvée pour anticiper puis pour agir. La formation militaire que suivent, tout au long de leur carrière, les gendarmes, permet, en principe, de faire face lorsque c’est nécessaire.
Une véritable difficulté, technique, réside plutôt dans le fait d’être en permanence en mesure de réagir face à une crise, d’anticiper ce qui peut l’être et de disposer d’outils, de procédures, de structures qui permettront de faire face le moment venu. C’est une mission sur le long terme. Mais cela ne suffit pas ! Il faut aussi être prêt … à l’inattendu. Sans vouloir déshumaniser la fonction de chef d’une grande institution opérationnelle, si on veut être en permanence prêt et limiter les conséquences d’une crise, il faut se préparer à affronter ce qui est « imaginable » mais également faire en sorte que tous les échelons sachent s’adapter, même face à un « cygne noir », tel que le décrit Nassim Nicholas Taleb.
Et il est une autre difficulté, majeure : des gendarmes tombent ou sont blessés, en grand nombre, chaque année. Et le rôle de leurs chefs, c’est de les préserver dans leur quotidien si compliqué. Je n’ai rien vécu de plus dur que ces innombrables cérémonies d’honneurs militaires pendant lesquels je me retrouvais face à un ou plusieurs cercueils, sur lesquels étaient posées des photos des camarades qui nous quittaient.
LD : Avec la menace terroriste persistante sur le territoire français, comment la Gendarmerie a-t-elle évolué pour s’adapter aux nouvelles formes de radicalisation et aux risques d’attentats, notamment dans les zones rurales ?
CR : Les crises ont aussi des vertus : elles obligent les organisations à s’interroger sur leur performance et sur la relation qu’elles entretiennent entre elles. Sur ce sujet, de nombreuses choses ont été faites par les différents ministres de l’Intérieur. Je pense en particulier à Manuel Valls, Bernard Cazeneuve et Gérald Darmanin. Les services de renseignement se parlent, échangent et travaillent ensemble. C’était beaucoup moins le cas il y a 15 ans. La gendarmerie s’est donc inscrite dans ce dispositif, piloté par les services de renseignement du premier cercle, en affectant des personnels au sein-même de ces services et en organisant mieux la remontée des informations captées sur le terrain et les échanges entre nous.
Par ailleurs, sur le terrain justement, les gendarmes ont réinvesti la fonction de contact et de proximité, avec les élus, la population, pour capter ce qu’on appelle « les signaux faibles » qui seront analysés par les échelons supérieurs et par les services spécialisés. Je disais souvent que la gendarmerie était la « championne du monde du chalutage » car elle est réellement au contact, de la population qui réside dans sa zone de compétence (plus de 50 % des Français, 95 % du territoire national), comme de la population qui y séjourne à l’occasion des vacances par exemple. Et je salue là la vision que mes prédécesseurs, le général Favier et le général Lizurey, avaient eu lorsqu’ils s’étaient investis plus particulièrement dans ce champ.
La Gendarmerie a également densifié sa présence sur l’espace numérique, indispensable pour détecter, comprendre et analyser la menace, mais aussi pour lutter contre le terrorisme cyber qui continuera à croître.
Enfin, le GIGN s’est renforcé et reste l’une des meilleures forces d’intervention au monde, avec des compétences rares, régulièrement mises en œuvre en France ou en soutien de forces étrangères pour interpeller des terroristes.
LD : Les manifestations des Gilets jaunes et les émeutes de juillet 2023 ont mis en lumière des tensions profondes dans la société française. Quelles leçons avez-vous tirées de ces épisodes pour améliorer le maintien de l’ordre tout en garantissant les libertés publiques ?
CR : La période des Gilets jaunes a vu le retour des opérations de maintien de l’ordre dont certaines ont été d’une violence rare. Cela n’avait pas été le cas pendant 20 ans, du moins en zone très urbanisée, mais nous avions connu un tel niveau de violence par le passé. Nous l’avions sans doute oublié et l’environnement de ces opérations a considérablement évolué, donnant une résonance toute particulière, via les réseaux sociaux et les chaines d’information continue.
Dans le même temps, le maintien de l’ordre n’a pas pour finalité d’empêcher les manifestations. Au contraire, il doit permettre à chacun de manifester, sans que l’action collective ne conduise à des violences inadmissibles.
Naturellement, certains spécialistes des troubles à l’ordre public auront vite expliqué que les troubles sont dus à la présence des forces de l’ordre, et pas des manifestants violents, comme je l’ai entendu dire lors des affrontements de Sainte-Soline !
Pour autant, tout le monde convient qu’il est important de prévenir les confrontations violentes et de limiter les risques de montée en violence en discutant, en amont, avec les organisateurs notamment des limites qui doivent être posées et des modalités d’échanges lorsque la manifestation est sur le point de dérailler.
Un schéma national de maintien de l’ordre a donc été mis en place sous l’égide de Bernard Cazeneuve, puis complété par Gérald Darmanin, dans le sens d’échanges plus poussés entre les manifestants et les forces pour prévenir tout dérapage.
Il y a sans doute encore du chemin à faire mais il faut aussi que les organisateurs de manifestations prennent leur part dans la prévention et dans le contrôle des actions des participants à la manifestation. Ce ne fut pas le cas à Sainte-Soline par exemple.
LD : Pendant la pandémie, la Gendarmerie a joué un rôle clé dans le contrôle des mesures sanitaires et le maintien de la cohésion sociale. Comment avez-vous concilié vos missions sécuritaires avec les enjeux sanitaires et le climat d’incertitude ? Et là aussi, quelles ont été les leçons retenues pour une potentielle nouvelle crise sanitaire ?
CR : Pour être honnête, nous avions également été surpris par l’ampleur de la crise. Il est vrai que certaines voix s’étaient élevées pour annoncer une crise de cette nature mais elles n’avaient sans doute pas été relayées comme elles auraient dû l’être.
La Gendarmerie a donc bien eu pour mission de contrôler les mesures décidées par le gouvernement, de manière assez classique. Au final, parce que les directives de confinement étaient globalement assez bien respectées, nous avons porté une attention particulière aux plus vulnérables. Les gendarmes étaient très nombreux dans les unités (plus de 70 000 chaque jour sur le terrain), les congés ayant été suspendus, et les délinquants eux-mêmes étaient confinés, donc beaucoup moins actifs. Nous avions du temps à consacrer aux autres.
Les experts se contredisaient plusieurs fois chaque jour et nos concitoyens étaient dans une situation de fébrilité assez compréhensible. Par ailleurs, l’interdiction de sortir, tout comme les questions logistiques qui pouvaient se poser pour des maires dans la gestion des masques, pour ceux qui en avaient, posaient des difficultés finalement plus lourdes à assumer que l’infection elle-même pour de nombreuses personnes. Aussi, les gendarmes de terrain, auxquels nous avions laissé une grande autonomie dans les modes d’action, avaient finalement une seule mission : répondre présent et soulager nos concitoyens de leurs difficultés du quotidien.
C’est comme cela que des gendarmes ont livré des médicaments à des personnes âgées, apportaient les cours confiés par des enseignants à des élèves qui ne disposaient pas d’internet, distribuaient des masques pour aider les maires qui pouvaient se sentir un peu seuls… En tout, on a dénombré plus de 2 millions de missions, que certains pourraient classer dans les missions « périphériques », utiles pour nos concitoyens dans une période atypique.
Dans le même temps, nous avons essayé de nous montrer « intelligents » dans la gestion des contrôles, le but premier n’étant pas de verbaliser sans réfléchir.
Les leçons à retenir ont été nombreuses et il me faudrait pas mal de pages pour toutes les détailler. Beaucoup a déjà été écrit sur la planification et l’anticipation qui restent nécessaires et je n’en ajouterai pas. Je vais juste évoquer le fait que la planification et l’anticipation ne doivent pas masquer le fait que l’inattendu, le cygne noir, reste toujours possible et que l’efficacité réside d’abord dans la capacité à ne pas subir, sur le terrain, dans les premiers instants. Il faut donc développer l’initiative, dès les premiers niveaux de responsabilité, et encourager à prendre des décisions, en acceptant le risque d’une erreur. Sinon, tout remontera à Paris et les décisions, qui ne seront pas nécessairement meilleures, seront prises trop tard et parfois dans un mode « hors sol », et ce sera préjudiciable à gestion de la crise. L’une des conditions nécessaires, c’est de faire confiance aux échelons subordonnés et d’accorder le « droit de se tromper ». Cela me semble capital et valable dans toutes les crises que nous connaissons et que nous continuerons sans doute à connaître.
LD : Malgré les craintes nombreuses, la sécurité des JO a été saluée pour son succès. La France fait face à un défi sécuritaire majeur, tant sur le plan du terrorisme que des troubles à l’ordre public. Quelles mesures spécifiques avez-vous contribué à mettre en place pour garantir le bon déroulement de cet événement ?
CR : Ce fut une belle aventure ! La Gendarmerie, aux côtés des armées, de la police nationale, de la sécurité civile mais également de forces étrangères, a contribué sur l’ensemble du spectre, sous l’autorité du Préfet de police, principalement, qui a porté la plus grande partie de la charge : sécurisation des sites, plans anti-délinquance, sécurisation des différentes cérémonies, recherche du renseignement… L’engagement a duré de nombreux mois et tout s’est passé de manière admirable. Les réunions à Beauvau présidées par Gérald Darmanin furent nombreuses mais la tâche était immense et c’est une magnifique réussite collective.
Près de 20 000 gendarmes ont été projetés sur la plaque parisienne en renfort des gendarmes et policiers d’Ile-de-France et la cohésion fut parfaite. D’autres ont sécurisé les épreuves en province, en Polynésie, ou ont remplacé ceux qui étaient monté à Paris. Les réservistes de la Gendarmerie ont également été engagés et renforcé de manière significative nos forces, comme ils le font tous les jours d’ailleurs.
J’ajoute que la question logistique était vitale et nos logisticiens ont réussi admirablement. Le général Ducept, à la tête de la région de gendarmerie d’Ile-de-France, a su faire converger les efforts de ses équipes et des renforts qu’il avait reçus, ce qui a grandement contribué à la réussite de notre manœuvre, encore une fois aux côtés de nos camarades des armées et de la police.
Je pense aussi à l’omniprésence de la Garde Républicaine, y compris dans la partie artistique et dans la partie sportive, et je salue la vision du général Thomas, son patron, qui a su répondre avec brio à toutes les sollicitations, et elles furent nombreuses.
Enfin, n’oublions pas nos sportifs de la gendarmerie engagés dans les épreuves des Jeux Olympiques et Paralympiques. Ils nous ont fait rêver ont aussi grandement contribué à l’impact de ces moments exceptionnels.
LD : La cybercriminalité est devenue une menace croissante et vous tient particulièrement à cœur. Comment la Gendarmerie s’est-elle adaptée à cette évolution, notamment en matière de formation, d’équipement et de coopération internationale ?
CR : Je suis en effet convaincu, comme beaucoup, que le numérique est une menace réelle, qui grandit de manière exponentielle, mais c’est également une opportunité exceptionnelle de transformation et de performance. C’est un champ que la Gendarmerie a investi depuis de nombreuses années et j’ai eu à cœur de poursuivre l’effort !
Cela passe par un recrutement densifié de scientifiques, ce qui est difficile à une époque où tout le monde se les arrache, preuve s’il en était besoin que le sujet est majeur. Nous l’avons fait, en portant une attention particulière à l’attractivité des carrières, à défaut de pouvoir s’aligner sur les rémunérations du privé.
Il faut également disposer d’une capacité à former et à faire progresser nos personnels, tant ceux qui « sont tombés dedans quand ils étaient petits » que ceux qui découvrent le numérique sur le tard. Nous avons créé un centre d’expertise à Lille mais également des e-compagnies dans les écoles de gendarmerie.
Ensuite, il faut se doter des structures qui permettent d’exploiter ces compétences sur l’ensemble du spectre : lutte contre les cybermenaces, transformation de nos outils, évolution de nos structures et des mentalités… Vous l’aurez compris, il faut prendre le sujet de la manière la plus large possible et pas uniquement à travers le prisme des enquêtes judiciaires. La performance passe par un véritable changement de paradigme et de mentalités, ce qui, in fine, nous permet d’être meilleurs que les délinquants et surtout d’anticiper les menaces futures. Cela nous permet également de tirer des bénéfices dans d’autres domaines, comme la gestion des ressources humaines par exemple, parce qu’on s’est intéressé au traitement de la donnée de masse.
Au final, nous avons des gendarmes qui sont capables de réaliser ce que 3 ou 4 autres forces de sécurité au monde seulement sont en mesure de faire, avec une véritable reconnaissance de services comme le FBI, la police fédérale australienne ou encore nos amis belges et néerlandais qui sont très performants.
LD : Sous votre direction, quelles ont été les principales réformes ou innovations au sein de la Gendarmerie ? Estimez-vous qu’elle soit aujourd’hui mieux préparée à relever les défis du XXIe siècle ?
CR : Ce serait très présomptueux de dire que j’ai réformé la Gendarmerie. En fait, cette belle Maison a près de huit siècles d’existence et nous ne faisons que passer !
Je me suis efforcé, dans la droite ligne de mes prédécesseurs, de « poursuivre l’effort » pour que la Gendarmerie soit « dans son temps et dans son territoire », qu’elle accompagne les évolutions technologiques, sociologiques, humaines du monde qui l’entoure car son rôle reste avant tout d’être au contact de nos concitoyens pour les protéger.
C’est dans cet esprit que nous avons créé, par exemple, le commandement de la gendarmerie dans le cyberespace, les services de la transformation, les nouvelles brigades dans des formats très adaptables pour coller avec les besoins de tel ou tel territoire, par exemple.
Une organisation doit bouger en permanence pour relever les défis actuels et futurs. C’est ce que la Gendarmerie fait depuis huit siècles, sous une apparente bonhomie mais avec une réelle volonté, parfaitement illustrée par nos gendarmes au quotidien.
LD : Avec votre expérience, quels sont selon vous les principaux défis sécuritaires auxquels la France devra faire face dans les prochaines années ? Quels conseils donneriez-vous à votre successeur pour y répondre efficacement ? Et quel message voudriez-vous transmettre aux jeunes générations de gendarmes et aux citoyens ?
CR : Les défis sécuritaires sont nombreux mais c’est une constante depuis plusieurs dizaines d’années. Les générations suivantes y répondront, comme les générations passées l’ont fait avant elles. Elles ne sont pas moins bonnes, elles sont différentes et ont d’autres atouts.
Là aussi, ce serait vaniteux de donner des conseils à mon successeur qui connaît parfaitement ces sujets. D’une manière générale, je pense qu’il faut continuer à essayer d’anticiper, de planifier, tout en étant convaincu que l’inattendu se produira également. Il est donc essentiel de faire confiance, d’inciter à l’initiative et à la prise de la première décision « au contact » tout en reconnaissant le « droit à l’erreur ».
Et il faut aussi « aimer les gens ». Aimer ceux qui travaillent avec vous, comme ceux sur lesquels vous veillez. Ce n’est pas toujours facile mais c’est sans doute le meilleur moyen de remplir sa mission et de conserver son âme.
LD : Enfin, une question plus personnelle. Maintenant que vous êtes à la retraite, envisagez-vous de rester impliqué dans le domaine de la sécurité, peut-être en tant que conseiller ou consultant ?
CR : Il est vrai que j’ai un peu plus de temps désormais. Je suis un peu sollicité pour des interventions ou des formations et j’ai envie de continuer à faire des choses. Pas nécessairement dans le seul champ de la sécurité, mais plutôt dans celui du « pas de côté », de la gouvernance et de la transformation. Ce que je trouve passionnant, c’est d’utiliser tous les leviers que nous avons à portée de main pour améliorer la performance globale et collective de l’organisation.
Aujourd’hui, ces leviers sont multiples et permettent d’envisager l’avenir différemment, avec l’obligation de concilier l’hyper spécialiste (du numérique par exemple) et le niveau stratégique, quand tous ne parlent pas la même langue.
Et, comme je l’évoquais tout à l’heure, il faut préparer l’avenir tout en gérant, dans le même temps, les crises qui surviennent, dans une période de plus en plus incertaine. Or je suis persuadé que les cygnes noirs seront de plus en plus nombreux…
Je pense pouvoir aider dans ce domaine qui m’aura passionné toutes ces années.
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