Tribune de Julien Aubert
« Les hommes furent brûlés par une grande chaleur et ils blasphémèrent le nom du Dieu qui a autorité sur ces fléaux, ils ne changèrent pas d’attitude pour lui rendre gloire »
Apocalypse, 16:9.
Demain, Donald Trump accèdera au poste de président des Etats-Unis et avec lui une flopée de gens riches, politiquement vindicatifs et culturellement disposés à faire la guerre à la Gauche.
Pour les modérés et progressistes, c’est le retour de la Bête de l’Apocalypse.
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Pour les conservateurs qui voient en Trump l’archange de la vengeance, c’est l’inverse. Certains signes du reste ne trompent pas : Scholz en Allemagne va quitter le pouvoir, de même que le gentil Trudeau, et Macron n’est pas loin de la sortie. Les foudres divines vont désormais s’abattre sur l’Amérique corrompue. Voilà même que Los Angeles, la cité des stars démocrates, est en proie aux flammes.
Et pourtant, si Apocalypse il y a, elle est ailleurs. 2025 est en effet une année de révélation sur les méfaits grandissants du bouleversement climatique. Pour la première fois en 2024, le globe s’est réchauffé d’1,6 degrés, soit plus que les 1,5 degrés au-dessus des niveaux préindustriels. 2024 restera comme l’année la plus chaude jamais mesurée, avec des températures qui ont atteint 50 degrés dans certaines régions et une concentration atmosphérique de CO2 50% supérieure à celle observée avant la révolution industrielle.
Trois fléaux se sont abattus à faible intervalle et démontrent que personne ne sera épargné. Symboliquement, l’eau, le feu et l’air se sont exprimés tour à tour et déversé leur furie.
J’ai déjà parlé des incendies de Los Angeles qui depuis le 7 janvier ont tué 24 personnes, déplacé 180 000 personnes et réduit en cendres des villas protégées à plusieurs millions de dollars. Les assurances ne paieront pas et pour la première fois l’élite du globe réalise qu’elle ne sera pas épargnée physiquement et financièrement par les catastrophes à venir.
Mais n’oublions pas que quelques jours plus tôt, le 14 décembre 2024, c’était l’archipel de Mayotte qui était frappé par le cyclone le plus violent jamais expérimenté sur l’île, Chido. Des dizaines de milliers de gens se sont retrouvés sans toit, surpris par des vents dépassant 220 km/h. Pas des riches cette fois-ci, mais au contraire parmi les plus pauvres. On a aussi relevé 39 morts et 4 260 blessés.
Au milieu, il y a « la classe moyenne mondiale » et là encore il faut rappeler les 29 et 30 octobre 2024 et les terribles inondations de Valence en Espagne qui ont fait 225 morts et 14 disparus.
Face à cette concomitance de signes météorologiques, il faut noter le désarmement Intellectuel complet qui est le nôtre. La question scientifique du lien avec le réchauffement climatique de ces trois évènements aurait pu être un premier débat utile et possible.
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D’après l’équipe de recherche européenne ClimaMeter, qui compare les époques pour identifier des phénomènes anormaux, les incendies de Los Angeles nés de la saison venteuse en Californie avec une période anormale de sècheresse ont été suscités par un contexte singulier. Il y a un lien avec le fait que les températures sont sur la période 1987-2023, 5 degrés plus élevées que par le passé (1950 – 1986) dans les zones touchées, avec un temps 15% plus sec et des vents 20% plus élevées, et donc avec le réchauffement climatique.
C’est aussi le cas pour les inondations de Valence : le lien avec le réchauffement climatique passe par l’intensification de ce qu’on appelle une « goutte froide », c’est à dire un volume d’air froid emprisonné dans des masses plus chaudes. Pour ClimaMeter, l’augmentation des températures globales des océans a eu un impact sur l’évaporation et donc les inondations.
En revanche, suivant le même organe, pour Chido, le lien avec le réchauffement climatique, n’est pas si clair que cela : la température de l’océan indien était 1,5 degré Celsius au-dessus de la normale ce qui est un élément susceptible d’intensifier le cyclone mais on manque de données pour en déduire un impact direct sur Chido.
Au lieu de cela, les trois démocraties touchées ont préféré axer leur réflexion sur des polémiques : le manque de réactivité des autorités politiques en Espagne, la falsification des comptes macabres ou l’immigration illégale à Mayotte, ou encore le recours à des pompiers privés ou le coût de l’eau en Californie.
En réalité, toutes ces récriminations sont les mêmes facettes d’un second problème dont il faut débattre urgemment. Il en va de la survie même de la démocratie car face aux drames, les peuples ne peuvent accepter l’attentisme : quelle réponse politique et publique faut-il mettre en place face à ces calamités, en sachant que le système marchand ne peut pas le traiter ?
C’est même l’inverse : la mondialisation ne peut pas fonctionner sans CO2. 2024, c’est un autre record : c’est aussi l’année commerciale la plus florissante pour la Chine – 30% des émissions mondiales de CO2 – avec 1 000 milliards de dollars d’excédents. Comment espérer qu’elle change de modèle ?
C’est là où l’élection de Trump sera une révélation ou pas, car l’homme, volontiers climatosceptique, ne croit pas en l’État pour agir. Face au défi du XXIème siècle, aura-t-il l’intelligence de faire l’inverse de ce qu’il avait promis ?
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