
Par Olivier d’Auzon
Sur les quais de Durban, Pretoria a annulé à la dernière minute des manœuvres navales avec la Russie et la Chine sous la pression américaine. Mais derrière cette reculade apparente se cache une vérité plus profonde : le Sud global s’affirme et redessine les rapports de force mondiaux…
Sur les quais de Durban : Un ordre qui change tout
C’était un matin ensoleillé sur les quais de Durban. Les officiers sud-africains s’affairaient autour des navires prêts à appareiller, les cartes maritimes étalées dans les salles de commandement. Des drapeaux russes et chinois devaient bientôt flotter aux côtés du pavillon sud-africain dans des manœuvres maritimes destinées à symboliser l’unité et la détermination du Sud global.
Puis, un message de la présidence est arrivé, net et brutal : les exercices sont annulés. La cause ? La menace américaine d’un boycott du G20 si Pretoria poursuivait ces manœuvres. Pour beaucoup, ce fut un coup de tonnerre : le pays semblait plier sous la pression d’un allié lointain.
Mais au-delà de cette apparente reculade, le geste même de préparer ces manœuvres avait déjà une portée historique. Il révèle que le Sud global, cette coalition informelle d’États émergents, s’affirme comme une force qui peut contester les anciennes hiérarchies internationales. Pretoria n’est pas seulement un pays soumis à Washington : elle est un maillon symbolique d’un ordre multipolaire en gestation.
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Le Sud global, une réalité qui dérange
Le Sud global, ce n’est pas un concept abstrait, mais une réalité tangible. Il représente plus de 80 % de l’humanité, une jeunesse nombreuse et dynamique, des économies en forte croissance, et les ressources naturelles stratégiques de demain. L’Afrique du Sud, l’Inde, le Brésil, l’Indonésie et d’autres capitales émergentes s’affirment désormais dans tous les forums internationaux, montrant que la multipolarité n’est plus une hypothèse mais une donnée concrète.
À Bruxelles et Washington, ce réveil est perçu comme une menace. Ces pays, longtemps considérés comme des marchés de débouché ou de simples partenaires dociles, osent désormais revendiquer une autonomie stratégique. Le Sud global n’est pas anti-occidental par idéologie, mais il refuse de rester dans le rôle que l’Occident lui assignait depuis des décennies.
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L’aveuglement de l’Occident
L’Europe, en particulier, semble incapable de comprendre cette dynamique. Elle persiste à croire que le monde lui appartient encore. Elle dicte des leçons de démocratie à Pretoria, impose des injonctions climatiques à Jakarta, et édicte des normes commerciales à Brasilia. Mais ces grands principes s’appuient sur des réalités qui s’effritent : la démographie européenne décline, son poids économique relatif s’affaiblit, et ses armées ne suscitent plus la crainte qu’elles ont pu inspirer au XXᵉ siècle.
Le monde change, et l’Occident ne l’a pas encore intégré. La pression sur Pretoria révèle cette nostalgie d’un ordre qui n’existe plus, et montre que ses instruments traditionnels de persuasion — sanctions, menaces, boycotts — perdent peu à peu leur efficacité face à des acteurs résolus.
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Une exigence de cohérence
Le Sud global n’exprime pas un ressentiment stérile, mais une exigence de cohérence. Pourquoi Pretoria devrait-elle rompre ses liens avec Moscou, alors que l’Allemagne a bâti sa prospérité sur le gaz russe ? Pourquoi l’Inde ne pourrait-elle pas acheter du pétrole iranien, alors que les majors occidentales se sont enrichies pendant des décennies sur les hydrocarbures du Golfe ?
Cette logique est simple : le Sud global ne demande pas l’aumône, il réclame le respect et la reconnaissance de son droit à tracer sa propre trajectoire. Il s’agit d’un pragmatisme assumé, qui dérange, car il met en lumière l’hypocrisie occidentale et le double standard appliqué aux pays émergents.
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L’Afrique du Sud : Fragile mais symbolique
Oui, Pretoria a cédé à la pression américaine et annulé les exercices. Mais il ne faut pas sous-estimer le geste initial : inviter Moscou et Pékin à des manœuvres navales est en soi un acte audacieux, révélateur d’une volonté d’indépendance.
L’Afrique du Sud illustre à la fois la vulnérabilité des pays émergents et leur capacité à jouer un rôle symbolique dans le redécoupage du monde. Elle montre que le Sud global est déjà là, qu’il avance, et qu’il oblige les anciennes puissances à compter avec lui. Demain, quand l’Inde, le Brésil ou l’Indonésie se montreront plus fermes, les menaces de boycott ne suffiront plus.
L’épisode de Durban est révélateur : le Sud global n’est pas une chimère, il est réel. Il avance, il revendique, il impose ses choix. L’Afrique du Sud, malgré ses hésitations, est un symbole de cette transition.
Le XXIᵉ siècle ne sera pas occidental, qu’on le veuille ou non. Il sera multipolaire, partagé entre plusieurs voix, où l’Occident devra composer avec la force et la légitimité des capitales émergentes. Pretoria, par son audace et même par sa vulnérabilité, annonce déjà ce monde à venir.
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