
Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie)
La République démocratique du Congo est depuis longtemps au centre de la compétition mondiale pour les ressources stratégiques. L’attribution récente de sept permis d’exploration à la société américaine KoBold Metals, soutenue par Jeff Bezos et Bill Gates, confirme cette réalité.
KoBold n’est pas une entreprise minière traditionnelle. Fondée pour combiner intelligence artificielle et exploration géologique, elle utilise des modèles de données avancés pour identifier des gisements de lithium, de cobalt, de cuivre et de nickel, indispensables à la transition énergétique. Avec ses investisseurs de poids venus de la Silicon Valley et de Wall Street, elle incarne la volonté américaine de s’imposer dans la nouvelle géopolitique des matières premières.
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Pour la RDC, premier producteur mondial de cobalt, l’arrivée de KoBold est à la fois une opportunité et un défi. Opportunité parce qu’elle attire de nouveaux capitaux et technologies, défi parce qu’elle réactive les inquiétudes liées à la dépendance externe, aux conditions de travail dans les mines et à la redistribution réelle des richesses.
Derrière l’innovation affichée se cache aussi une rivalité globale. Depuis deux décennies, la Chine a consolidé sa présence en Afrique centrale, investissant massivement dans les infrastructures et contrôlant une grande partie des exportations de cobalt congolais. Les États-Unis, longtemps en retrait, cherchent désormais à combler ce retard en mobilisant leurs champions privés, soutenus discrètement par Washington.
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Kinshasa tente de tirer parti de cette rivalité. Le gouvernement met en avant la nécessité de contrats plus équilibrés, mais reste fragilisé par des institutions faibles, la corruption et des tensions internes. Trop souvent dans l’histoire, l’abondance des ressources congolaises a nourri conflits et inégalités, au lieu de financer le développement.
L’arrivée de KoBold souligne surtout l’importance croissante des minerais critiques dans la compétition économique mondiale. Le lithium, devenu « nouveau pétrole », conditionne la fabrication des batteries électriques et donc le tempo de la transition verte. Contrôler son extraction revient à contrôler une partie du futur industriel et technologique de la planète.
Reste la question essentielle : la RDC saura-t-elle transformer cette manne en un véritable levier de souveraineté, ou restera-t-elle prisonnière d’un schéma néocolonial où les ressources s’envolent et où la population demeure pauvre ?
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