
Par Alain Rodier
Jusqu’à maintenant, les observateurs avertis estimaient que les forces armées russes avaient commis des « erreurs » en faisant survoler des pays membres de l’Otan situé à proximité de ses frontières par des drones.
Les derniers incidents impliquant des chasseurs russes sont révélateurs.
Le 20 septembre, deux avions de chasse russes ont survolé à basse altitude la plateforme pétrolière Petrobaltik en mer Baltique violant sa zone de sécurité. Cet incident a été signalé par l’unité maritime des gardes-frontières polonais. Le service des gardes-frontières a indiqué que la sécurité de la plateforme les avait informés de l’incident, précisant que les avions n’avaient pas violé la frontière polonaise. Les autorités polonaises ont déclaré que les appareils russes avaient franchi la zone d’exclusion aérienne, définie à 500 mètres, de la plateforme minière située à 70 kilomètres au nord de Yastarnia. Karolina Gałecka, le porte-parole du ministère de l’Intérieur polonais a déclaré sur X que les chasseurs évoluaient à une altitude d’environ 150 mètres.
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La veille, trois chasseurs de type MiG-31 qui ont pénétré l’espace aérien d’Estonie pendant douze minutes (et douze minutes, c’est long…).
Les MIG-31 impliqués n’avaient pas de plan de vol déclaré et leurs transpondeurs étaient volontairement éteints, ce qui n’est pas une nouveauté.
Le ministre des Affaires étrangères estonien, Margus Tsahkna, a déclaré : « la Russie a déjà violé l’espace aérien d’Estonie à quatre reprises cette année, ce qui est inacceptable en soi. Mais l’incursion d’aujourd’hui, au cours de laquelle trois avions de combat ont pénétré dans notre espace aérien, est d’une audace sans précédent […] Il faut répondre à l’agressivité de la Russie, qui ne cesse de tester ses frontières, par un renforcement rapide de la pression politique et économique. »
L’Italie, qui assure la mission de « police de l’air » de l’OTAN dans les pays baltes depuis août de cette année a immédiatement fait décoller ses F-35 pour intercepter les appareils russes.
L’Alliance atlantique et l’Union européenne ont dénoncé une nouvelle « provocation » de Moscou.
L’Estonie est le troisième pays de l’OTAN à signaler une telle intrusion en quelques semaines.
Le 14 septembre, la Roumanie a affirmé qu’un drone russe avait franchi son espace aérien lors d’un raid en mené en Ukraine (là, c’est vraisemblablement une « erreur ») tandis que la Pologne avait déclaré, une semaine plus tôt, qu’une vingtaine de drones russes avaient pénétré son territoire, certains ayant été abattus par sa défense aérienne. Il y avait alors encore un doute qui semble être aujourd’hui levé : c’est le début de la campagne de recueil de renseignements techniques lancée par Moscou sur les systèmes d’alerte de l’OTAN ainsi qu’à ses capacités de réaction.
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Des signaux faibles qui deviennent significatifs
Ces derniers développements constituent des signaux faibles – mais toutefois significatifs – que le Kremlin a changé de posture. Peu importe la polémique de « cour de récréation » concernent sur « qui a commencé ? », maintenant, il convient de regarder les choses en face.
Sans être – encore – dans une posture offensive, la Russie est en train de recueillir des renseignements précieux sur ces voisins européens et leurs capacités de défense. Il est possible que le président Vladimir Poutine y ait été encouragé par le désengagement d’Europe voulu par son homologue américain Donald Trump qui souhaite retourner tous ses moyens vers l’Asie-Pacifique.
La question est : que peut vraiment faire l’armée russe qui a été « plus que nulle » en Ukraine, cette fois contre les forces de l’OTAN qui arrivent – certes en ordre totalement dispersé – mais avec des capacités technologiques nettement supérieures dans le domaine de la guerre classique (mais là, les armées russes ont une large avance dans l’expérience de la guerre réelle et pas du « bac à sable ») ou hybride-.
Le seul moyen de parer à la menace qui est désormais ouvertement prégnante, est une coordination et une coopération renforcées entre les membres européens de l’OTAN.
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Et la menace nucléaire ?
En ce qui concerne la menace nucléaire brandie à périodes régulières à grands efforts de propagande par Moscou, il convient de rester très prudent avec le « parapluie américain. » Qui peut raisonnablement imaginer qu’un président en fonction à la Maison Blanche risquerait la vie de ses concitoyens sur le territoire américain pour défendre l’Europe ?
C’est d’ailleurs cela qui avait poussé lors de la Guerre froide le général de Gaulle à développer une force de frappe totalement indépendante (ce qui n’est pas le cas de son homologue britannique qui doit obtenir un « feu vert » de Washington.)
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Certes sa puissance reste mesurée et ne pourrait « qu’infliger des dégâts inacceptables » à un agresseur éventuel – pas seulement russe, mais c’est une autre histoire -. Pour mémoire, la défense nucléaire française est basée sur des frappes anti-cités ce qui impliquerait des dizaines de millions de morts. Même si l’adversaire détient la capacité technologique de détruire dix ou vingt fois la métropole : « on ne meurt qu’une fois » et, en prime, le territoire serait alors tellement contaminé que personne ne pourrait rien en faire pendant des décennies.
Reste la question de la décision de l’engagement de la force de frappe : « lorsque les intérêts vitaux du pays risquent d’être atteints. »
Cette définition volontairement floue est destinée à perdre les dirigeants adverses dans l’incertitude : où se trouve la fameuse « ligne rouge » ?
On peut discuter longuement sur l’implication de capitales étrangères dans l’affaire mais, pour le moment, elles resteront « pour info » la décision étant prise par un seul homme – le président français – dans le PC Jupiter à Paris.
Comme le disait un des anciens chefs de corps du rédacteur de cet article : maintenant, « il faut cabrer. »
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