
Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie)
Un choix de Netanyahou controversé
L’annonce par le Premier ministre Benjamin Netanyahou, en mai 2025, de nommer David Zini à la direction du Shin Bet, le service de renseignement intérieur israélien, a immédiatement suscité un débat brûlant. L’entrée en fonction de l’ex-général, le 5 octobre 2025, intervient dans un climat de tensions régionales aiguës : guerre à Gaza, instabilité en Cisjordanie et menaces persistantes du Hezbollah au Liban.
La démission de Ronen Bar en juin, assumant l’échec du renseignement face à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, avait ouvert la voie à ce changement. Netanyahou présente Zini comme l’homme du renouveau ; pour ses critiques, c’est le signe d’une politisation dangereuse de l’agence de sécurité intérieure.
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Le profil d’un militaire idéologisé
Issu d’une famille religieuse, David Zini a bâti sa carrière dans les Forces de défense israéliennes (FDI) : commandement de la Brigade Oz, opérations dans le Commandement Sud et rôle central lors des campagnes à Gaza.
Ses opposants lui reprochent un manque d’expérience en renseignement et surtout une proximité idéologique avec la droite religieuse messianique. Son père, le rabbin Yosef Zini, est lié au parti Noam, allié du Sionisme religieux, connu pour ses positions ultra-conservatrices. Son épouse, Naomi Zini, a publiquement affirmé que « détruire des maisons à Gaza est un commandement divin » et a exhorté les soldats à « hériter et coloniser » les territoires palestiniens. Ces prises de position alimentent la crainte d’un agenda théologico-politique au sein du Shin Bet.
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L’inquiétude du renseignement et des alliés
Trois anciens chefs du Shin Bet ont déposé un recours devant la Cour suprême pour bloquer la nomination, la jugeant « irraisonnable » et contraire à l’éthique du service.
Des sources internes à l’agence parlent d’une « menace pour l’État », pointant l’insuffisance d’expertise de Zini pour diriger une institution chargée de la sécurité intérieure, de la lutte antiterroriste et de la surveillance en Cisjordanie et à Gaza.
À l’étranger, les partenaires de longue date du Shin Bet — notamment la CIA et le MI6 — redoutent qu’une direction perçue comme ultranationaliste n’entame la confiance opérationnelle et ne complique les échanges de renseignement dans un contexte déjà explosif au Proche-Orient.
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Gaza et Cisjordanie : La ligne dure redoutée
Lors d’une cérémonie dans le Golan occupé en juin 2025, Zini a qualifié l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » du Hamas d’« échec profond et systémique » pour la sécurité israélienne et a promis des réformes radicales.
Les analystes craignent que cette rhétorique se traduise par un durcissement des opérations militaires et de surveillance, parfois au détriment des considérations humanitaires.
Mais c’est en Cisjordanie que les inquiétudes sont les plus vives : ses liens supposés avec les colons radicaux et une vision messianique favorable à l’extension des colonies pourraient attiser le conflit israélo-palestinien et miner toute reprise de négociations.
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Un révélateur des fractures internes
Netanyahou a défendu son choix en qualifiant Zini de « commandant éthique et professionnel » capable de restaurer la confiance dans le service. La Cour suprême a rejeté les recours visant à bloquer sa prise de fonction, mais le débat reste ouvert.
Cette nomination reflète les clivages profonds de la société israélienne : entre partisans d’une ligne sécuritaire intransigeante et défenseurs des principes démocratiques qui redoutent la dérive idéologique des institutions.
Conséquences régionales et internationales
Dans un Moyen-Orient en crise, la politisation d’un service aussi sensible que le Shin Bet peut avoir des répercussions imprévisibles. Les choix de Zini pèseront sur la coopération sécuritaire avec les États-Unis et l’Europe, sur la gestion des territoires occupés et sur la stabilité régionale face aux défis venus d’Iran, du Hezbollah et des groupes armés palestiniens.
Les prochains mois diront si le nouveau chef incarne une réforme pragmatique ou s’il devient le vecteur d’un agenda idéologique, creusant davantage les fractures au sein d’Israël et de ses alliances.
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