
Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie)
Une offensive financière ciblée
Les États-Unis ont annoncé, le 9 octobre, un vaste paquet de sanctions visant des réseaux économiques et logistiques accusés de soutenir l’appareil militaire iranien. Le Bureau of Industry and Security (BIS) du département du Commerce a ajouté 29 nouvelles entrées à sa liste noire, dont 26 entités et trois adresses, touchant 19 entreprises en Chine, neuf en Turquie et une aux Émirats arabes unis. Washington les accuse d’avoir facilité l’achat de composants électroniques américains utilisés dans des drones armés opérés par les Houthis au Yémen et le Hamas à Gaza.
Cette mesure interdit à ces sociétés de recevoir des exportations américaines sans licence spéciale, tout en précisant que ces demandes seront très probablement rejetées pour raisons de sécurité nationale. Parmi les entités visées figurent deux filiales de la société américaine Arrow Electronics à Shanghai et Hong Kong, signe que Washington entend cibler non seulement les acteurs directs mais aussi les canaux de distribution mondiaux.
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Le front énergétique et la « flotte fantôme »
En parallèle, le département du Trésor américain a imposé des sanctions à une centaine d’entités, d’individus et de navires pour démanteler les réseaux soutenant les exportations pétrolières iraniennes. Parmi les cibles principales figure le Shandong Jincheng Petrochemical Group, qualifié de raffinerie indépendante dans la province chinoise de Shandong, accusé d’avoir acheté des millions de barils de pétrole iranien depuis 2023, ainsi que le terminal pétrolier Rizhao Shihua, considéré comme un nœud logistique crucial de la « flotte fantôme » iranienne.
Des pétroliers tels que Kongm, Big Mag et Voy ont été identifiés pour avoir acheminé des cargaisons vers le port de Lanshan. Selon Washington, ces revenus financent les programmes nucléaires et balistiques de Téhéran ainsi que le soutien à des groupes armés régionaux. L’Iran, de son côté, affirme que son programme nucléaire est à vocation uniquement civile.
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Contexte politique et militaire
Ces sanctions interviennent quelques heures seulement après la signature d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, démontrant que Washington utilise la pression économique pour peser sur l’équilibre au Moyen-Orient. Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a déclaré que l’objectif est de « réduire les flux financiers iraniens en démantelant les rouages clés de la machine énergétique de Téhéran ».
Le président Donald Trump a réaffirmé que, bien qu’ouvert au dialogue, les États-Unis ne permettront pas à l’Iran de se doter d’une arme nucléaire. L’objectif stratégique est clair : réduire la capacité de projection de Téhéran en frappant directement son écosystème financier et logistique.
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Une stratégie globale contre la résilience iranienne
Les mesures incluent également la désignation de Jiangyin Foreversun Chemical Logistics, premier terminal chinois officiellement accusé de réception de produits pétrochimiques iraniens. L’ajout de plus de deux douzaines de navires battant pavillon de plusieurs pays à la liste noire illustre la volonté américaine de démanteler l’ensemble de l’écosystème qui permet à l’Iran de contourner les sanctions existantes. Depuis le début de l’année, Washington a déjà ciblé 166 navires liés au commerce pétrolier iranien.
Cette opération dépasse la seule question iranienne : elle adresse un message clair à Pékin, Ankara et Abou Dhabi. Soutenir, directement ou indirectement, le réseau économique iranien aura un coût croissant. C’est une opération de confinement multidimensionnelle mêlant économie, énergie et sécurité, redéfinissant les marges de manœuvre de plusieurs acteurs asiatiques et moyen-orientaux.
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