
L’Édito de Roland Lombardi
Depuis son retour fracassant à la Maison-Blanche en janvier 2025, Donald Trump cristallise plus que jamais les passions. Les uns continuent de le voir comme un fou, un dirigeant mégalomane et imprévisible, tandis que d’autres soulignent son patriotisme et l’intelligence trop souvent sous-estimée qui sous-tend sa politique. Certes, il se rêve « grand homme », érigé au rang de sauveur de l’Amérique et, plus largement, de l’Occident. Or, dans une époque troublée par les incertitudes géopolitiques et la remise en question du système mondialiste, la figure de Trump, avec ses nouveaux droits de douane, sa guerre économique tous azimuts et sa diplomatie offensive, apparaît de plus en plus comme un catalyseur de changements profonds et peut-être historiques.
Au-delà de la personnalité sulfureuse et exubérante du président américain, se dessine une stratégie globale qui vise à rétablir la souveraineté industrielle et commerciale des États-Unis, tout en ébranlant les piliers d’une mondialisation jugée injuste, voire corrompue. Chute des bourses, tensions diplomatiques accrues, soupçons d’une nouvelle Guerre froide avec la Chine : les secousses se multiplient. Pourtant, derrière ce chaos apparent, une question se pose : et si ce retour tonitruant de Donald Trump était aussi une forme de sursaut pour l’Occident tout entier ?
À lire aussi : Les Frères musulmans, un État parallèle en guerre contre les
Le pari de Trump : Entre patriotisme et calcul politique
Pour comprendre la cohérence de la politique de Trump, il faut revenir sur sa psychologie et ses motivations profondes. Le personnage est trop souvent et encore caricaturé comme un showman imprévisible, voire un idiot, un clown, mû par un égo démesuré. Souvent d’ailleurs et cela frise le comique, par des observateurs de plateaux TV qui, à l’inverse de l’ancien businessman newyorkais, n’ont jamais rien risqué, ni créé, ni entrepris, ni construit dans leur vie, ou par des « experts » économiques qui se sont toujours lamentablement trompés dans toutes leurs prédictions !
En réalité, on aurait tort encore de le sous-estimer et d’ignorer l’intelligence tactique et la vision à long terme qu’il met en œuvre. Historien et géopolitologue, je ne prétends aucunement être un fin connaisseur des arcanes économiques et financières internationales, loin s’en faut ! Or, depuis son premier mandat (2017-2021), Trump n’a cessé de répéter que l’Amérique s’était trop longtemps laissée « piller » par la Chine et par des multinationales cherchant avant tout à maximiser leurs profits grâce à des chaînes d’approvisionnement mondiales et à l’optimisation fiscale.
De fait donc, Trump sait très bien ce qu’il fait. Et il tient ses promesses. Il n’est pas si imprévisible (qui est aussi sa force) qu’on le dit. Comme pour ses ambitions géopolitiques sur le Groenland, le Canada et Panama, son plan économique est loin d’être stupide ou farfelu. Il est même logique et limpide : affaiblir la Chine, faire baisser le dollar pour plus exporter et augmenter les recettes pour baisser les impôts, tout en réduisant de manière drastique les dépenses inutiles ou superflues (le DOGE, coupe dans les financements de l’USAID…).
Aujourd’hui, en imposant de nouveaux droits de douane inédits et draconiens, Trump revient ainsi à un mode opératoire qui puise dans l’histoire même des États-Unis : un protectionnisme jadis pratiqué pour protéger l’industrie naissante de la jeune république. Mais si la méthode est ancienne, l’objectif revêt une nouveauté surprenante. À travers cette « arme fiscale », celui qui n’est soumis à aucun serment d’allégeance envers quiconque (à l’inverse de beaucoup de politiciens professionnels), contraint les géants du numérique, comme les puissants GAFAM, de la finance et de l’industrie à contribuer davantage au budget fédéral, sous peine de voir leurs marges érodées et leur accès au marché américain restreint.
Au-delà de la seule guerre commerciale contre Pékin, cette démarche illustre la volonté de Trump de replacer l’emploi, la classe moyenne et la souveraineté américaine au cœur des priorités. Son discours chauvin et patriotique, ringard pour les intelligentsias occidentales, trouve au contraire un écho certain (d’où sa victoire et son come-back historiques et sans appel, contre ouragans et tsunamis, en novembre dernier et qui devrait pourtant nous interdire encore à le sous-estimer) chez de nombreux Américains, lassés de voir leurs emplois délocalisés et de constater qu’une part colossale des profits générés aux États-Unis échappe à l’impôt.
Certes, le président américain est un mégalomane. Mais quel homme politique ne l’est pas ? Et c’est souvent juste le niveau de degré dans cette ambition et cet orgueil démesurés qui font souvent la différence entre les petits politiciens et les grands hommes d’État…
Quoi qu’il en soit, il cherche donc aussi la gloire personnelle et rêve d’entrer dans l’Histoire comme celui qui aura « sauvé l’Amérique » de la déliquescence morale (son combat contre le wokisme) et également industrielle. On l’a dit, son « égotisme » et son « goût du grandiose » sont patents. Mais force est de constater qu’il y a chez lui une réelle cohérence : conjuguer ambitions personnelles et intérêts nationaux, tout en redessinant les règles d’un jeu mondial qu’il juge biaisé.
Ce 9 avril, il a profité d’un dîner avec des membres du Parti républicain pour rappeler encore une fois, dans le contexte de quasi crise boursière mondiale, qu’il était « fier d’être le président des travailleurs, pas des délocalisateurs ! », « fier d’être le président qui défend ‘Main Street’, pas Wall Street ! », « le président qui protège la classe moyenne, pas la classe politique ! » et « le président qui défend l’Amérique, pas les fraudeurs et les tricheurs du monde entier, ceux qui nous ont volé notre argent et nos emplois ! »
À lire aussi : Le Patriotisme, c’est aimer son pays, non le détester
La fin du mondialisme et le risque d’un nouvel ordre mondial « à la Trump » ?
Les récentes turbulences boursières, aggravées par la secousse tarifaire américaine, sont présentées comme l’amorce d’une crise globale. Elles traduisent surtout la fragilité d’un système financier déjà en crise et gonflé depuis des années par la monnaie « bon marché » des banques centrales. On l’oublie souvent, mais lorsque les indices boursiers s’envolent indépendamment de l’économie réelle, la correction (souvent violente) n’est qu’une question de temps.
Ce qui est peut-être plus révolutionnaire, c’est la manière frontale dont Trump s’attaque aux structures mêmes du « mondialisme » et du libre-échangisme sauvage. Il ne se contente plus de critiquer l’OMC, l’OMS ou d’autres instances internationales, il menace de suspendre leurs financements ou d’en sortir, fragilisant ainsi l’édifice multilatéral hérité de l’après-1945. Dans la même veine, l’ancien promoteur immobilier n’hésite pas à vanter la production locale, à dénoncer le dumping social et à encourager la relocalisation. Ce qui devrait pourtant séduire certains gauchistes et écologistes patentés adeptes des fameux « circuits courts » !
Derrière cette rupture, certains voient un repli nationaliste archaïque et autodestructeur. D’autres y discernent, au contraire, la fin d’un cycle mondialisé (comme il s’en est déjà produit dans l’histoire) qui n’a jamais véritablement tenu ses promesses pour la plupart des sociétés occidentales. Faut-il y voir une chance, un « sursaut pour l’Occident » ? Dans un précédent édito, je me demandais si Trump pourrait devenir le « Justinien de l’empire américain et de l’Occident », c’est-à -dire le grand réformateur qui, de manière certes brutale et parfois incompréhensible, refonde les bases d’une puissance occidentale en déclin.
Bien sûr ce pari demeure risqué. Surtout que l’histoire nous rappelle qu’à chaque fin d’empire, il y a toujours un sursaut mais qui a fait le plus souvent long feu…
Depuis février 2020 et la pandémie du Covid, et en dépit d’un premier accord – à son désavantage – signé avec les États-Unis de Trump en janvier 2020, j’avais écrit que nous entrions dans le Siècle chinois. A partir de cette date, l’hégémonie planétaire chinoise n’a fait que s’accélérer. Elle s’est confirmée avec l’administration Biden incompétente et devenait inéluctable avec l’éventualité d’une victoire de Harris. Il aurait été alors quasi certain qu’en 2049 – comme le revendiquent et l’affirment les dirigeants chinois se frottant les mains –, la Chine aurait surpassé les États-Unis pour le leadership mondial et serait devenue l’hyperpuissance dominante. Or dès le retour de Trump et ses premières mesures géopolitiques et économiques radicales et révolutionnaires, la fête est compromise et Pékin voit avec inquiétude cette perspective lui échapper. Dès lors, l’Empire du milieu déjà très puissant va rendre coup pour coup et assurément, il ne va pas se laisser faire. Loin de là !
Les tensions avec Pékin pourraient donc dégénérer (peu probable, « le piège de Thucydide » étant quelque peu biaisé par l’arme nucléaire et surtout Trump étant justement un anti-guerre et un non-interventionniste forcené, adepte du deal et d’un partage du monde, et surtout un adversaire avéré du puissant complexe militaro-industriel américain…), les alliances transatlantiques se fragilisent, et l’effet boomerang des sanctions commerciales – sur l’approvisionnement, sur les prix, sur la stabilité du dollar – n’est pas à écarter.
Mais l’histoire nous enseigne encore que les grands basculements s’accompagnent toujours de crises et d’affrontements économiques. Trump, poussé par une forme de mégalomanie, s’imagine donc clairement comme l’homme fort d’un monde post-mondialiste, réinventant les règles au nom d’un pragmatisme et d’un patriotisme assumés.
À lire aussi : Patriotisme économique
L’Europe en panne de vision : Une hystérie et une incompétence qui rappelle la fin de l’URSS…
Pendant ce temps, l’Europe se trouve dans une posture difficile. Et Trump sera sans pitié avec elle. Les Européens vont en payer le prix. Or ce n’est pas la faute du « méchant » Trump mais plutôt celle des représentants qu’ils se sont choisis et que le président américain méprise car ils sont méprisables.
En effet, déjà durant son précédent mandat, les dirigeants européens avaient refusé de le suivre dans la première phase de sa guerre commerciale contre la Chine, et ce, pour de basses raisons de conflits d’intérêts avec l’Empire du milieu et au mépris des propres intérêts industriels européens. Pour Trump, l’« élite » européenne est déjà « vendue » à Pékin et aux grands groupes industriels européens ayant délocalisé massivement leur production en Chine. L’actualité semble d’ailleurs lui donner raison avec la petite musique que nous commençons à entendre un peu partout dans les médias et avec les dernières déclarations de certains évoquant carrément et sans complexe la nécessité de se jeter dans les bras des Chinois face à la brutalité de Trump ! Il faut vraiment l’entendre pour le croire !
Comble du véritable dégoût de Trump pour cette « caste » européiste, le rejet de celle-ci de sa vision quasi huntingtonienne selon laquelle, pour enrayer le déclin de la civilisation occidentale judéo-chrétienne – rassemblant les États-Unis, l’Europe… et la Russie ! – face à la puissance montante de la Chine, il faudrait forger un bloc civilisationnel uni et déterminé.
Car plutôt que de faire preuve d’une réflexion stratégique sur la relance de sa souveraineté industrielle (que nos dirigeants nous avaient pourtant promis à partir de 2020 et la pandémie du Covid, en vain…) et monétaire, les responsables européens (largement progressistes et mondialistes pour la plupart) semblent s’enfermer dans une hystérie idéologique et institutionnelle, confondant parfois leur combat « anti-Trump » avec une véritable stratégie de puissance. Nombre de dirigeants européens, inconséquents et effrayés par les bouleversements en cours, adoptent des postures moralisatrices ou dramatisent à outrance la moindre déclaration américaine.
Cette forme de panique, ajoutée à une peur irrépressible de voir la Révolution conservatrice de Trump atteindre et se propager sur le Vieux continent et donc des manifestations de censure ou d’atteintes à la liberté d’expression à l’intérieur de certains États-membres (comme l’a rappelé à juste titre J. D. Vance lors de son discours à Munich en février dernier), donne la désagréable impression que l’UE est confrontée à une fin de cycle, voire à une fin de règne et un « éclatement », un peu à la manière de l’URSS en son temps.
D’autant que face aux nouvelles menaces tarifaires américaines, certains pays membres (comme l’Italie, la Hongrie ou d’autres…) risquent de préférer faire cavalier seul et aller à Canossa et négocier directement à Washington – comme le font déjà de nombreux pays dans le monde – afin de préserver légitimement leurs strictes intérêts nationaux (le rêve et peut-être même l’objectif secret du locataire de la Maison-Blanche comme avec les membres des BRICS+…) plutôt que de participer à un fantastique suicide collectif !
En attendant, trop d’élites technocratiques nient la réalité des rapports de force ou les attentes réelles des peuples « périphériques » majoritaires, victimes de la « mondialisation malheureuse », préférant brandir des slogans abstraits sur la « solidarité » ou la « démocratie » alors même que, sur le terrain, les économies sont au bord de la banqueroute (bien avant le retour de Trump !), le malaise grandit et que le fossé ne cesse de se creuser entre les Européens et la « caste » dirigeante, de plus en plus déconnectée des réalités et souvent réduit à n’être que de simples télégraphistes des « puissances de l’argent » (Mitterrand) locales ou étrangères…
De même, l’Union européenne continue à se vautrer dans un désastre géopolitique tragique en déversant encore et toujours des dizaines de milliards d’euros (en pure perte !) sur l’Ukraine pour faire perdurer une guerre perdue d’avance (depuis le début) et en considérant comme seule et unique « menace existentielle » la Russie – qui pourtant nous aurait bien aidé en tant que partenaire ou allié face à la Chine et aussi à une hyperpuissance américaine plus que jamais agressive et arrogante… Alors que les dangers existentiels pour l’Europe, véritables eux, sont ailleurs, comme l’islam politique, le terrorisme, les instabilités politiques et la poussée démographique du Sud, les crises migratoires actuelles et futures… et peut-être même, le pire, ses propres dirigeants actuels !
Si l’UE ne redéfinit pas ses défis et dangers géopolitiques réels – et non fantasmés – et qu’elle persiste à ne rien changer à sa politique commerciale, à refuser toute remise à plat de sa gouvernance, et à traiter avec condescendance, mépris ou moquerie la stratégie de Trump (au motif qu’elle serait « folle », « barbare » ou « populiste »), elle risque de passer à côté des grandes mutations géopolitiques en cours.
L’inaction ou l’incompréhension relèvent ici de l’incompétence, voire de la dangerosité pour l’avenir des peuples européens. Car dans un monde où les tensions sino-américaines redessinent la carte des alliances, rester passif pourrait signifier devenir le jouet des grandes puissances, sans maîtrise de son destin économique ou militaire.
En attendant, face aux taxes américaines sur 356 milliards d’euros de biens, l’UE a donc décidé, le 9 avril, de taxer…22 milliards de biens américains. Soit 16 fois moins !
Mieux, l’UE s’est engagée à acheter « beaucoup plus de GNL américain » et à « accorder la révision de certaines normes sanitaires et phytosanitaires » ! Fantastique !
À lire aussi : Le Mali : l’armée au combat, les patriotes 2.0, les islamistes
Le coup de théâtre de la pause tarifaire et l’effet de surprise : Un coup stratégique gagnant ?
Ne perdons pas également de vue que ces droits de douane sont aussi un outil non négligeable de négociation géopolitique et de pression diplomatique, à l’image de l’Iran placé dans la tranche la plus basse des nouveaux tarifs, 10%, inférieur par exemple au taux imposé à Israël, ou encore la Russie (comme la Biélorussie, Cuba ou la Corée du Nord), absente de la longue liste des pays concernés par ces taxes douanières. Certes, la Russie est déjà sous le coup de nombreuses sanctions américaines et le commerce entre les deux pays est devenu vraiment dérisoire depuis quelques années déjà . Mais pour Trump, c’est tout de même un signal fort adressé à Moscou dans les négociations en cours sur l’Ukraine…
Donald Trump est certes un personnage controversé, égocentrique, et on le sait, mégalomane, mais il n’en reste pas moins le catalyseur d’un bouleversement d’envergure pour l’Occident. Son patriotisme n’est pas feint. Son intelligence et son expérience et son sens aigu de négociateur, trop souvent sous-estimés, le poussent à miser sur un pari osé : briser l’architecture mondialiste et forcer les multinationales à relocaliser, tout en réaffirmant la puissance américaine sur la scène internationale face à Pékin. Ce projet comporte des risques majeurs (escalade avec la Chine, tensions diplomatiques avec les alliés, volatilité des marchés), mais il offre aussi l’opportunité de repenser la souveraineté économique et la place des classes populaires dans la prospérité nationale.
Pour l’heure, depuis le 2 avril dernier et son annonce qui a ébranlé le monde, le sulfureux président américain était resté ferme et avait refusé de céder devant l’affolement mondial (« Restez cool. Tout va bien se passer » avait-il déclaré), les diverses pressions des grands patrons de son camp, les attaques boursières et la réplique chinoise (le mardi 8 avril, il avait même décidé de rehausser à 125% les droits de douanes contre la Chine !).
Le 8 avril, cet électrochoc de l’ancien homme d’affaires newyorkais, l’auteur de The Art of the Deal, semblait même déjà commencer à payer puisque, on l’a dit, de nombreux pays « captifs » de l’économie américaine – 75 selon lui, qui s’étaient déjà précipité « lui lécher le cul » (sic) –, avaient commencé à négocier en coulisses, ce qui a permis aux marchés internationaux de reprendre leur souffle dès le 9 avril au matin à l’ouverture de Wall Street…
Et le 9 avril en fin d’après-midi, coup de théâtre ! En effet, après avoir obtenu un maximum d’attention en causant la sidération de par le monde, Trump a annoncé qu’il suspendait pour 90 jours les droits de douane dits « réciproques » contre des dizaines de pays, tout en relevant les surtaxes visant la Chine, un revirement inattendu qui a donné lieu dans l’après-midi à un net rebond sur le marché boursier américain.
Une taxe de 10% – soit le taux présenté la semaine dernière comme « plancher » – va cependant continuer de s’appliquer sur la plupart des importations aux Etats-Unis durant cette pause, a précisé la Maison-Blanche.
Il semblerait que les droits de douane sur l’automobile, l’acier et l’aluminium, imposés au préalable, vont rester en place.
Malgré les critiques de certains observateurs, qui voient dans cette suspension surprise un recul, un rétropédalage, de l’improvisation, un manque de professionnalisme ou une décision erratique, on peut estimer qu’il s’agit peut-être au contraire d’une stratégie potentiellement gagnante – ou, à tout le moins, ce n’est ni une erreur ni une défaite pour Donald Trump. Certes, il a peut-être cédé aux pressions citées plus haut de ses amis capitalistes… Mais à l’arrivée, en créant une atmosphère d’urgence, il a ouvert les négociations de manière brutale et n’oublions pas que la taxe de 10% dite « plancher » est maintenue… Avec la semaine de turbulence qu’ils ont connue et le formidable coup de pression qu’ils ont subi, beaucoup de pays vont alors la considérer comme… un soulagement ! Du grand art !
Sans parler de la possible manipulation des marchés (peut-être le plus grand délit d’initié de l’histoire ?) après son message, « C’est le moment idéal pour acheter », sur son réseau Truth Social quelques heures avant l’annonce officielle de la pause qui a fait bondir Wall Street de 10%…
Quoi qu’il en soit, cette surprise illustre une politique de pression constante, où l’effet de surprise et la révision rapide des positions seront monnaie courante.
La Révolution « trumpienne » ne sera certes pas un long fleuve tranquille vers la prospérité et la paix. Elle suscite déjà des turbulences et pourrait mal tourner si elle est mal gérée. Mais, comme tout moment charnière, elle offre une occasion rare : celle de réformer un système à bout de souffle et de replacer l’intérêt des nations au cœur du jeu. Pour les Européens, il est plus que temps de choisir : continuer à subir l’évolution du monde dans une posture frileuse et hystérique, ou saisir cette secousse comme une chance de retrouver leur propre souveraineté et leur puissance.
Dans un monde qui ressemble de plus en plus à une ère de grande transition, Donald Trump, malgré ses excès et son caractère clivant, apparaît comme l’un des rares dirigeants à assumer pleinement la nécessité d’un changement de paradigme. Son patriotisme, son ambition démesurée et son art de la provocation le placent au premier rang d’une « Révolution sous-estimée » : qu’on l’apprécie ou non, ses décisions sont en train de rebattre les cartes du pouvoir. Peut-être conviendrait-il de regarder cette recomposition avec un peu moins de mépris et un peu plus de lucidité, sous peine de devenir les spectateurs impuissants d’un monde qui se reconstruit sans nous…
À lire aussi : Patriots vs McWorldists, ou la fracture majeure qui menace de
#DonaldTrump, #Trump2025, #RetourDeTrump, #MaisonBlanche, #Geopolitique, #MondePostMondialiste, #NouvelOrdreMondial, #TrumpVsChine, #TrumpPresident, #Protectionnisme, #USAFirst, #MakeAmericaGreatAgain, #TrumpComeback, #PolitiqueEtrangere, #TrumpVsBiden, #ClasseMoyenne, #SouverainetéÉconomique, #GuerreÉconomique, #ChineUSA, #Relocalisation, #Mondialisme, #OMC, #OMS, #Occident, #Europe, #BRICS, #CriseBoursière, #TarifsDouaniers, #Wokisme, #GAFAM, #TrumpVsUE, #HégémonieChinoise, #TensionsDiplomatiques, #FinDuMondeUnipolaire, #TrumpStratégie, #NouvelleGuerreFroide, #NationalismeÉconomique, #Réindustrialisation, #ÉconomieMondiale, #ReformeGlobale

Roland Lombardi est docteur en Histoire, géopolitologue, spécialiste du Moyen-Orient et des questions de sécurité et de défense. Fondateur et directeur de la publication du Diplomate.
Il est chargé de cours au DEMO – Département des Études du Moyen-Orient – d’Aix Marseille Université et enseigne la géopolitique à Excelia Business School de La Rochelle.
Il est régulièrement sollicité par les médias du monde arabe. Il est également chroniqueur international pour Al Ain. Il est l’auteur de nombreux articles académiques de référence notamment : « Israël et la nouvelle donne géopolitique au Moyen-Orient : quelles nouvelles menaces et quelles perspectives ? » in Enjeux géostratégiques au Moyen-Orient, Études Internationales, HEI – Université de Laval (Canada), VOLUME XLVII, Nos 2-3, Avril 2017, « Crise du Qatar : et si les véritables raisons étaient ailleurs ? », Les Cahiers de l’Orient, vol. 128, no. 4, 2017, « L’Égypte de Sissi : recul ou reconquête régionale ? » (p.158), in La Méditerranée stratégique – Laboratoire de la mondialisation, Revue de la Défense Nationale, Été 2019, n°822 sous la direction de Pascal Ausseur et Pierre Razoux, « Ambitions égyptiennes et israéliennes en Méditerranée orientale », Revue Conflits, N° 31, janvier-février 2021 et « Les errances de la politique de la France en Libye », Confluences Méditerranée, vol. 118, no. 3, 2021, pp. 89-104. Il est l’auteur d’Israël au secours de l’Algérie française, l’État hébreu et la guerre d’Algérie : 1954-1962 (Éditions Prolégomènes, 2009, réédité en 2015, 146 p.). Co-auteur de La guerre d’Algérie revisitée. Nouvelles générations, nouveaux regards. Sous la direction d’Aïssa Kadri, Moula Bouaziz et Tramor Quemeneur, aux éditions Karthala, Février 2015, Gaz naturel, la nouvelle donne, Frédéric Encel (dir.), Paris, PUF, Février 2016, Grands reporters, au cœur des conflits, avec Emmanuel Razavi, Bold, 2021 et La géopolitique au défi de l’islamisme, Éric Denécé et Alexandre Del Valle (dir.), Ellipses, Février 2022. Il a dirigé, pour la revue Orients Stratégiques, l’ouvrage collectif : Le Golfe persique, Nœud gordien d’une zone en conflictualité permanente, aux éditions L’Harmattan, janvier 2020.
Ses derniers ouvrages : Les Trente Honteuses, la fin de l’influence française dans le monde arabo-musulman (VA Éditions, Janvier 2020) – Préface d’Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement et de sécurité de la DGSE, Poutine d’Arabie (VA Éditions, 2020), Sommes-nous arrivés à la fin de l’histoire ? (VA Éditions, 2021), Abdel Fattah al-Sissi, le Bonaparte égyptien ? (VA Éditions, 2023).
Vous pouvez suivre Roland Lombardi sur les réseaux sociaux :  Facebook, Twitter et LinkedIn
