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ÉCONOMIE – L’or noir du chaos : Erik Prince, le Congo et les métaux du futur

le Congo et les métaux du futur
Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Olivier d’Auzon

Par-delà les marais sanglants de l’est congolais, où le sol est riche mais la paix rare, un homme surgit des ténèbres de la guerre privée. Erik Prince, ancien patron de Blackwater, figure controversée de l’Amérique post-11 septembre, revient au cœur des conflits — cette fois non pas pour livrer bataille, mais pour sceller des accords. Et derrière ces contrats, un nouvel eldorado : les métaux critiques.

Le retour d’un homme de guerre

Il fut jadis le prince noir des guerres modernes, fondateur de Blackwater, cette société militaire privée dont les mercenaires défrayèrent la chronique à Bagdad. Aujourd’hui, Erik Prince revient, non plus à la tête d’un escadron, mais comme artisan d’un pacte minéral et sécuritaire avec l’un des pays les plus instables mais stratégiques de la planète : la République Démocratique du Congo.

Selon Reuters, un accord a été conclu entre Prince et les autorités congolaises pour les aider à « sécuriser et taxer » leur immense richesse minérale. Ce deal précède de peu la brutale offensive lancée en janvier par les rebelles du M23, appuyés par le Rwanda, qui ont pris le contrôle de Goma et Bukavu, les deux plus grandes villes de l’est.

Un pacte de sécurité… et d’influence

L’opération pilotée par Prince s’inscrit dans un tableau plus vaste : une négociation entre la RDC et l’administration Trump, revenue aux affaires, visant à garantir aux États-Unis un accès privilégié aux métaux critiques – cobalt, coltan, tungstène – éléments indispensables aux batteries, aux technologies vertes et à l’industrie de défense.

Ce jeu d’échecs géopolitique s’annonce brutal : les cartes sont rebattues, mais les joueurs sont toujours les mêmes. La Chine, cible commerciale prioritaire de Donald Trump, domine déjà l’exploitation minière congolaise à travers une multitude de sociétés hybrides. L’Union européenne, de son côté, a choisi une autre voie : raccourci stratégique par le Rwanda, contre une promesse d’investissements massifs. Le Congo, une fois encore, devient le théâtre des ambitions étrangères, le carrefour des prédateurs aux visages lisses et aux mains gantées.

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Du cuivre au coltan : Le trésor souillé de l’est

Le sous-sol congolais est une armoire à trésors ouverte aux vautours. En 2024, le pays a extrait plus de 220 000 tonnes de cobalt, selon l’US Geological Survey, et reste le premier producteur mondial. Il fournit également près de 70 % du tantale mondial, issu du coltan, ce minerai sombre et dense qui alimente smartphones, missiles et satellites.

Mais ce pactole a un goût de sang et de larmes.

Dans les collines vertes du Nord-Kivu, là où les enfants descendent dans les mines à mains nues, le progrès technologique du monde occidental s’arrime à la misère locale. Les ONG, épuisées de répéter l’évidence, documentent encore et encore : travail des enfants, effondrements meurtriers, milices racketteuses, corruption endémique.

Que peut faire Erik Prince, sinon professionnaliser le pillage ?

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L’Amérique et ses ombres

Le retour de Prince dans les affaires africaines ne saurait être vu comme une simple opération économique. Il est le symptôme d’une mutation de la politique étrangère américaine, plus brutale, moins diplomatique, désireuse de sécuriser son avenir énergétique sans filtre moral.

Rappelons que les anciens employés de Blackwater ont été condamnés pour avoir tué des civils en Irak, puis graciés par Trump lors de son premier mandat. Ce n’est pas un détail, c’est une philosophie : la fin justifie les armes.

Et voici que ces armes reviennent, polies, reconditionnées, sous forme d’accords bilatéraux et de contrats opaques, dans une région où les conflits sont aussi économiques que militaires.

Le Congo, cœur noir de la mondialisation

Joseph Kessel aurait décrit ces scènes avec une lumière d’aube trouble : les convois blindés sur les pistes rouges du Katanga, les visages fatigués des mineurs à l’entrée des galeries, les rumeurs dans les bars de Kinshasa, et ce parfum d’intrigue où la géopolitique se mêle aux poussières de cuivre.

Le Congo, une fois encore, est à vendre. Mais qui l’achète ? Ceux qui promettent la sécurité ou ceux qui l’organisent à leur manière ? Ceux qui dénoncent l’ingérence chinoise tout en menant la leur ? Ceux qui prétendent protéger les ressources tout en les exploitant ?

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