
Par Olivier d’Auzon
Le vent chaud des savanes et des capitales africaines porte depuis quelques jours un deuil silencieux : celui du pape François, mort à Rome mais pleuré jusqu’aux rives du Congo et aux plages de l’océan Indien. Loin de l’ombre millénaire du Vatican, c’est tout un continent qui s’incline, reconnaissant, devant celui qui a su, mieux que nul autre avant lui, tendre la main à l’Afrique catholique.
À la tête d’une Église universelle confrontée aux défis du XXIᵉ siècle, François avait compris une évidence démographique et spirituelle : l’avenir du catholicisme est africain. Aujourd’hui, un catholique sur cinq dans le monde est africain. Mais le pape argentin ne s’est pas contenté de regarder les chiffres. Il a arpenté les terres rouges, foulé la poussière des bidonvilles, affronté les tumultes des guerres civiles pour inscrire l’Afrique au cœur du projet catholique.
François, pèlerin d’une Église décentralisée
S’inscrivant dans la continuité du grand voyageur qu’était Jean-Paul II — qui avait visité plus de 25 pays africains —, François a poussé plus loin la logique d’une Église de terrain. Cinq voyages majeurs, dix pays parcourus, à chaque fois le même cap : porter un message d’espérance aux peuples meurtris.
À Nairobi, en novembre 2015, c’est dans le bidonville de Kangemi qu’il célèbre sa messe, dénonçant sans détour les “formes modernes du colonialisme” qui écrasent les pauvres sous le poids des injustices économiques. À Bangui, en Centrafrique, alors que les balles crépitaient encore à quelques rues, François brave la peur et entre dans le quartier musulman du PK5, s’invitant à la mosquée et obligeant les chrétiens apeurés à suivre ses pas. Ce geste de courage scellera symboliquement la lente réconciliation nationale.
François ne voyage pas en Afrique comme un conquérant, ni même comme un diplomate : il se fait frère des pauvres, complice des peuples oubliés, serviteur d’une paix fragile.
L’Afrique, “continent de l’espérance”
Au fil des ans, ses déplacements dessinent une géographie précise : Afrique des conflits (Centrafrique, Sud-Soudan, RDC), Afrique des défis écologiques (Madagascar, Mozambique), Afrique des minorités chrétiennes (Égypte, Maroc).
En Égypte en 2017, il vole au secours de la minorité copte, saignée par les attentats djihadistes. À Rabat en 2019, il exhorte au dialogue interreligieux, main dans la main avec le roi Mohammed VI. En 2023, malgré sa santé déclinante, il foule enfin la terre de la RDC, où 35 millions de catholiques l’attendaient, avant de gagner le Sud-Soudan, déchiré par les rivalités meurtrières entre Salva Kiir et Riek Machar. Cinq ans auparavant, dans un geste d’une humilité radicale, il avait embrassé les pieds de ces deux chefs pour les supplier de choisir la paix.
Pour François, l’Afrique n’était pas seulement un terrain missionnaire ; elle était un laboratoire d’avenir pour l’Église, un creuset spirituel où se joue la crédibilité morale de Rome.
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La fracture culturelle : Le choc autour des unions homosexuelles
Mais ce grand amour n’était pas sans tensions. Lorsqu’en décembre 2023, François autorise la bénédiction de couples homosexuels — à la condition de ne pas en faire un rituel officiel —, la réaction des évêques africains est immédiate et brutale. Sous la houlette du cardinal Fridolin Ambongo, le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) rejette vigoureusement cette ouverture jugée “inacceptable”.
François, en fin politique, tente alors de désamorcer le conflit. “Nous sommes tous des pécheurs”, rappelle-t-il aux critiques, insistant sur la miséricorde plutôt que sur la doctrine. Mais il ne cède pas sur l’essentiel : l’Église catholique, à ses yeux, doit s’ouvrir aux blessés de la vie, sans renier sa foi.
Il reconnaît pourtant lucidement le fossé culturel : en Afrique, l’homosexualité reste largement taboue, considérée comme un mal irréductible. Sur ce sujet brûlant, le pape de la périphérie s’est heurté aux frontières du conservatisme africain.
Un héritage africain pour le futur pape
En définitive, le lien que François a tissé avec l’Afrique est fait de chair et de douleur, de promesses et d’incompréhensions. Il laisse derrière lui une Église plus présente que jamais sur le continent, mais aussi un défi : comment conjuguer fidélité aux Évangiles et respect des diversités culturelles africaines ?
Le prochain pape héritera de cette relation ambivalente. Il devra continuer d’accompagner une Afrique catholique jeune, fervente, mais soucieuse de conserver son identité.
François, ce pape venu du bout du monde, aura fait entrer l’Afrique non plus comme simple destinataire de l’Évangile, mais comme actrice majeure du devenir catholique. Cela restera peut-être sa plus grande réussite historique.
Le cardinal Robert Sarah, nouvel espoir conservateur pour la papauté
Depuis la mort du pape François, le cardinal guinéen Robert Sarah, 79 ans, est devenu une figure majeure pour les catholiques conservateurs, qui voient en lui un potentiel « pape anti-woke ». Connue pour ses prises de position fermes, Sarah alerte : « Mon plus grand souci est que l’Europe a perdu le sens de ses origines. […] Vous êtes encore envahis par d’autres cultures, d’autres peuples qui domineront progressivement. »
Propulsé par les réseaux sociaux, notamment par l’influenceur catholique Sachin Jose Ettiyil, il est décrit comme « l’espoir » de nombreux conservateurs. Ses déclarations comme « Si le christianisme disparaît en Europe, le monde entier est menacé » trouvent un réel écho chez les catholiques de tous les continents
Malgré son orthodoxie et son passé de résistance aux dictatures guinéennes, certains le jugent « trop franc » .
Comme le conclut un observateur : « L’élection papale reste imprévisible. En 2013, le pape François était lui aussi considéré comme un outsider. »
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