Facebook
LinkedIn
X

TRIBUNE – Pour un réarmement utile : Entre haute technologie et masse rustique

Le président de la République lors de son discours à l’hôtel de Brienne le 13 juillet. - © MDL Victor François / Dicod / Défense
Le président de la République lors de son discours à l’hôtel de Brienne le 13 juillet. – © MDL Victor François / Dicod / Défense

Par David Saforcada

Le discours du président Emmanuel Macron du 13 juillet 2025 a marqué un tournant apparent dans la stratégie de défense française. En annonçant une hausse du budget militaire de 6,5 milliards d’euros sur deux ans, le chef de l’État a voulu afficher une volonté de réarmement face à la dégradation de l’ordre international. 

Pourtant, derrière l’effet d’annonce, plusieurs questions majeures demeurent : cette hausse est-elle à la hauteur des enjeux ? Quels arbitrages entre technologie de pointe et capacités de masse ? Et comment réconcilier les armées avec une société déconnectée de la défense nationale ?

À lire aussi : ANALYSE – Émirats Arabes Unis et Dassault Aviation : L’axe stratégique qui redéfinit la puissance dans les cieux du Moyen-Orient

Un effort budgétaire louable mais insuffisant

Porter le budget à 64 milliards d’euros en 2027 est un signal fort. Mais les besoins exprimés par les états-majors et les experts dépassent largement ce chiffre. Selon France Stratégie ou encore le ministre des Armées lui-même, un effort de 90 à 100 milliards d’euros/an serait nécessaire pour restaurer une véritable souveraineté opérationnelle. La défense, trop longtemps considérée comme une variable d’ajustement budgétaire, exige aujourd’hui une vision de long terme, bien au-delà des ajustements conjoncturels.

La France a besoin de Rafale… mais aussi de “205”

Le matériel de haute intensité, comme les Rafale, les Leclerc modernisés, ou les SNA, est indispensable pour assurer la supériorité tactique et la dissuasion. Mais ce matériel est coûteux, rare, et long à produire. Il ne suffit pas pour mener une guerre longue, où l’usure logistique et la masse jouent un rôle décisif.

L’exemple ukrainien est éloquent : face à des menaces multiples, la capacité à produire et à maintenir du matériel simple, rustique, réparable et disponible en grand nombre devient centrale. Drones FPV, camions militarisés, munitions de base, mortiers : voilà les “205” militaires qui doivent compléter les “Rolls Royce” technologiques.

Recréer de l’industrie, une urgence stratégique

Vouloir l’autonomie, c’est assumer de reconstruire des filières entièrement abandonnées : pyrotechnie, électronique de défense, munitions, composants critiques. Cela demande non seulement de l’argent, mais aussi du temps, de la volonté politique, et une politique industrielle intégrée. L’État stratège doit redevenir une réalité, au-delà des discours.

Recrutement : Sortir de la logique Sentinelle

Les armées peinent à recruter et à fidéliser. La mission Sentinelle, souvent perçue comme ingrate et peu valorisante, ne suffit plus à motiver les jeunes engagés. Il faut offrir des parcours clairs, des missions à haute valeur opérationnelle, et redonner du sens au contrat militaire. 

La fin des OPEX : Une perte de sens pour les engagés

Pendant des années, les opérations extérieures (OPEX) ont constitué un moteur essentiel du recrutement : elles offraient une perspective concrète, une expérience valorisante et un sentiment d’utilité. Leur réduction brutale ces dernières années a créé un vide. Pour y répondre, il faudra inventer de nouveaux types de missions projetables : coopérations internationales, appui outre-mer, cyber-opérations ou missions intérieures réévaluées.

Vers une nouvelle réserve, plus souple et citoyenne

Plutôt que de vouloir imposer un service militaire universel, lourd et coûteux, la France pourrait innover avec une réserve modernisée. Elle serait accessible à tous les jeunes, sous forme de volontariat fortement incitatif ou d’obligation légère, avec un engagement progressif : quelques semaines intensives de formation, puis un contrat de disponibilité opérationnelle sur plusieurs années. Cette réserve “nouvelle génération” permettrait de renforcer la résilience nationale, tout en reconnectant les citoyens à leur armée.

Un réarmement à la fois stratégique, industriel et humain

La défense de la France ne peut reposer uniquement sur des symboles ou des programmes vitrines. Il faut réarmer à tous les niveaux : industriel, capacitaire, culturel. Cela implique des choix courageux : favoriser la production en série, accepter l’imperfection fonctionnelle, reconstruire une culture de réserve, et reconnecter la société à son armée. C’est à ce prix que le discours du 13 juillet pourra devenir autre chose qu’une incantation de plus.

À lire aussi : ANALYSE – Émirats Arabes Unis et Dassault Aviation : L’axe stratégique qui redéfinit la puissance dans les cieux du Moyen-Orient


#Macron, #DéfenseNationale, #ArméeFrançaise, #BudgetMilitaire, #Réarmement, #France2030, #Souveraineté, #Rafale, #IndustrieDeDéfense, #StratégieMilitaire, #RéserveCivile, #OPEX, #FPV, #DroneMilitaire, #GuerreModerne, #CyberDéfense, #RéserveOpérationnelle, #ServiceMilitaire, #RecrutementMilitaire, #Macron2025, #DiscoursMacron, #PolitiqueDeDéfense, #FranceStratégie, #GuerreUkrainienne, #Leclerc, #SNA, #ArméeDeTerre, #ArméeDeLAir, #MarineNationale, #Sentinelle, #IndustrieMilitaire, #RésilienceNationale, #RéarmementFrançais, #TechnologieMilitaire, #2035Ready, #FranceSouveraine, #ÉtatStratège, #MilitairesFrançais, #Réindustrialisation, #SécuritéNationale

Le Diplomate Logo

Inscrivez-vous pour recevoir chaque semaine toutes les actualitées.

Ce champ est nécessaire.

Nous ne spammons pas ! Consultez nos CGU pour plus d’informations.

Retour en haut