
Par Olivier d’Auzon
À la tête d’un second mandat, Donald Trump pourrait mettre en Å“uvre une stratégie diplomatique audacieuse visant à redéfinir les alliances mondiales. Avec son slogan “l’Amérique d’abord“, Trump pourrait chercher à diminuer l’engagement militaire et les interventions traditionnelles de Washington pour privilégier des accords bilatéraux avantageux, en particulier avec des puissances comme la Russie et la Chine, c’est en cas l’idée défendue par Matthew Sussex dans Asia Times, le 8 novembre 2024, dans son article : Trump 2.0: a grand bargain with Putin and hard pivot to China
Cette approche pourrait marquer un tournant majeur pour la politique étrangère américaine, en optant pour une diplomatie pragmatique et transactionnelle qui met de côté les principes idéologiques pour se concentrer sur les intérêts économiques et géopolitiques.
Avec une victoire écrasante lors des élections présidentielles, Donald Trump se retrouve à la Maison-Blanche avec un mandat fort pour appliquer ses ambitions sur les plans intérieur et international. Libéré des garde-fous qui avaient freiné son premier mandat — un Sénat hostile, des opposants au sein même du Parti républicain et une administration publique tournée vers le bien national — Trump entame ce second mandat avec une liberté d’action inédite.
Les choix de politique étrangère de ce “Trump 2.0”, ainsi que les nominations aux postes clés, auront des implications profondes sur la scène mondiale. Les premiers noms évoqués incluent Marco Rubio, pressenti pour le poste de secrétaire d’État, John Ratcliffe à la CIA, ou encore Pete Hegseth, susceptible de prendre les rênes du Pentagone.
Trois grandes orientations stratégiques émergent de cette nouvelle ère Trump, chacune susceptible de redessiner la politique étrangère américaine et son impact global.
L’Amérique d’abord, mais à quel prix ?
Trump pourrait choisir de renforcer sa doctrine isolationniste, se positionnant comme un médiateur et se détournant des alliances historiques. Cette approche pourrait inclure un retrait de l’OTAN ou un soutien conditionnel aux alliés transatlantiques, exigeant une allégeance absolue à ses décisions. Une telle démarche pourrait également signifier un désengagement progressif des alliances en Asie et dans le Pacifique, tout en demandant à ses partenaires de défense d’augmenter significativement leurs dépenses militaires.
Par exemple, l’Australie espère obtenir des assurances quant à la continuité du soutien américain au pacte AUKUS, qui prévoit l’acquisition de sous-marins nucléaires d’ici 2030 et un partage technologique avec les États-Unis et le Royaume-Uni. Cet accord sera certainement réévalué par l’administration Trump, malgré l’appui républicain.
Pour que cette stratégie isolationniste fonctionne, Trump devrait d’abord négocier un “grand accord” avec la Russie, non seulement en raison de son admiration pour Poutine, mais aussi pour concrétiser sa promesse de mettre fin rapidement au conflit en Ukraine. À plus long terme, un compromis avec la Chine pourrait s’avérer nécessaire pour éviter une guerre commerciale prolongée, qui risquerait de nuire à sa base électorale.
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Un pivot stratégique vers l’Asie
Face aux tensions avec l’Europe, Trump pourrait choisir de se tourner davantage vers l’Asie, où ses alliés fidèles appellent à une approche plus combative envers la Chine. Un tel pivot nécessiterait cependant un apaisement des relations avec la Russie. Un accord pour mettre fin au conflit ukrainien permettrait de concentrer les ressources américaines sur une confrontation stratégique avec Pékin, tant sur le plan économique que militaire.
Pour sécuriser ce virage, Trump devra offrir des garanties de sécurité solides à ses alliés du Pacifique, tels que le Japon, l’Australie et la Corée du Sud, en échange de leur soutien contre la Chine, y compris en cas de conflit potentiel.
La paix par la force
Enfin, Donald Trump pourrait tenter de suivre la voie de Ronald Reagan, cherchant à restaurer la domination américaine avec pragmatisme et en collaboration avec des alliés partageant les intérêts des États-Unis. Cette approche exigerait des investissements militaires importants, une recherche et un développement accrus, et une réaffirmation de la suprématie technologique américaine.
Cela pourrait inclure une stratégie pour contrer Pékin en renforçant militairement des alliés et des partenaires stratégiques, tout en soutenant des alliés plus indépendants, comme Israël et l’Arabie saoudite.
Un monde en mutation
Quel que soit le chemin choisi, les répercussions pour les alliés des États-Unis seront majeures. Si un accord avec Poutine se profile à l’horizon, ce dernier pourrait imposer des concessions douloureuses à l’Ukraine, obligeant par ailleurs cette dernière à observer un statut de neutralité.
A ce titre, au chapitre des occasions manquées, l’ancien sherpa de Jacques Chirac, Maurice Gourdault- Montagne, le souligne volontiers dans son ouvrage : “Les autres ne pensent pas comme nous “, publié chez Bouquin en 2022 : « Par exemple, fin 2006, Jacques Chirac dans une relation de confiance construite peu à peu avec Poutine et préoccupé du déséquilibre stratégique en Europe et du revanchisme possible en Russie, m’avait envoyé à Moscou pour présenter l’esquisse d’un plan consistant en une protection croisée de l’Ukraine par la Russie et l’Otan et qui serait gérée par le conseil Otan-Russie créé peu de temps de temps auparavant. Cela aurait été une manière de faire de l’Ukraine un pays neutre garanti dans ses frontières. Le conseiller diplomatique de Poutine qui était mon interlocuteur, s’était montré très intéressé, y voyant le règlement de la situation de la flotte de Sébastopol, basée en Crimée ukrainienne, garantissant à la Russie un accès aux mers chaudes. Condoleezza Rice, secrétaire d’État du président Bush à qui j’en parlais un peu plus tard me répliqua sans ambages que «la France n’avait pas à bloquer l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie (à l’Otan) ».
En Asie, les partenaires des États-Unis seront poussés à renforcer leur propre défense, en déclenchant potentiellement une course aux armements et un risque de prolifération nucléaire.
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Olivier d’Auzon est consultant juriste auprès des Nations unies, de l’Union européenne et de la Banque mondiale. Il a notamment publié : Piraterie maritime d’aujourd’hui (VA Éditions), Et si l’Eurasie représentait « la nouvelle frontière » ? (VA Éditions), L’Inde face à son destin (Lavauzelle), ou encore La Revanche de Poutine (Erick Bonnier).
