Par Olivier d’Auzon
Le 20 décembre 2024, le Président français Emmanuel Macron et son homologue djiboutien Ismaïl Omar Guelleh ont officialisé le renouvellement du partenariat stratégique de défense entre leurs deux pays. Ce pacte, emblématique des relations franco-djiboutiennes, renforce les engagements bilatéraux en matière de sécurité, de formation militaire, et de coopération régionale dans une zone en proie à des instabilités croissantes.
Un Partenariat Historique Renforcé
Depuis l’indépendance de Djibouti en 1977, la France a maintenu une présence militaire significative dans ce pays stratégiquement situé sur la mer Rouge et à la croisée des routes commerciales mondiales. Avec environ 1 500 soldats stationnés sur place, Djibouti abrite la plus grande base militaire française à l’étranger.
Ce renouvellement marque une continuité essentielle dans cette alliance, mais avec une vision modernisée. « La sécurité en Afrique de l’Est est indissociable de celle de l’Europe », a déclaré Emmanuel Macron lors d’une conférence conjointe. De son côté, Ismaïl Omar Guelleh a souligné l’importance de ce partenariat pour le renforcement des capacités locales en matière de défense.
Les Nouvelles Priorités de l’Accord
- Lutte Contre le Terrorisme et la Piraterie
L’accord s’inscrit dans un contexte où la Corne de l’Afrique fait face à des menaces multiples : groupuscules terroristes transfrontaliers, instabilité au Yémen voisin, et résurgence de la piraterie maritime. La France s’engage à fournir des équipements modernes et une expertise technique pour sécuriser les eaux djiboutiennes.
- Renforcement des Capacités Locales La formation des forces armées djiboutiennes sera intensifiée grâce à des programmes conjoints et des échanges d’expertise. Une attention particulière sera accordée à la gestion des crises humanitaires et aux interventions rapides face aux catastrophes naturelles.
- Dimension Économique et Infrastructures Militaires
La France promet également d’investir dans la modernisation des infrastructures militaires à Djibouti, comme la rénovation de bases stratégiques et le déploiement de technologies avancées, notamment dans le domaine du renseignement.
Dans un monde où les équilibres stratégiques se redessinent, la France réaffirme son engagement envers la région indo-pacifique, une zone cruciale où transite 60 % du PIB mondial. Au cœur de cette stratégie, Djibouti s’impose comme un pilier essentiel, offrant à Paris un accès unique aux voies maritimes stratégiques et à la mer Rouge. Lors de sa visite à Djibouti le 20 décembre 2024, Emmanuel Macron a souligné le rôle déterminant de ce petit État de la Corne de l’Afrique dans l’ancrage français dans l’Océan Indien et, au-delà, dans l’Indo-Pacifique.
Une position géographique au carrefour des enjeux mondiaux
Djibouti, situé à la sortie du détroit de Bab-el-Mandeb, contrôle une artère vitale reliant l’Asie à l’Europe. Ce passage stratégique voit transiter une part importante du commerce mondial, en particulier les flux énergétiques provenant du Moyen-Orient. Pour la France, qui a consolidé sa stratégie indo-pacifique depuis 2018, maintenir une présence militaire robuste à Djibouti est une nécessité géopolitique.
La région indo-pacifique, qui inclut des puissances émergentes comme l’Inde et la Chine, est au cœur des rivalités stratégiques mondiales. L’engagement français y est renforcé par ses territoires d’outre-mer comme La Réunion, Mayotte et la Polynésie française, mais aussi par sa capacité à projeter des forces depuis Djibouti. Cette présence confère à Paris une influence dans une zone où les intérêts économiques, maritimes et sécuritaires convergent.
Un partenariat repensé à l’aune de l’Indo-Pacifique
Le nouvel accord de défense signé entre Paris et Djibouti en juillet 2024 reflète cette orientation stratégique. Alors que la France a été contrainte de réduire sa présence militaire en Afrique de l’Ouest, elle investit dans le maintien et la modernisation de ses bases en des points clés comme Djibouti.
Emmanuel Macron a notamment déclaré que la base de Djibouti, qui abrite 1 500 militaires français, allait se « réinventer » comme un « point de projection » vers l’Afrique et l’Océan Indien. Ce repositionnement marque une évolution dans la doctrine militaire française, qui adapte désormais ses partenariats aux réalités d’un monde multipolaire.
Pour Djibouti, ce partenariat avec la France va au-delà d’une simple coopération militaire. Le président Ismaïl Omar Guelleh, fin négociateur, a su obtenir des concessions significatives, notamment une augmentation des redevances liées à l’utilisation des infrastructures militaires et un transfert de compétences accru en faveur des forces locales. Ces mesures renforcent la souveraineté de Djibouti tout en consolidant son rôle de carrefour géopolitique.
L’Océan Indien, épicentre des rivalités mondiales
La base militaire de Djibouti n’est pas qu’un enjeu régional : elle est aussi une pièce maîtresse de la stratégie indo-pacifique française. L’Océan Indien est aujourd’hui un théâtre de rivalités entre grandes puissances, où se croisent les ambitions de la Chine, des États-Unis, de l’Inde et d’autres acteurs. En accueillant des bases militaires chinoise, américaine, japonaise et française, Djibouti est devenu un point névralgique des luttes d’influence.
Pour la France, la présence militaire à Djibouti est une manière de rester compétitive dans cette région stratégique. Elle permet à Paris de sécuriser les routes maritimes, de lutter contre la piraterie et le terrorisme, et de maintenir une capacité d’intervention rapide dans des zones sensibles, de l’Afrique de l’Est à l’Asie du Sud-Est.
Une nouvelle étape dans la projection de la France
En mettant l’accent sur Djibouti comme un point d’ancrage dans l’Indo-Pacifique, la France cherche à élargir son influence au-delà de ses bases historiques en Afrique subsaharienne. Ce choix s’inscrit dans une stratégie plus large visant à anticiper les transformations géopolitiques mondiales, où l’Océan Indien et la région indo-pacifique joueront un rôle central dans les décennies à venir.
Djibouti n’est pas seulement un bastion pour la présence française en Afrique : il est une porte ouverte sur l’Océan Indien et l’Indo-Pacifique, un espace stratégique où se joue une part importante de l’avenir économique et sécuritaire du monde. Pour la France, c’est une opportunité à préserver, mais aussi une responsabilité à gérer avec prudence dans un environnement de plus en plus compétitif.
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