Paix fragile en Corne de l’Afrique : Leçons à tirer du clash entre la Somalie et l’Éthiopie

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Tensions entre Somalie et Éthiopie
Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Olivier d’auzon

Après l’affrontement meurtrier survenu à Doolow, une localité stratégique de l’État semi-autonome du Jubaland en Somalie, les tensions entre Mogadiscio et Addis-Abeba ont mis en lumière les défis persistants pour la stabilité dans la Corne de l’Afrique. L’incident, qui a impliqué des forces éthiopiennes stationnées dans la région et des soldats somaliens, reflète la complexité des enjeux politiques et militaires dans cette zone marquée par les rivalités de pouvoir et les menaces sécuritaires.

L’incident de Doolow : une escalade inattendue

Le 23 décembre 2024, les forces éthiopiennes, déployées dans le cadre d’opérations antiterroristes contre Al-Shabaab, seraient intervenues pour protéger des politiciens du Jubaland dont l’avion aurait été visé par des soldats somaliens. Cet acte a immédiatement suscité une réponse ferme de Mogadiscio, qui a condamné ce qu’elle considère comme une violation de sa souveraineté. Addis-Abeba, de son côté, a minimisé sa responsabilité en évoquant l’intervention d’« acteurs tiers » cherchant à déstabiliser la région.

Ce différend n’est pas un simple incident isolé. Il s’inscrit dans un contexte plus large où la gestion des territoires contestés, comme le Jubaland, exacerbe les tensions entre le gouvernement fédéral somalien et ses voisins régionaux, dont l’Éthiopie.

Réactions diplomatiques : dialogue sous tension

Dans un effort pour apaiser la crise, des pourparlers ont été immédiatement organisés entre Ali Mohamed Omar, ministre d’État somalien des Affaires étrangères, et son homologue éthiopien, Mesganu Arega. Ces discussions, tenues à Addis-Abeba, ont cependant révélé l’écart entre les positions des deux pays. Tandis que la Somalie exigeait des explications et une reconnaissance des torts, l’Éthiopie soulignait son engagement envers la coopération régionale et rejetait toute accusation directe.

Malgré ces différends, les deux parties ont réaffirmé leur adhésion à la Déclaration d’Ankara, un accord de rapprochement signé le 12 décembre 2024 sous la médiation de la Turquie. Ce document vise à résoudre les différends bilatéraux, notamment autour du Somaliland, et à promouvoir la paix dans la région.

Analyse des enjeux régionaux

  1. Souveraineté et influence régionale : L’incident de Doolow illustre la concurrence persistante pour l’influence dans la Corne de l’Afrique. L’Éthiopie, tout en soutenant officiellement l’intégrité territoriale de la Somalie, poursuit des intérêts stratégiques dans des régions comme le Jubaland, perçues comme des zones tampons contre Al-Shabaab.
  2. La question du Somaliland : Le différend autour de l’accord éthiopien avec le Somaliland, qui inclut un projet de port et de base militaire, reste une épine dans les relations bilatérales. Mogadiscio considère cet accord comme une reconnaissance implicite de l’indépendance du Somaliland, ce qui constitue une ligne rouge pour la Somalie.
  3. Stabilité fragile : Dans un contexte marqué par les menaces terroristes, les conflits territoriaux et les rivalités ethniques, la coopération entre la Somalie et l’Éthiopie est essentielle pour maintenir la sécurité régionale. Cependant, la méfiance mutuelle et les interventions militaires unilatérales entravent les efforts collectifs.
  4. Le rôle de la Turquie : En médiant la Déclaration d’Ankara, la Turquie a renforcé son rôle de facilitateur dans la région. Cependant, le maintien de cet accord exige des efforts concertés pour transformer les engagements diplomatiques en actions concrètes.

Perspectives et recommandations

Pour éviter de nouveaux affrontements, il est impératif de renforcer les mécanismes de dialogue et de confiance entre la Somalie et l’Éthiopie. La mise en place d’une surveillance conjointe dans les zones sensibles, combinée à des canaux de communication permanents, pourrait réduire les risques d’incidents futurs. De plus, une approche plus inclusive, intégrant les acteurs locaux et régionaux, serait essentielle pour surmonter les tensions liées au Jubaland et au Somaliland.

Enfin, si la mise en œuvre effective de la Déclaration d’Ankara devait devenir une priorité. Cela impliquerait de résoudre les différends territoriaux de manière transparente et équitable, tout en assurant que les accords bénéficient aux deux parties. L’incident de Doolow est un rappel brutal de l’équilibre précaire qui régit la Corne de l’Afrique et du besoin urgent de solutions durables pour garantir une paix et une stabilité à long terme.

À lire aussi : ANALYSE – Tensions Régionales : La Turquie Peut-elle sauver l’Accord Éthiopien-Somalien ?


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