
Par Alain Rodier
Les signaux – pas tous « faibles » – laissent à penser que les dirigeants occidentaux se laissent glisser vers une guerre qui, si des précautions ne sont pas prises pourrait ne pas être que de « haute intensité » selon le terme à la mode qui permet de faire croire qu’elle serait l’affaire des professionnels et que les civils (les électeurs) ne seraient pas directement touchés… mais une « guerre totale » qui impacterait tout le monde comme lors du deuxième conflit mondial.
En Occident, la tendance est aux déclarations martiales de dirigeants politiques qui n’engagent que ceux qui les font sachant que lorsque la catastrophe sera là, ils ne seront vraisemblablement plus en fonction. Les chefs militaires – naturellement subordonnés au pouvoir politique -, non seulement abondent dans ce sens mais, parfois en rajoutent.
Ainsi le Ministère de la défense américain a été rebaptisé par décret du président Donald Trump « Ministère de la guerre » (appellation abandonnée en 1947 au début de la Guerre froide.) À noter que cette appellation ne pourra être entérinée complètement qu’après un vote du Congrès.
La nuance est grande : il n’est plus question de « défendre » les États-Unis mais de mener des « guerres » contre ceux qui déplaisent – très souvent à juste raison – au locataire de la Maison-Blanche. En l’occurrence, le crime organisé qui reste la menace numéro un de nos civilisations, qu’elles soient démocratiques ou pas.
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Deux jours avant cette déclaration, une embarcation rapide vraisemblablement de narcotrafiquants, a explosé dans les eaux internationales au large du Venezuela. Selon la Maison-Blanche, elle était mise en œuvre par le cartel vénézuélien Tren de Aragua qui, selon la même source, serait lié au pouvoir en place via le cartel « de los Soles » en référence aux « soleils » qui sont sur les insignes de grade des généraux locaux. Le président Trump admet avoir « donné l’ordre » de détruire l’embarcation faisant onze victimes.
En analysant ce qui est paru dans la presse, il semble que cet équipage était un peu trop important pour le simple transfert de cocaïne vers le Caraïbes (trois marins sont généralement suffisants.) Il est possible qu’il y avait à bord des migrants clandestins qui auraient payé leur aller simple pour l’enfer. Trump a reconnu que cette action s’inscrivait dans la « guerre contre les cartels », organisations déclarées comme « terroristes » dès janvier 2025. Cela permet de considérer les membres de ces organisations (une dizaine au total dont majoritairement des mexicaines) comme des terroristes, ce qui autorise l’armée américaine à les neutraliser sans autre forme de procès.
Il convient de reconnaître que de nombreuses saisies de drogue sont affectées en mer par différentes marines nationales (dont la Française) mais les passeurs écopent généralement de courtes peines de prison avant de se remettre au labeur.
De plus, les grandes organisations criminelles savent qu’elles perdent environ 10% de leur marchandise lors de saisies et répercutent les coûts financiers sur les prix de vente au détail…
Par contre, cette dernière opération qui peut être considéré comme une exécution extra-judiciaire – qui selon le secrétaire d’État Marco Rubio sera renouvelée – risque faire réfléchir certains passeurs à utiliser ce type de transport (ils en trouveront d’autres.)
Il ne faut pas oublier que Donald Trump ne se fixe pas de limites. Lors de sa première mandature, il avait ordonné l’assassinat à Bagdad en janvier 2020 du major-général iranien Qassem Soleimani, chef des opérations extérieures des pasdarans sur l’aéroport international de Bagdad. La force Al-Qods que ce dernier commandait ne s’en est toujours pas remise.
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Le président Trump s’était alors affranchi de toutes les règles internationales sans état d’âme… Dix personnes avaient alors été tuées dont Abou Mehdi al-Mouhandis, le numéro deux des unités de mobilisation populaires irakiennes. Même les Israéliens qui suivaient de près les mouvements du général iranien n’avaient pas osé s’attaquer à lui.
D’ailleurs, il serait étonnant que Trump n’ait pas recours aux « opérations homo » comme en est accusé son homologue russe Vladimir Poutine (« opération humides » en russe « mokroye delo. »)
D’ailleurs, de nombreuses cibles – présentées comme des membres de Daech – sont actuellement neutralisées en Syrie et ce n’est pas toujours le fait des Israéliens.
Pour le moment, cette guerre déclarée aux cartels permet aux États-Unis de reprendre de l’influence sur leur pré-carré : l’Amérique latine.
Certes, la menace représentée par les Organisations criminelles transnationales (OCT) est de première importance tant elles sont puissantes financièrement et, encore plus, tant elles ont infiltré le monde économique et politique grâce à leur pouvoir de corruption.
Mais il est possible que Donald Trump espère que la Maison-Blanche contrôlera dans l’avenir l’ensemble du continent américain du Canada à la Terre de feu…
L’ennemi prioritaire des États-Unis : La Chine.
Mais pour l’administration américaine, qu’elle soit républicaine ou démocrate, l’ennemi de l’avenir reste la Chine. Néoconservateurs majoritairement démocrates et MAGA (Make America Great Again) au pouvoir aujourd’hui à Washington ? sont d’accord sur au moins une mesure de grande ampleur : effectuer un basculement de l’effort militaire vers l’Asie, si possible en entraînant derrière les États-Unis un maximum de gouvernements alliés – les anglo-saxons sont déjà aux ordres-. Il convient de raccrocher les pays asiatiques dont le Japon, les Philippines, etc.
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Et l’« ogre russe » ?
En ce qui concerne l’« ogre russe aux frontières de l’Europe », pour Washington c’est aux premiers intéressés de s’en occuper à leurs frais mais en achetant américain.
C’est pour cela que 26 pays, menés par la France et le Royaume-Uni, se sont engagés le 4 septembre à rejoindre une force de « rassurance » terrestre, maritime et aérienne pour surveiller tout accord de fin de conflit entre la Russie et l’Ukraine.
Kiev affirme que des garanties de sécurité, soutenues par des troupes occidentales, sont essentielles à tout accord, afin d’empêcher Moscou de relancer son offensive à l’avenir.
Les alliés de l’Ukraine n’ont pas révélé de détails précis sur le plan, notamment le nombre de militaires impliqués dans cette opération et la contribution précise de chaque pays.
Le président Emmanuel Macron a précisé que les troupes de la « coalition des volontaires » ne seraient pas déployées « en première ligne », mais auraient pour objectif de « prévenir toute nouvelle agression majeure. »
Il a ajouté qu’un autre pilier majeur était la « régénération » de l’armée ukrainienne afin qu’elle puisse « non seulement résister à une nouvelle attaque, mais aussi dissuader la Russie de commettre une nouvelle agression. »
Enfin, le président français a affirmé que pour lui les États-Unis étaient « très clairs » quant à leur volonté de participer aux garanties de sécurité pour l’Ukraine.
Tout le monde ne semble pas partager les mêmes certitudes en particulier l’Allemagne qui « décidera d’une intervention militaire en temps opportun, une fois les conditions-cadres clarifiées. »
Partageant une position similaire, la Première ministre Giorgia Meloni a réitéré que l’Italie n’enverrait pas de troupes en Ukraine, mais qu’elle pourrait contribuer au suivi d’un éventuel accord de paix, a indiqué son cabinet.
La seule affirmation de la Maison-Blanche a été de déclarer avoir exhorté les pays européens à cesser d’acheter du pétrole russe « qui finance la guerre. »
Mais sous la couverture, l’administration Trump va mettre fin à plusieurs programmes de sécurité en Europe à proximité immédiate de la Russie. Parmi eux, on trouve l’« Initiative de sécurité balte », soit 225 millions de dollars qui servent à financer des infrastructures et des formations militaires dans ces pays qui sont visiblement les plus menacés par la Russie en raison du problème de Kaliningrad.
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On ignore encore pour l’instant quels autres programmes seront concernés, ni quand les fonds qui ont été votés par le Congrès seront totalement épuisés. Ils peuvent en effet être dépensés jusqu’en octobre 2026.
Cette suppression de l’aide américaine à certains programmes de sécurité en Europe s’inscrit dans la stratégie du basculement américain vers la Chine.
Pour sa part, l’ogre Vladimir Poutine a averti le 5 septembre que toute force occidentale déployée en Ukraine constituerait une cible « légitime » pour l’armée russe :
« Si des troupes apparaissent sur place, surtout actuellement pendant les combats, nous partons du principe qu’elles constitueront des cibles légitimes. »
Il a ajouté que le déploiement d’une telle force n’était pas propice à une paix durable et a déclaré que les liens militaires plus étroits de l’Ukraine avec l’Occident étaient l’une des « causes profondes » du conflit.
Moscou a maintenu ses exigences intransigeantes, appelant l’Ukraine à céder davantage de territoire et à renoncer totalement au soutien occidental. Poutine a ensuite affirmé que si un accord pouvait être trouvé, les troupes n’étaient pas nécessaires. « Si des décisions conduisant à la paix, à une paix durable, sont prises, alors je ne vois tout simplement pas l’intérêt de leur présence sur le territoire ukrainien […] Car si des accords sont conclus, que personne ne doute que la Russie les respectera intégralement. »
Mais Kiev et l’Occident évoquent une longue liste de violations des accords sur l’Ukraine par Moscou, remontant au Mémorandum de Budapest de 1994, un accord post-soviétique qui a vu l’Ukraine renoncer à ses armes nucléaires en échange de l’assurance que la Russie et les autres signataires, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, respecteraient son indépendance et son intégrité territoriale et s’abstiendraient de recourir à la force.
Vladimir n’a que faire de son opinion publique, question de régime politique. Comme son allié Kim Jong-un, il peut donc tranquillement mener toutes les guerres qu’il souhaite.
Donald Trump à la tête de la plus grande démocratie du monde fait l’inverse de ce que ses électeurs lui demandaient : ne plus se mêler des affaires du monde. En résumé, il va dans le sens des néoconservateurs majoritairement démocrates car l’appétit de la puissance vient en mangeant.
Le président français fort des pouvoirs que la Constitution établie par le général de Gaulle lui a conféré, se rêve en chef de guerre pour laisser son image dans l’Histoire. Il n’est pas le premier, son prédécesseur Nicolas Sarkozy a fait de même en Libye – avec les résultats calamiteux que l’on connaît.
Derrière, il y a la meute des bellicistes – intellectuels, journalistes, etc. – qui ne risqueront jamais leur peau mais qui encouragent les dirigeants à aller vers l’apocalypse tout en influençant l’opinion via les medias aux ordres (le slogan « c’est vrai parce que c’est vu à la télé » marche encore.)
La question que devraient se poser tout citoyen avant de voter est : est-ce que je laisserai volontairement mon enfant ou mon conjoint, aller se faire tuer pour une cause qui ne me touche pas directement ? Beaucoup de familles se sont posé cette question durant la guerre d’Algérie. La réponse est aujourd’hui claire : ceux qui ne sont pas revenus sont morts pour rien tout en sachant qu’il est facile de tirer des conclusions après que la guerre se soit terminée…
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