
Par Olivier d’Auzon
Le 9 septembre 2025, à la stupeur générale, des missiles israéliens ont éventré un complexe résidentiel en plein centre de Doha. C’est la première fois qu’Israël ose projeter sa puissance de feu sur le sol du petit émirat gazier, allié de Washington et médiateur attitré du conflit israélo-palestinien. L’onde de choc n’est pas seulement militaire : elle bouscule l’équilibre délicat de tout le Moyen-Orient.
La stratégie de Netanyahou : Une guerre sans frontières
Pour Fabrice Balanche, maître de conférences à Lyon II, Benjamin Netanyahou poursuit une logique simple : « Il veut une victoire totale sur le Hamas, en éliminant ses chefs à Gaza, mais aussi dans les capitales étrangères. À un mois de l’anniversaire du 7 octobre, il envoie un signal clair : nul n’est à l’abri. » (RTBF ACTUS,10 septembre 2025)
La formule rappelle la doctrine forgée après Munich en 1972, quand les agents du Mossad traquèrent les commanditaires palestiniens jusqu’aux quatre coins du globe. L’opération « Colère de Dieu » avait inauguré une ère où Israël entendait se réserver le droit d’être juge et bourreau au-delà de ses frontières.
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Un coup porté aux négociations
Ces frappes, explique encore Balanche, scellent la mort des timides espoirs de négociation qui s’étaient fait jour après la reconnaissance de l’État de Palestine par Paris, Bruxelles et d’autres capitales européennes. « Macron espérait amadouer le Hamas par ce geste symbolique. Mais comment négocier quand vos interlocuteurs sont visés jusque dans leurs sanctuaires ? »
En frappant à Doha, Netanyahou montre qu’il ne croit plus à la thèse occidentale selon laquelle des concessions diplomatiques conduiraient à une modération de l’islamisme armé.
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Doha humiliée dans son rôle de médiateur
Le Qatar a longtemps rêvé de devenir la « Suisse du Moyen-Orient », offrant son hospitalité à tous les protagonistes pour se rendre indispensable aux grandes puissances. Mais les missiles israéliens ont fissuré cette vitrine de neutralité.
« L’attaque démontre qu’à Doha, les négociateurs ne sont pas en terre sacrée. Israël rappelle que ce micro-État, riche mais militairement faible, n’est pas intouchable », analyse Fabrice Balanche.
Le Premier ministre qatari a bien dénoncé un « acte de terrorisme d’État », mais chacun sait que l’émirat n’a ni l’envie ni la capacité de riposter autrement que par des mots.
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Les États-Unis pris de court – ou complices ?
À quelques kilomètres du site bombardé se dresse la gigantesque base d’al-Udeid, pivot militaire américain dans le Golfe. Que les drones israéliens aient pu frapper sans déclencher l’alerte interroge.
« Si les Américains n’ont rien vu, c’est inquiétant pour leurs capacités de défense. Mais s’ils savaient et ont laissé faire, c’est une humiliation pour Doha », tranche Fabrice Balanche.
Quoi qu’il en soit, l’image des États-Unis protecteurs de leurs alliés du Golfe sort écornée. Les monarchies voisines, déjà inquiètes du désengagement américain, ne manqueront pas d’en tirer des conclusions stratégiques.
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Et maintenant ?
Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira dans l’urgence, mais chacun sait que les grandes déclarations ne changeront rien à la détermination israélienne. La vraie question est ailleurs : Donald Trump, dont le pays est à la fois l’allié du Qatar et le protecteur d’Israël, peut-il imposer un cessez-le-feu et sauver les ultimes otages encore aux mains du Hamas ?
L’histoire récente plaide contre lui. Au Moyen-Orient, la force prime souvent sur la diplomatie. Et à l’heure où Netanyahou revendique une stratégie d’élimination globale, Doha découvre qu’être médiateur ne protège plus de la guerre.
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