DÉCRYPTAGE – La « Coupole d’Or » américaine : Le retour de la course aux étoiles

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Représentation futuriste de la « Coupole d’Or » américaine : des satellites de défense orbitale échangent des faisceaux laser pour intercepter des missiles en plein espace, illustrant la militarisation croissante de l’espace et la nouvelle course technologique entre les grandes puissances.
Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie) 

Le rêve de Reagan revisité par Trump

Donald Trump veut marquer son second mandat par un projet qui redéfinisse la puissance américaine : la construction d’un bouclier antimissile global, la « Golden Dome », ou « Coupole d’Or ». Dans son esprit, il s’agit de reproduire à l’échelle continentale le modèle israélien de l’« Iron Dome », garantissant une protection totale du territoire. 

Mais si Israël défend une surface restreinte, les États-Unis doivent sécuriser un continent. La comparaison est donc politique plus que technique. En plaçant dans le Bureau ovale le portrait de Ronald Reagan, Trump s’inscrit dans la continuité du président qui lança en 1983 l’Initiative de défense stratégique, un projet qui fit vaciller l’Union soviétique sans jamais voir le jour. Aujourd’hui, l’Amérique cherche à transformer ce mythe en réalité tangible, quitte à bouleverser l’équilibre mondial.

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Un bouclier d’abord orbital

Le cœur du programme ne se trouve pas sur Terre mais dans l’espace. Le plan prévoit la mise en orbite de milliers de satellites équipés de capteurs et d’intercepteurs hypersoniques capables de neutraliser les missiles ennemis dès leur lancement. Ce système, conçu pour intercepter les vecteurs dans la « boost phase », avant la séparation des têtes nucléaires, constituerait la ligne de défense la plus avancée. En complément, les systèmes Patriot, THAAD et GBI existants seraient modernisés et intégrés dans une architecture en strates couvrant l’ensemble de l’Amérique du Nord, avec la participation du Canada. L’objectif affiché par la Maison-Blanche est d’effectuer un premier test avant 2029, mais les experts du Congrès jugent 2035 plus crédible. Le coût, initialement estimé à 175 milliards de dollars, pourrait atteindre 800 milliards selon le Congressional Budget Office.

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La mobilisation de l’industrie de défense

Pour ce projet d’une ampleur inédite, Washington a mobilisé tout le complexe militaro-industriel. Plus de 3 000 entreprises du secteur spatial et aéronautique ont été convoquées à Huntsville, en Alabama, dans l’esprit du projet Manhattan. Les géants Lockheed Martin, Boeing, Raytheon, Northrop Grumman et L3Harris en sont les acteurs principaux, rejoints par l’israélien IAI, qui offre son expertise en matière de défense antimissile. À la tête du programme, le général Michael Guetlein, vice-chef des opérations spatiales de la US Space Force, affirme que la technologie nécessaire existe déjà : la difficulté serait économique et logistique. Selon lui, « le défi n’est pas de savoir si la physique fonctionne, mais si nous pouvons produire assez de satellites et de matériaux à temps ». L’objectif est autant stratégique qu’électoral : offrir à Trump une vitrine technologique avant la fin de son mandat.

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Moscou et Pékin sur leurs gardes

La réaction internationale ne s’est pas fait attendre. Le 22 septembre, Vladimir Poutine a mis en garde contre un déséquilibre stratégique si les États-Unis déploient des intercepteurs spatiaux. Il a lié la question au renouvellement du traité New START, qui expire en février 2026 : la Russie, a-t-il dit, continuera à respecter les limites de 1 550 têtes nucléaires et 800 vecteurs seulement si Washington renonce à rompre la parité stratégique. À Pékin, les chercheurs du Nanjing Research Institute of Electronics Technology développent un système d’alerte précoce capable de suivre mille objets en orbite simultanément. Pour la Chine, la « Coupole d’Or » américaine est une provocation et une justification pour accélérer sa propre militarisation de l’espace. Les deux puissances, craignant de perdre leur capacité de dissuasion, promettent des contre-mesures technologiques équivalentes.

Un débat national et un risque global

Aux États-Unis, le programme divise le Congrès. Les sénateurs démocrates dénoncent un projet d’une complexité démesurée et au coût astronomique ; les républicains y voient une nécessité stratégique face à la menace hypersonique. Le général Guetlein lui-même admet que « le véritable défi est de transformer une idée en production de masse ». Les interrogations concernent autant la faisabilité que la finalité : s’agit-il d’un système de défense ou d’un symbole politique ? Si la Golden Dome devait devenir réalité, elle remettrait en cause la logique de la dissuasion nucléaire fondée sur la vulnérabilité réciproque. En cherchant à se rendre invulnérable, l’Amérique pourrait relancer la spirale de l’escalade technologique, poussant la Russie et la Chine à renforcer leurs capacités offensives.

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La guerre du ciel, nouvelle frontière de la puissance

Le projet « Coupole d’Or » illustre un tournant géopolitique majeur : la militarisation complète de l’espace. Sous couvert de défense, les États-Unis veulent placer leur puissance technologique au-dessus de la Terre, dans un domaine où ni traité ni contrôle ne limite encore l’action des grandes puissances. Ce bouclier, s’il devait aboutir, ferait des États-Unis non pas un pays plus sûr, mais un pays isolé au sommet d’une nouvelle course aux armements. Dans l’histoire, chaque fois qu’une puissance a voulu devenir invulnérable, ses adversaires ont redoublé d’efforts pour la rendre vulnérable de nouveau. La « Coupole d’Or » n’échappe pas à cette règle : elle ouvre l’ère d’une dissuasion par l’ombre, où la paix dépendra moins du dialogue que de la surveillance orbitale permanente.

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