DÉCRYPTAGE – L’ombre du Maïdan : L’Ukraine entre vérité niée et guerre prolongée

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Scène du Maïdan à Kiev en 2014 : manifestants ukrainiens brandissant le drapeau national face aux flammes et aux barricades, symbole de la révolution et du chaos politique.
Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie) 

Les origines refoulées d’un conflit

Plus de dix ans après les événements du Maïdan, le débat sur ce tournant majeur de l’histoire ukrainienne reste profondément vicié par la propagande et la polarisation. Les travaux du chercheur Ivan Katchanovski, professeur à l’Université d’Ottawa, jettent une lumière crue sur les zones d’ombre de cette révolution que l’Occident a longtemps glorifiée comme un élan démocratique. 

Ses recherches, fondées sur des centaines de témoignages, d’analyses balistiques et de vidéos synchronisées, suggèrent qu’une partie des tirs meurtriers de février 2014 provenait d’immeubles contrôlés par les manifestants eux-mêmes. La récente décision d’un tribunal ukrainien, confirmant que plusieurs victimes ont été atteintes par des tirs venus des zones du Maïdan, vient conforter cette thèse. Elle bouleverse la version officielle, selon laquelle les forces spéciales Berkut auraient exécuté un massacre ordonné par Viktor Ianoukovitch.

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Un changement de régime sous influence étrangère

Katchanovski va plus loin : selon lui, la chute de Ianoukovitch n’a pas été le fruit d’un soulèvement spontané, mais d’une opération de changement de régime soutenue par Washington. Les aveux d’anciens responsables américains – d’Obama à Biden, en passant par les sénateurs Murphy et McCain – confirment que les États-Unis ont joué un rôle actif dans la transition politique ukrainienne. L’aide financière, les sanctions ciblées, la présence de diplomates et de parlementaires américains sur la place Maïdan ont constitué un levier décisif dans le renversement du pouvoir en place. Derrière le discours humanitaire et démocratique, se profilait une stratégie claire : détacher définitivement l’Ukraine de la sphère d’influence russe et l’arrimer à l’Occident, fût-ce au prix d’un chaos institutionnel durable.

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L’Europe complice malgré elle

L’Union européenne, quant à elle, n’a pas seulement servi d’arbitre. Par son accord d’association proposé à Kiev, elle a instrumentalisé la politique de voisinage pour affaiblir la Russie sans offrir à l’Ukraine de véritable perspective d’intégration. L’UE a soutenu ouvertement l’opposition du Maïdan, tout en rejetant l’accord signé entre Ianoukovitch et les ministres européens de la Défense quelques heures avant son renversement. Ce choix politique a consacré la rupture définitive entre Kiev et Moscou, ouvrant une fracture géopolitique que ni Bruxelles ni Washington n’ont su refermer.

De la révolution à la guerre civile

Le mythe d’une Ukraine unie contre l’agression russe s’effrite à la lumière des faits. Dès 2014, les sondages cités par Katchanovski montrent qu’une majorité des habitants de Crimée et du Donbass soutenaient le séparatisme prorusse. Ce ne fut donc pas une invasion pure et simple, mais une guerre civile aggravée par l’intervention militaire de Moscou. La simplification médiatique – opposant démocratie et autoritarisme – a occulté les fractures internes, les manipulations informationnelles et les logiques oligarchiques qui ont conduit le pays au bord du gouffre.

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La paix impossible entre Washington, Moscou et Kiev

Aujourd’hui encore, les négociations sont dans l’impasse. Les discussions entre Donald Trump, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, censées préparer un cessez-le-feu, se sont effondrées en octobre 2025. Pour Katchanovski, cette stagnation reflète des intérêts divergents : la Russie, qui progresse lentement mais sûrement sur le terrain, n’a aucune raison d’accepter les conditions américaines ; Zelensky, affaibli politiquement, cherche à sauver ce qu’il peut ; Trump, lui, veut imposer un accord rapide avant les élections américaines. Pourtant, une paix négociée, selon le chercheur, aurait été la seule issue rationnelle dès 2022. La prolongation du conflit n’a fait qu’accroître les pertes humaines, la destruction des infrastructures et la dépendance économique de l’Ukraine à ses bailleurs étrangers.

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Le coût stratégique d’une illusion

Ce drame révèle la face cachée de la géopolitique contemporaine : la guerre de l’information précède désormais la guerre réelle. Le Maïdan, célébré comme une victoire de la liberté, s’est transformé en prétexte à une confrontation mondiale dont l’Ukraine n’est que le champ de bataille. Washington et Bruxelles, persuadés d’affaiblir Moscou, ont créé un vide stratégique rempli par la guerre, la corruption et la fatigue des peuples. La Russie, loin d’être isolée, consolide son influence militaire et énergétique, tandis que l’Occident s’enlise dans une logique de sanctions et de propagande. Au bout du compte, l’Ukraine paie seule le prix d’une guerre qu’elle n’a plus la maîtrise, otage d’un affrontement global entre deux modèles de puissance.

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