
Laurent Firode est un réalisateur français qui dénote dans le paysage audiovisuel actuel. On lui doit notamment Le Battement d’ailes du papillon (2000), Quartier V.I.P. (2005), Par amour (2012) et Le Monde d’après (2022). En parallèle, il connaît un franc succès sur YouTube avec sa chaîne Les films à l’arrache, où il réalise et diffuse ses courts-métrages « hors système ».
Avec Histoires ordinaires et extraordinaires (2025), Laurent Firode confirme le virage amorcé depuis quelques années : un cinéma libre, affranchi des codes du système. Réalisateur rebelle et anticonformiste, il revendique une liberté créative rare et prépare un nouveau projet qui, de toute évidence, ne fera pas dans le politiquement correct.
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Propos recueillis par Philippe Pulice
Le Diplomate : Le cinéma français est en perte de vitesse : des millions de subventions, des films qui ne séduisent plus et des salles de cinéma de plus en plus désertes. Le fossé entre les films produits et les attentes du public se creuse, année après année.
Les Français auraient-ils perdu le goût du 7ᵉ art ? Comment expliquez-vous cette situation ?
Laurent Firode : Les films français sont, dans leur grande majorité, teintés d’une idéologie dominante — celle portée par le pouvoir en place — et le public ne s’y retrouve plus. Les Français rejettent Emmanuel Macron comme ils rejettent le cinéma français.
La grande majorité du public en a assez de voir, dans les films et téléfilms, toujours les mêmes sujets traités avec les mêmes interprètes. Le cinéma français se divise en deux genres :
Le film de comédie lourdingue avec Didier Bourdon ou encore Dany Boon — on remarquera au passage que ce type de film se situe souvent en Corse ou dans des endroits plutôt très agréables pour y passer de jolies vacances. On comprend assez vite que le film n’est qu’un prétexte pour se payer quelques semaines aux frais de la princesse (ici, le contribuable) dans des lieux idylliques ;
Et le film d’auteur, enfin de pseudo-auteur, qui raconte l’histoire — au choix — d’un migrant victime de racisme, d’un trans, lui aussi victime… Bref, le héros est toujours une victime du système prétendument patriarcal, raciste, etc., etc. On connaît la chanson…
Comment le public pourrait-il se retrouver dans ce cinéma, où n’apparaissent que des films divertissants (dans le sens de « divertir pour ne pas voir le réel ») ou des films qui répandent, sans aucune retenue, l’idéologie dominante ? Bref, des films de propagande.
Le cinéma a déserté le réel, la vraie vie, celle que les Français vivent tous les jours et voient de leurs yeux.
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Les productions audiovisuelles, qu’il s’agisse des films, des téléfilms, des séries ou même des publicités, semblent toutes suivre une même logique de formatage. Elles donnent le sentiment de cocher systématiquement certaines cases, notamment celles de l’inclusivité et de la diversité.
Partagez-vous ce constat ? Ne serait-ce pas que la partie émergée de l’iceberg ?
La production audiovisuelle française est tenue par ce que l’on appelle « l’exception culturelle », un joli mot pour désigner quelque chose de bien moins joli : un cinéma subventionné par l’État et qui ne vit que grâce à lui. Un producteur ne cherche pas en priorité à trouver son public, mais à trouver des subventions ! Donc, il faut en effet cocher les cases du politiquement correct pour les obtenir.
Un film comme « Toutes pour une » en est le parfait exemple : tout le système a mis la main au porte-monnaie, et les salles étaient vides. Mais peu importe : tout le monde a été grassement payé, et si le public ne vient pas, c’est parce qu’il est jugé anti-progressiste et nauséabond.
Le wokisme s’est imposé dans de nombreux domaines — universités, médias, grandes entreprises, institutions, associations, fondations — et le monde artistique, dans toute sa pluralité, n’échappe certainement pas à la règle.
Vous êtes l’un des rares réalisateurs français, pour ne pas dire le seul, à avoir pris position ouvertement contre ce mouvement.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous opposer à ce raz-de-marée idéologique ?
J’ai vu arriver, petit à petit, la bêtise véhiculée par l’idéologie woke (tout cela nous vient des USA, comme la malbouffe). Je ne pouvais pas ne pas réagir. J’ai décidé, il y a maintenant plusieurs années, de me détacher de ce système qui oblige à caresser dans le sens du poil le pouvoir. Aujourd’hui, je ne caresse plus, je gratte !
Bien entendu, je n’ai plus aucune aide ni subvention. Mais avec très peu de moyens, il est possible de tourner et de faire des films : les progrès techniques le permettent. Les caméras, de plus en plus légères et perfectionnées, offrent une liberté impensable à l’époque où j’ai commencé à faire des films.
Bien sûr, tout cela reste difficile, car le système est très bien verrouillé. Les aides et subventions arrosent tous les niveaux : production, distribution et exploitation. Par exemple, mes longs-métrages n’ont pas « l’agrément du CNC » ; cela signifie qu’ils ne sont pas répertoriés comme films français. Ce sont des films « sans-papiers », donc difficilement vendables à la télévision, puisqu’ils ne rentrent pas dans les obligations d’achat d’œuvres françaises.
Cet agrément est l’un des vices du cinéma français, car il oblige le producteur à respecter les grilles salariales imposées par les syndicats du cinéma. Il va sans dire que le coût d’un film explose dès lors que l’on respecte ces salaires imposés.
Ce système n’est pas là pour protéger les travailleurs du cinéma, mais pour empêcher les cinéastes indépendants de faire des films sans subventions.
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Votre dernier long métrage, Histoires ordinaires et extraordinaires, semble poursuivre cette volonté de vous affranchir du conformisme ambiant.
Qu’avez-vous voulu exprimer à travers ce film, et comment s’intègre-t-il dans votre parcours d’auteur désormais affranchi du système traditionnel ?
J’ai voulu tourner Histoires ordinaires et extraordinaires car il me semblait que la poésie était trop souvent absente du cinéma français. Une poésie du quotidien, vue à travers différentes histoires et différents personnages. Une poésie que l’on retrouve dans les œuvres de Marcel Carné ou encore de René Clair.
J’ai voulu faire un film très proche des gens, mais qui tienne en haute estime son public. Et d’ailleurs, comme les projections de mon film sont suivies d’un débat avec le public, je mesure avec une grande joie que le film touche beaucoup, qu’il fait vibrer une corde que le cinéma actuel ne fait plus vibrer : la corde poétique.
Votre opposition au wokisme et votre anticonformisme vous valent sans doute quelques inimitiés dans le milieu.
Peut-être que certaines portes se sont fermées, et que les financements sont devenus plus difficiles à obtenir. En quelque sorte, vous êtes probablement le « mouton noir » du cinéma français.
Mais d’un autre côté, ne pensez-vous pas être aussi précurseur, et peut-être en train de donner envie à d’autres réalisateurs de franchir le pas ? Ou alors, la soumission est-elle finalement plus confortable pour le plus grand nombre ?
Je connais en effet quelques réalisateurs qui souhaitent passer le cap et s’affranchir du système, comme je l’ai fait.
Ils attendent le bon moment, car le saut est dangereux : on se coupe de tout. Certains m’ont dit : « Quand j’aurai ton âge, je le ferai ! ».
Mais il est certain que la plupart ne souhaitent pas se couper du système, ni même le remettre en cause. La soupe est bonne quand on en fait partie. Je le sais, j’en ai moi-même fait partie pendant de longues années. Mais vient un temps où l’on doit se demander si l’on veut faire du cinéma par amour du cinéma ou par amour de l’argent.
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Votre chaîne YouTube Les films à l’arrache connaît un vrai succès. Ses sketches courts, souvent percutants et décalés, semblent dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. C’est un peu comme une bouffée d’air frais, un vent nouveau qui fait du bien.
Le succès de cette chaîne traduit-il, selon vous, un besoin de liberté de ton dans une société de plus en plus écrasée par le politiquement correct ?
Je croise quasiment tous les jours des gens qui me remercient pour les sketchs des Films à l’arrache.
C’est formidable. La phrase que j’entends le plus souvent est : « Merci, grâce à vous je ne me sens plus seul. »
Le système veut nous faire croire que nous sommes les seuls à penser différemment, mais en réalité, nous sommes les plus nombreux — seulement, on essaye de nous le cacher. Et le succès des Films à l’arrache en est la preuve.
Vous travaillez actuellement sur un nouveau projet, annoncé comme « pas politiquement correct du tout », puisqu’il portera sur la réélection d’Emmanuel Macron. On peut facilement imaginer qu’il sera caustique, peut-être même explosif.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce projet audacieux et surtout sur la manière dont vous comptez le financer ?
Mon prochain film sera en effet une satire très corrosive d’Emmanuel Macron. Le ton sera celui de ma trilogie Le Monde d’après : satirique, burlesque, très « poil à gratter ». Je ne me donne aucune limite et j’oserai tout !
Le casting comportera, entre autres, les comédiens de mes sketchs. Le tournage est prévu pour le début de l’année 2026.
Le film sera terminé en mars et mis en libre accès sur Internet. J’espère également que certaines salles de cinéma auront le courage de le projeter ! Le financement est possible grâce aux dons du public — et uniquement grâce à eux.
Une cagnotte est ouverte : https://fr.tipeee.com/lesfilmsalarrache/
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