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TRIBUNE – Quand la Géopolitique Cède à l’Idéologie

drapeaux israélien et iranien face à face

Par David Saforcada

Dans le tumulte des débats géopolitiques contemporains, une tendance regrettable prend de l’ampleur : celle de vouloir à tout prix assimiler des conflits distincts, aux dynamiques et aux enjeux foncièrement différents, pour servir des agendas idéologiques préexistants. Cette approche, particulièrement flagrante lorsque l’on tente de mettre sur le même pied les frappes israéliennes sur les sites nucléaires iraniens et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, non seulement obscurcit la compréhension des réalités, mais dessert également toute tentative d’analyse constructive.

Il est légitime de débattre de la moralité et de la légalité des actions d’Israël, un État qui, face à une menace perçue d’anéantissement par certains acteurs régionaux et le développement potentiel d’une arme nucléaire par l’Iran, adopte une doctrine de sécurité préventive. Ces opérations, souvent menées dans l’ombre, visent des infrastructures spécifiques et s’inscrivent dans un contexte de tensions régionales complexes et de prolifération nucléaire. On peut les condamner à juste titre, s’interroger sur leur efficacité ou leurs conséquences à long terme, mais il faut le faire en pleine conscience des spécificités du dossier iranien et de la doctrine de défense israélienne.

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En revanche, l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Fédération de Russie constitue un acte d’agression manifeste, une violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale d’un État indépendant, tel que reconnu par le droit international. Cette guerre, qui a entraîné des destructions massives, des millions de déplacés et une crise humanitaire majeure, est une tentative de redéfinir par la force les frontières et l’ordre sécuritaire européen. Les justifications avancées par le Kremlin, qu’il s’agisse de la “dénazification”, de la “protection des russophones” ou de la “menace de l’OTAN”, ont été largement rejetées par la communauté internationale.

Pourtant, certains discours, mus par un soutien inconditionnel à la Russie ou par un antisionisme viscéral, s’efforcent de créer un parallélisme fallacieux entre ces deux situations. L’argumentaire est souvent le suivant : si l’on condamne l’invasion russe, il faudrait, par cohérence, condamner avec la même force les frappes israéliennes, sous-entendant que “tout le monde fait pareil”, et que l’Occident (ou plus largement la communauté internationale) appliquerait un “deux poids, deux mesures”.

Cette rhétorique est dangereuse et intellectuellement malhonnête pour plusieurs raisons :

Ignorance des motivations et des objectifs : Les actions d’Israël, qu’on les approuve ou non, sont explicitement liées à la non-prolifération et à la menace sécuritaire perçue. L’invasion de l’Ukraine vise la subversion d’un État souverain et l’annexion de territoires. Les motivations et les échelles d’impact sont incomparables.

Dilution de la responsabilité : Mettre les deux situations sur le même plan revient à minimiser la gravité d’une agression militaire d’une ampleur inédite en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Cela détourne l’attention de la violation flagrante des principes fondamentaux du droit international par la Russie.

Biais idéologiques : Pour beaucoup, cette comparaison n’est pas le fruit d’une analyse géopolitique rigoureuse, mais le symptôme d’un antisionisme qui cherche à délégitimer Israël à tout prix, ou d’une russophilie qui tente de justifier l’injustifiable. En amalgamant ces deux contextes, on instrumentalise des tragédies humaines et des réalités complexes au service de préjugés et de partis pris.

Entrave à la résolution des conflits : Une analyse simpliste empêche une compréhension nuancée des défis spécifiques à chaque région et, par conséquent, entrave la recherche de solutions adaptées.

Il est impératif de résister à la tentation de ces comparaisons paresseuses. La critique d’Israël, comme celle de toute nation, est non seulement légitime mais nécessaire dans une démocratie. De même, la condamnation de l’agression russe est une question de principe fondamental du droit international. Cependant, ces critiques doivent être fondées sur des faits, des analyses précises et une distinction claire entre des situations qui, bien que relevant toutes deux du champ des conflits armés, diffèrent fondamentalement par leur nature, leurs objectifs, et les principes du droit international qu’elles mettent en jeu. Garder raison, c’est refuser de laisser l’idéologie brouiller la complexité du monde et instrumentaliser des souffrances pour des fins partisanes.

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