
Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie)
La Pologne ne veut plus se contenter d’être la « sentinelle » de l’OTAN sur le flanc oriental. Elle aspire à jouer dans la cour des grands, y compris sur le plan nucléaire. Le président Karol Nawrocki l’a affirmé : Varsovie doit « participer au partage nucléaire » et disposer de capacités propres – civiles et militaires. Une déclaration qui marque un changement doctrinal profond pour un pays qui s’était jusqu’ici concentré sur la modernisation de ses forces conventionnelles et sur son alliance avec Washington.
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Le choix de la France comme partenaire n’est pas anodin. Paris, seule puissance nucléaire de l’UE, dispose d’une dissuasion indépendante et prône depuis des années une autonomie stratégique européenne. L’Accord de Nancy, signé en début d’année, a renforcé cette coopération, et trois Rafale français certifiés pour les missions nucléaires sont désormais stationnés en Pologne dans le cadre de l’opération « Eastern Sentry », déclenchée après l’intrusion de drones russes dans l’espace aérien polonais. C’est un signal adressé à Moscou, mais aussi un test pour la cohésion de l’OTAN.
Emmanuel Macron appelle de ses vœux un débat sur l’utilisation de l’arsenal français pour protéger l’ensemble du continent. L’Allemagne, le Danemark et la Lituanie ont ouvert la porte à cette discussion. Si elle aboutissait, l’Europe franchirait un cap stratégique majeur. Pour Varsovie, ce serait aussi un pas vers l’émancipation vis-à-vis de l’ombrelle américaine et une place plus centrale dans la hiérarchie de l’Alliance.
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L’enjeu est également énergétique : la Pologne, encore très dépendante du charbon, voit dans le nucléaire civil un moyen de décarboner son économie et de réduire sa dépendance vis-à-vis de Moscou. La coopération franco-polonaise pourrait inclure des réacteurs de type EPR et créer un véritable pôle industriel.
Mais le risque d’escalade est réel. Moscou pourrait durcir sa posture à Kaliningrad, déjà fortement militarisée, et accroître la pression hybride sur le flanc Est. Dans le même temps, la Norvège a inauguré le Camp Jomsborg, centre d’entraînement pour les soldats ukrainiens, faisant de la Pologne un hub complet : logistique, formation, surveillance aérienne et, demain peut-être, dissuasion nucléaire partagée. Varsovie ne demande plus seulement la protection de l’OTAN : elle en devient l’un des pivots.
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