
Par Olivier d’Auzon
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, que la Commission européenne s’emploie à faire ratifier, incarne un déséquilibre flagrant : il promet des débouchés industriels mais sacrifie nos filières agricoles. Derrière un discours d’ouverture commerciale, ce traité met en danger un pilier de notre identité économique, sociale et culturelle : l’agriculture française.
Un choc concurrentiel insoutenable
Les éleveurs français seraient les premières victimes du traité. L’accord prévoit des quotas massifs d’importations de viande bovine, de volaille et de sucre en provenance du Brésil, de l’Argentine, du Paraguay et de l’Uruguay. Ces produits sont issus de modèles agricoles à bas coûts, où les normes sanitaires, environnementales et sociales sont bien inférieures aux exigences européennes.
Comment demander à nos éleveurs de respecter les standards de bien-être animal, de traçabilité et de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, tout en les plaçant en concurrence frontale avec des productions étrangères qui s’affranchissent de ces contraintes ?
Une distorsion de concurrence aux conséquences irréversibles
L’arrivée sur le marché européen de viandes sud-américaines produites à bas prix exercerait une pression à la baisse sur les prix payés aux producteurs français. Cela fragiliserait des milliers d’exploitations, en particulier dans les filières bovine et avicole, déjà confrontées à la hausse des coûts de production.
Le risque est clair : désertification des campagnes, faillites en cascade, et accélération du décrochage des jeunes générations vis-à-vis du métier agricole. En d’autres termes, un recul irréversible de notre souveraineté alimentaire.
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Un modèle agricole sacrifié sur l’autel du commerce
L’accord Mercosur va à l’encontre de l’ambition affichée par l’Union européenne dans le Pacte vert et la stratégie « De la ferme à la table ». Comment prétendre vouloir réduire l’usage des pesticides, renforcer le bien-être animal et promouvoir une agriculture durable, tout en ouvrant grand nos frontières à des produits qui ne respectent aucune de ces normes ?
Le message adressé à nos agriculteurs est dévastateur : leurs efforts de modernisation et de durabilité ne seraient pas récompensés, mais punis par une concurrence déloyale.
L’erreur d’un passage en force
La Commission commet une faute politique en cherchant à imposer cet accord à des États réticents, dont la France. En contournant la volonté démocratique, elle nourrit la défiance envers le projet européen. L’Europe ne sortira pas renforcée de cette logique technocratique, mais fracturée.
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Une fracture démocratique
Plus grave encore, c’est la méthode. L’accord Mercosur est négocié dans l’ombre par une Commission qui agit comme si elle disposait d’un mandat impérial. Elle ne consulte qu’a minima les parlements nationaux, ignore les inquiétudes des citoyens et menace même de forcer la main aux États réticents. C’est la logique du passage en force, si éloignée de l’esprit des pères fondateurs. Car l’Europe ne grandit pas contre ses peuples, mais avec eux.
Une erreur stratégique
Dans le monde actuel, marqué par le retour des empires et la bataille pour l’autosuffisance, l’Europe devrait protéger ses atouts. La Chine, les États-Unis, la Russie l’ont compris : on ne joue pas avec sa sécurité énergétique ou alimentaire. Mais l’Europe, elle, continue de croire qu’en multipliant les traités, elle se rendra plus forte. Or, en réalité, elle se fragilise. Elle échange son agriculture contre des promesses industrielles dont le bénéfice reste hypothétique.
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Pour une Europe protectrice
Le commerce international ne doit pas être rejeté, mais il doit être conditionné. L’ouverture ne peut être envisagée que si des clauses contraignantes garantissent le respect des normes sociales, sanitaires et environnementales européennes.
L’agriculture française, qui façonne nos paysages, notre alimentation et notre culture, ne peut pas devenir une variable d’ajustement au profit d’intérêts industriels.
Le choix de civilisation
Au fond, l’accord Mercosur pose une question simple : voulons-nous d’une Europe qui se contente d’être un marché ouvert, ou d’une Europe qui demeure une civilisation capable de protéger ses paysans, ses terroirs, son identité alimentaire ? La réponse devrait être évidente. Car un continent qui renonce à nourrir ses enfants est un continent qui prépare son propre déclin.
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