ANALYSE – Le martyre silencieux des chrétiens d’Afrique

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Des fidèles chrétiens prient à genoux devant une croix brisée au coucher du soleil, symbole poignant de foi, de souffrance et d’espérance face aux persécutions religieuses en Afrique.
Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Olivier d’Auzon

Il y a des tragédies qui secouent le monde, font la une des journaux, mobilisent chancelleries et opinions publiques. Et puis il y a celles qui se déroulent dans le silence — sans caméras, sans marches blanches, sans tweets officiels. Celle des chrétiens d’Afrique appartient à cette seconde catégorie.

Dans les plaines du Nigeria, les savanes du Burkina Faso, les forêts du Nord-Kivu et les côtes dévastées du Mozambique, des milliers de fidèles sont massacrés chaque année pour ce qu’ils sont : des chrétiens. Les croix sont arrachées, les églises brûlées, les prêtres exécutés. Et le monde détourne le regard.

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Le Nigeria, cœur sanglant du drame

S’il existe un épicentre à ce martyre, c’est bien le Nigeria. Dans ce géant africain, les communautés chrétiennes sont devenues les cibles privilégiées de Boko Haram et de milices islamistes peules. Les attaques sont méthodiques : un village encerclé de nuit, les hommes exécutés, les femmes enlevées, les églises incendiées. Les prêtres sont souvent les premiers à tomber — parce qu’ils incarnent une foi que les fanatiques veulent éradiquer.

Les autorités nigérianes condamnent mollement, les armées promettent, mais sur le terrain, les fidèles savent qu’ils sont seuls. Dans certaines zones rurales, les messes dominicales se célèbrent sous la menace permanente d’un massacre. L’État est impuissant — ou absent.

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Le Sahel, une foi devenue cible

Au Burkina Faso, pays qui fut longtemps un exemple de coexistence religieuse, la croix est désormais une cible. Des groupes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique ou à État islamique dans le Grand Sahara mènent une guerre lente mais déterminée contre les chrétiens. Processions religieuses mitraillées, prêtres assassinés, écoles catholiques fermées sous la menace : la stratégie est claire.

Ces groupes cherchent à remodeler le paysage religieux du Sahel, à effacer toute trace de pluralisme confessionnel. Ils avancent village après village, profitant de la faillite des États et de l’indifférence internationale.

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RDC et Mozambique : Les massacres oubliés

Pendant que l’Occident regarde ailleurs, des atrocités comparables se déroulent en République démocratique du Congo. À Beni ou Goma, les combattants de  l’Allied Democratic Forces (ADF) multiplient depuis des années les massacres dans des villages à majorité chrétienne. Les croix sont abattues, les paroisses vidées de leurs habitants.

En Mozambique, dans la province de Cabo Delgado, les insurgés islamistes ont transformé des églises en ruines fumantes. Des familles entières ont été massacrées, des prêtres décapités, des villages rayés de la carte. Ces crimes, s’ils avaient été commis ailleurs, auraient sans doute fait la une des journaux occidentaux. Ici, ils passent inaperçus.

L’indifférence occidentale : Un scandale moral

Ce silence occidental est peut-être la dimension la plus insupportable de cette tragédie. L’Europe, héritière d’une civilisation chrétienne bimillénaire, observe, mais n’agit pas. Ni les chancelleries, ni les grandes ONG, ni les institutions internationales n’ont placé ces massacres au cœur de leurs priorités.

Le mot « persécution » fait peur, alors on parle pudiquement de « tensions communautaires » ou de « crise sécuritaire ». On efface le nom de la foi pour rendre la tragédie plus confortable à commenter. Mais sur le terrain, les bourreaux, eux, ne se trompent pas de cible.

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Une recomposition silencieuse et dangereuse

Cette persécution n’est pas un phénomène isolé. Elle s’inscrit dans une recomposition violente du continent africain. Le vide laissé par des États défaillants est comblé par des groupes armés qui utilisent la religion comme bannière. Les chrétiens, souvent minoritaires dans les zones de conflit, sont les victimes les plus faciles — et les moins défendues.

Ce basculement, s’il continue, redessinera la carte démographique et religieuse de l’Afrique, avec des conséquences géopolitiques majeures. Car un continent où les minorités religieuses disparaissent devient un continent instable, livré aux idéologies les plus radicales.

Le temps des choix

Il fut un temps où l’Occident, même critiqué pour son paternalisme, se sentait responsable du sort des chrétiens persécutés. Aujourd’hui, il a choisi de détourner les yeux. Les cloches continuent de sonner dans les villages africains, mais pour combien de temps encore ?

Le drame des chrétiens d’Afrique n’est pas seulement une tragédie religieuse. C’est un test moral pour l’Occident. Un continent qui renie ses racines au point d’ignorer ceux qui meurent pour les avoir partagées signe son propre effacement.

L’Histoire est cruelle avec les civilisations qui oublient ce qui les fonde. Le silence, face au martyre des chrétiens africains, en est une illustration glaçante.

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