
Par Julien Aubert
Un spectre hante l’Europe, le spectre du … dronisme. Cette paraphrase du manifeste du Parti communiste pourrait caractériser la nouvelle peur qui habite l’Europe, laquelle soupçonne fortement Vladimir Poutine d’être derrière les escouades de drones qui ont survolé les aéroports européens et mis une belle pagaille…
La liste est longue depuis début septembre : Pologne (9-10 septembre), Roumanie (13 septembre), France (21-22 septembre, base militaire de Mourmelon-le-Grand), Danemark – Norvège (22-23 septembre), Allemagne (fin septembre, aéroport de Munich qui est le 2eme hub aérien d’Allemagne, classé comme le meilleur aéroport d’Europe et la porte d’entrée des pays de l’Est).
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Vladimir Poutine a nié être derrière ces actions et les experts stratégiques l’analysent comme une diversion destinée à détourner les pays occidentaux de l’Ukraine. C’est un calcul assez hasardeux tant la guerre asymétrique menée avec les drones ne fait qu’accroître la psychose européenne à l’égard du Géant russe et ne peut que pousser les pays à faire bloc dans le cadre de l’OTAN.
En réalité, le survol des drones coïncide peu ou prou avec la pression mise par Trump sur Poutine qui a augmenté en août 2025 (déploiement de sous-marins nucléaires au large de la Russie) avant le sommet d’Alaska qui a été un échec.
Vladimir Poutine, plutôt que d’escalader avec Trump verbalement et militairement, a choisi une sorte de dissuasion (non nucléaire) du Faible au Fort, et a accentué sa pression malgré la volte-face de Trump du 23 septembre dernier. Dans un message, en marge de son discours à l’ONU, Trump avait déclaré que la Russie « ressemble de plus en plus à un tigre de papier », estimant que Moscou apparaissait redoutable mais se révélait en fait faible et inefficace face à la résistance ukrainienne. À partir de là, Trump a semblé abandonner la recherche d’un compromis territorial.
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Poutine démontre qu’avec peu de moyens, il peut désorganiser et déstabiliser les alliés de l’Amérique, de la même manière qu’en Ukraine, l’utilisation de drones kamikazes a ravagé des infrastructures critiques. Ces drones sont difficiles à détecter et à intercepter, les systèmes de défense aérienne étant configurés pour abattre des cibles plus importantes. De plus, le missile coûte souvent plus cher que le drone lui-même. Enfin, l’usage de la force suppose un encadrement juridique.
On l’a oublié, mais la France a déjà été victime d’une menace équivalente. Il y a 10 ans, en 2014-2015, une série de survols avait été enregistrée par la France sur 7 de ses infrastructures nucléaires et au-dessus du siège du Commissariat à l’Energie Atomique. Ces survols n’avaient cependant pas eu lieu à une période particulièrement tendue des relations entre Paris et Moscou. Néanmoins, la Russie était déjà en conflit larvé avec l’Occident à propos de l’invasion de la Crimée. La France n’en avait pourtant tiré immédiatement aucune leçon en termes de matériel de détection et de règles de tir. Elle avait cependant accru les investissements dans le drone Patroller de Safran (déployé en 2022) et acheté le MQ – 9 Reaper américain.
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Il a fallu attendre 2021 et le programme PARADE (350 millions d’euros) puis la loi de programmation militaire 2024 – 2030, avec un amendement parlementaire qui a accru de 10 millions d’euros les capacités d’interception et de détection.
Ceci n’a pas échappé à nos adversaires, les drones qui ont survolé la base militaire de Mourmelon-le-Grand (en France) ne pouvaient ignorer que cette base accueille un centre d’entraînement tactique de drones… La principale base de drones française est cependant à Chaumont.
La France a eu 10 ans de retard au démarrage mais elle a un début de réponse. Elle a pu ainsi envoyer des moyens anti-drones en 2025 au Danemark, mais pas neutraliser – comme ont pu faire les polonais – les drones qui ont survolé notre territoire.
Espérons que la « drone de guerre ne soit pas la répétition d’une « drôle de guerre », l’usage des drones devenant à la guerre moderne ce que le char d’assaut fut à la Seconde guerre mondiale.
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