ANALYSE – Nouveau super missile russe : À qui Poutine veut-il faire peur ?

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missile Bourevestnik 9M730,
Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Alain Rodier

Selon une déclaration télévisée russe, le président russe Vladimir Poutine a annoncé que ses forces armées avaient testé avec succès le 21 octobre le missile de croisière Bourevestnik 9M730 (appellation OTAN SSC-X-9 Skyfall.)

Cette arme présente une double caractéristique : elle est à propulsion nucléaire et sa tête miliaire est une charge atomique.

Moscou affirme qu’elle est capable d’échapper à n’importe quel système de défense adverse en sous entendant l’Américain puisqu’aucun autre pays, en dehors d’Israël, ne possède une telle protection.

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Il a ensuite affirmé que la Russie allait passer au stade de la fabrication en série de cette arme et à son déploiement au sein d’unités dédiées.

Son plus fidèle adjoint, le général d’armée Valery Gerasimov, chef de l’état-major général des forces armées russes, a joué les « monsieur Loyal » lors de ce show – tout en restant en bas de l’estrade. Il a informé le président (qui évidement ne le savait pas…) que le missile avait parcouru 14.000 km et était resté dans les airs pendant environ quinze heures.

Revêtu pour l’occasion d’un treillis militaire, Poutine a renchéri : « c’est une arme unique que personne d’autre au monde ne détient. »

Depuis des mois, le Kremlin affirme que cette arme est « invincible » pour les défenses antimissiles actuelles et futures, avec une portée presque illimitée et une trajectoire de vol imprévisible. 

M. Poutine avait déjà supervisé le 22 octobre un exercice des forces nucléaires stratégiques russes sur terre, en mer et dans les airs pour affirmer leur parfait état de préparation.

Il avait alors affirmé : « nos forces de dissuasion nucléaire sont au plus haut niveau », plus haut encore que toute autre puissance nucléaire.

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Pour mémoire, la Russie et les États-Unis détiennent ensemble environ 87% de l’inventaire mondial des armes nucléaires – assez pour détruire le monde à de nombreuses reprises. La Russie compte 5.459 têtes nucléaires tandis que les États-Unis en ont 5.177, selon la Fédération des scientifiques américains (FAS).

Il avait conclu : « les forces stratégiques sont capables d’assurer la sécurité nationale de la Fédération de Russie et de l’État de l’Union dans son intégralité. »

missile Bourevestnik 9M730,

L’annonce de la réussite du dernier test du Bourevestnik intervient alors que les forces russes progressent lentement (mais sûrement) en Ukraine mais au prix de combats acharnés mais coûteux. 

Les pourparlers de paix sont au point mort, malgré les efforts de médiation du président américain Donald Trump, qui avait promis de mettre fin rapidement à la guerre dès son retour à la Maison Blanche en janvier. 

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Du coup, fâché, M. Trump a imposé des sanctions aux deux plus grandes compagnies pétrolières russes se plaignant que ses discussions avec Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine « n’aboutissaient à rien. » 

Poutine, pour sa part, a déclaré qu’il ne souhaitait pas fixer de calendrier pour la fin des combats : « nous n’allons rien aligner sur des dates ou des événements… nous baserons nos actions sur la rationalité militaire. »

missile Bourevestnik 9M730,

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, Poutine agite régulièrement le hochet nucléaire. Si les forces de l’OTAN craignaient effectivement l’emploi d’armes tactiques sur le champ de bataille – qui n’obligerait alors en aucune façon à effectuer une réponse stratégique considérée comme suicidaire -, les armes stratégiques – aussi puissantes et modernes soient-elles – ne représentent pas le même problème de conscience, au moins pour les dirigeants politiques détenteurs du « bouton » déclencheur de l’Apocalypse. 

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En effet, il est évident qu’en cas d’échange de tirs et quelque-soient la qualité des défenses actives et passives, et la sophistication des armes des deux partis, il y aura de part et d’autre des « trous dans la raquette » et des villes importantes seront stratifiées.

Lors de la mise en place de la force de frappe française dans les années 1960, le terme d’« anti-cités » était employé. Il veut bien dire ce qu’il veut dire : des millions de morts et encore plus de blessés. Le but est que les dommages infligés soient considérés comme « inacceptables » par l’agresseur éventuel. 

Son discours est donc totalement inutile car tous les responsables connaissent ces évidences et personne ne va se lancer dans un suicide collectif[1]. Résultat : son intervention martiale ne leur fait pas peur plus que cela…

Elle est donc plutôt dirigée vers sa propre opinion publique pour qu’elle continue à rester apparemment indifférente aux pertes connues par ses soldats sur le front ukrainien… Propagande, quand tu nous tiens…

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[1] Malgré les déclarations tonitruantes et guerrières de certains dirigeants européens, il convient de souligner qu’en dehors des États-Unis qui détient la clef des bombes atomiques de l’OTAN (et dans une moindre mesure celle des Britanniques), seule la France a l’autonomie de décision de tir d’armes nucléaires.


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